Bongor : La construction des voiries urbaines piétine

En plus du pont sur le fleuve Logone dont les travaux sont en phase finale, Bongor bénéficie de 10 km de voiries urbaines. Mais les travaux financés sur fonds propre de l’état tchadien ont été suspendus plusieurs fois faute de financement et de quelques difficultés rencontrées par l’entreprise en charge de la réalisation des ouvrages.

La réception ou l’inauguration du pont sur le fleuve Logone reliant la ville de Bongor à celle du Cameroun, Yagoua, est attendue avec impatience. Le pont en question est en ce moment praticable. Il ne reste que de petits travaux de finition, rassurent les ingénieurs. Du côté tchadien, la voie de raccordement long de 7 km est en cours de finalisation d’ici fin mai. Cet ouvrage qui va donner un ouf de soulagement aux Bongorois fait partie de projets d’urbanisation de la ville de Bongor et vise à faciliter la circulation des personnes et de leurs biens.

En plus de ce pont, Bongor, la ville carrefour, a bénéficié d’un projet de construction de 10 km de voiries urbaines qu’il fait ajouter aux travaux de réhabilitation de la route Guelengdeng-Bongor commencés depuis 2016. Au total, on note sept rues à bitumer avec deux rues principales, notamment la rue baptisée Maréchal Idriss Déby Itno et la voie de contournement. Les deux rues mesurent 5 km de long. Elles sont financées sur fonds propre de l’état tchadien et confiées à l’entreprise “Arab contractors”. Le montant total des travaux, y compris la réhabilitation du tronçon Guelengdeng-Bongor, est de 40 311 105 243 francs CFA. C’est un projet qui a pour objet de désenclaver toutes les zones du sud du pays en général, mais plus particulièrement Bongor et permettre à sa population de circuler sans gêne en toute saison. Les Bongorois s’en réjouissent. Malheureusement, ils constatent que les travaux avancent trop lentement. “C’est trop lent le travail ! Et parfois ils disparaissent pendant des semaines et réapparaissent. On espère que cette fois ci, ils vont finir les travaux”, observe un Bongorois.

 

Difficultés qui bloquent la finalisation des travaux

Cette lenteur observée dans l’exécution des travaux a une justification sur le fait que les moyens financiers ne sont pas mis régulièrement à disposition de l’entreprise chargée de construire les routes bitumées de la ville de Bongor, renseigne une fiche d’évaluation faisant état d’avancement des travaux. Il faut savoir que ce projet a un délai d’exécution de 18 mois et devrait débuter avec la réhabilitation de la route Guelengdeng-Bongor depuis le 24 décembre 2015. Mais les travaux, à peine engagés, ont été suspendus en 2016. Ils ont repris en mai 2019 puis suspendus en 2021. En ce qui concerne les 10 km des voiries urbaines, les travaux ont repris après le 3 avril 2023, après plusieurs suspensions. A la reprise des travaux, Arab contractors, dans sa fiche d’évaluation de l’état d’avancement des travaux a relevé quelques difficultés inhérentes. “À partir de décembre 2023, l’entreprise a réduit considérablement son rythme de travail avec le réaménagement des horaires de travail, en mettant fin aux contrats de plusieurs ouvriers. Cette restructuration est justifiée par la situation financière pénible traversée par l’entreprise à cause des factures impayées”. En plus, “La pénurie de carburant a affecté le chantier entraînant l’arrêt des travaux de terrassement et de chaussée depuis mi-janvier jusqu’à ce jour”. Et puis, “L’atelier de préfabrication des caniveaux est aussi en arrêt depuis février 2024 car l’entreprise a cessé d’approvisionner le chantier du ciment en quantité suffisante. Les travaux sur le terrain se poursuivent avec la pose des caniveaux, mais timidement indiquant un impact considérable sur le planning des travaux”. Aussi, la libération de l’emprise de certaines rues pose problème. L’on note l’incivisme de certains riverains qui connectent les eaux usées sur les caniveaux posés.

Enfin, la fiche d’évaluation fournie par l’entreprise Arab contractors déplore que la tenue du délai demeure incertaine et élastique au vu du rythme de travail actuel sur le chantier qui semble être synchronisé aux impayées de l’entreprise. Ils se chiffrent à près de 2 milliards de francs CFA suivant les décomptes engagés. Alors que selon les autorités locales, les travaux sont censés être finalisés en septembre 2024.

Nadjidoumdé D. Florent