La ministre de la culture et de la promotion de la diversité, a effectué le jeudi 24 juin une visite dans les locaux du Conservatoire supérieur des arts Maréchal Idriss Déby Itno, situé au quartier Farcha dans le 1er arrondissement de la ville de N’Djaména.
“Le Tchad est en train de dépérir culturellement et il y a lieu d’engager des œuvres de sauvetage. Ce serait important et la meilleure façon de le faire, c’est d’abord par la formation, parce que si nous ne le faisons pas, il n’y aura plus de relève. S’il y a rupture entre deux générations, c’est que nous perdons notre identité. D’où l’importance de créer un centre de formation, dans le domaine des arts et de patrimoine culturel”, situe le responsable du projet, Abdel Rahamane Bang Bousso, à l’entame des échanges. Pour lui, la seule ville de N’Djaména compte 105 groupes folkloriques et les détenteurs de ces arts (danses et chants traditionnels), décèdent un à un, sans faire un travail de transmission à la jeune génération pour assurer la relève.
Joignant sa voix à celle de son collègue, le président du Regroupement des danseurs et musiciens professionnels du Tchad (Rdmpt), Adoum Ahmat Abdeldjabar alias Dambadjoya, salue la présence de la ministre pour cette visite et saisit l’occasion pour présenter les diverses corporations (danseurs, comédiens, musiciens, cinéastes, folkloriques, etc.), qui constituent le groupement. Il rappelle à la ministre l’origine de ce don, fait par le défunt président avec les promesses tenues. “Le défunt président nous a toujours soutenus, et nous a octroyé ce terrain depuis 12 ans. Nous avons élaboré un budget pour la réalisation de l’Académie des arts qui s’élève à 9 milliards de francs. Nous avons reçu une promesse du défunt président d’un montant de 2,600 milliards, avec une avance d’un milliard dans le budget de l’Etat de l’année en cours, pour commencer les travaux du chantier”, informe-t-il. En attendant la réalisation de la promesse, le regroupement a investi sur fonds propre, la construction d’une salle comportant deux bureaux et une autre pour stocker les instruments, tout en cherchant à élever un grand hangar pour servir de salle de répétitions.
En attente d’une promesse
Pour la ministre Achta Sy, l’Académie des arts est un projet ambitieux et le premier du genre au Tchad. “Nous sommes venus pour apprécier et évaluer l’espace, et surtout évaluer l’effort personnel fourni à travers ce bâtiment de deux pièces qui a été construit sur fonds propre du regroupement et rappeler aussi que ça fait déjà plus de 5 ans, qu’il y a eu ce projet de construction. Malheureusement, le décaissement prévu par le défunt président Idriss Déby Itno a coïncidé avec l’instauration des 16 mesures, et nous étions sous contrainte budgétaire. Cela n’a pas permis au ministère des Finances et du budget, d’allouer ces ressources promises au regroupement pour commencer la construction”, justifie la ministre. Si le projet semble être à hauteur des 9 milliards de francs, au regard de la maquette, c’est un projet de plus de 20 milliards, puisqu’une académie digne de ce nom ne va pas être construite comme un bâtiment ordinaire. Achta Sy souligne que le contexte de la transition se prêtera effectivement à ce que ce projet puisse obtenir l’attention des plus hautes autorités de l’Etat. “Nous avons obtenu un ministère de la culture et de la promotion de la diversité. Ce ministère est au cœur de l’action gouvernementale, qui vise la promotion du vivre ensemble, de l’unité en considérant la richesse de notre diversité culturelle. Le projet retient vraiment l’attention de notre département et son importance retiendra certainement l’attention des plus hautes autorités, pour pouvoir accorder la chance à nos artistes d’être formés, d’avoir accès aux matériels adaptés pour les disciplines, et par la même occasion, de s’épanouir et surtout d’être considérés par la société, la communauté tchadienne, comme des acteurs, des citoyens qui contribuent au développement socio-économique du Tchad. Nous devrons apprendre à respecter et à promouvoir la culture. Et nous espérons à travers ce projet, soutenir des efforts de conservation de notre culture, parce que nous avons des chansons et des danses, qui sont en déperdition, parce qu’il n’y a plus de transmission des savoirs. C’est pourquoi, nous espérons que ce projet va permettre la récupération, la conservation et la transmission de nos savoir-être et de nos savoir-faire, qui sont véhiculés à travers la musique, le théâtre, les danses parce que les artistes sont nos ambassadeurs et nos éducateurs, et nous devons en prendre soin”, conclut-elle.
Située à côté du lycée Mahamat Ibrahim Itno au quartier Farcha Ethiopie dans le 1er arrondissement de N’Djaména, l’Académie des arts occupe un espace de trois hectares et demi. Il est alloué au regroupement des danseurs et musiciens professionnels du Tchad, pour la construction d’un conservatoire supérieur des arts. Les membres du regroupement attendent toujours cette promesse pour démarrer les activités.
Modeh Boy Tresor