La divagation des animaux dans la ville de N’Djaména reprend du poil de la tête, malgré les multiples interdictions des autorités communales.
N’Djaména clamée “vitrine de l’Afrique” par les autorités tchadiennes ne cesse de faire face au phénomène de divagation des animaux. L’on est loin de faire une différence entre le passage des animaux et des engins. Chèvres, moutons, chiens, porcs, volailles, bœufs, chevaux, dromadaires … et humains se disputent, de jour et de nuit, le passage. Dans les coins et recoins, les grandes artères de la ville, l’on ne peut passer sans apercevoir des animaux se balader. Cette pratique est perpétrée par les vendeurs des ovins et caprins entre autres, qui transforment les chaussées des avenues et boulevards en marchés de bétail. Conséquences, en quête de pâturage, ces bêtes pénètrent les domiciles des particuliers et broutent tout ce qu’ils trouvent sur leur passage. “Je suis sorti pour aller à la boutique acheter du lait. A mon retour, et à ma grande surprise, le mouton de mon voisin est entré dans ma chambre et a brouté les feuilles de cours que j’ai déposées sur la table à lire pour préparer la session. Heureusement, j’ai l’intégralité des cours sur mon ordinateur. Comme c’est une question de voisinage, j’ai fait semblant de renvoyer le mouton de la chambre comme si de rien n’était pour éviter tout problème avec mon voisin”, témoigne Mbaïndiguissem Jéchonias, étudiant à l’université de N’Djaména habitant le quartier Atrone. Ces animaux domestiques détruisent ou mangent toutes marchandises étalées ou exposées aux abords des rues et ruelles tels que les cacahuètes, le mil, les gâteaux, la salade, la viande grillée. En plus de ces dégâts, ces animaux domestiques sont de grands facteurs de risque d’accidents de la circulation à N’Djaména. Pire, ils côtoient certains restaurants et cafétérias pour disputer de force les plats avec les clients. “J’ai failli être mordu par un chien à la cafétéria d’à côté, juste parce qu’un chien mal dressé a voulu prendre un os que j’ai déposé sur la table à manger et je l’en ai empêché”, confie un client tout nerveux.
La divagation des animaux dans la ville met à rude épreuve le caractère urbain et surtout le statut de la ville de N’Djaména. Dans la “vitrine de l’Afrique”, les animaux errent en toute liberté en ville. Ils ne sont pas parqués hors du périmètre urbain (pour le cas du marché à bétail). Ce drôle de constat se vit tout naturellement derrière le Lycée d’enseignement technique et commercial de N’Djaména, transformée en un campement de bétail depuis des années. Le troupeau continue tous les jours que Dieu fait, à faire des va-et-vient sous le regard des autorités communales.
Pourtant, les autorités municipales ne cessent de prendre des mesures interdisant la divagation des animaux dans la ville. Dans une récente note n°26/MDC/SCP/2021 du 25 août 2021, le maire de la ville de N’Djaména, Ali Haroun, interdit une fois de plus toute divagation des animaux dans la ville de N’Djaména. La note indique les mesures à prendre pour les animaux de compagnie tels que le chien et le chat. “En cas de non-respect des termes du présent communiqué, la mairie sera dans l’obligation de prendre des mesures qui s’imposent”, avertit le premier magistrat de la ville. Peu avant en 2019, le maire de N’Djaména de l’époque, Saleh Abdel-haziz Damane, à travers plusieurs points de presse et notes circulaires avait aussi interdit la divagation des animaux dans sa ville. Mais sur le terrain, aucun respect n’est porté à ces différentes interdictions. Pour le moins, les décisions des différents maires qui se sont succédé à la tête de la mairie principale de N’Djaména, souffrent de leur non application.
Les exceptions sans mesures d’accompagnement
Tous les jours, de 18 h à 19 h, un nombre important de bovins, d’ovins et caprins sont conduits dans différents aires d’abattage de N’Djaména. Ces animaux bloquent la circulation pendant des minutes, voire des heures, occasionnant des embouteillages et accidents de circulation. Mais force est de constater que sur la dernière note du maire Ali Haroun, aucune mention n’est faite sur le cas des fournisseurs des aires d’abattage et cela rend perplexe quant à l’exécution de cette note. Les bouviers, menant les animaux vers l’aire d’abattage de Gassi dans le 7ème arrondissement, confient qu’au départ, pour éviter les embouteillages, ils préfèrent conduire les animaux de 4 h à 5 h du matin. Mais avec le temps, compte tenu des agressions et des vols dont ils sont victimes, ils sont obligés de conduire les animaux dans la soirée pour en être épargnés.
C’est dire que mettre un terme à la divagation des animaux dans la ville de N’Djaména n’est pas pour demain.
Ngarsounda Dounbé Narcisse, stagiaire