Il s’est signalé par un concert le vendredi 25 juin 2021, dans le jardin de l’Institut français du Tchad (Ift). C’est un Jaguer qui a mangé du lion, qui est monté sur scène, en restant fidèle à ses fans, qui, eux aussi lui sont restés fidèles.
A l’entame de sa prestation, six instrumentistes (deux guitaristes, deux claviéristes et deux batteurs), une composition atypique sous ce ciel, prennent possession de la scène. Les notes des claviers, sur des pompes, introduisent le concert. Ndem le bassiste, complice de toujours d’Achille Baldal et Eliasar à la guitare solo suivent et sont rejoints par Dicko qu’on ne présente plus qui s’est retrouvé à la batterie, appuyé par des tringles et son coéquipier. Jaguer apparaît sur scène micro en main. Tout de noir vêtu, un serre tête aux couleurs vert, jaune et rouge des rastas retient ses dreadlocks qui ont poussé un tantinet. Sur son Tee-shirt noir est affichée la figure de son idole Bob Marley avec des écriteaux “One Love” complété par un pantalon noir.
Dans un enchainement remarquable ponctué des tempos de transition, il rend d’abord hommage à son héros Bob Marley, en reprenant deux de ses titres (Three little birds et Pimpers paradise). Puis revisite son propre répertoire en enchainant avec les titres Lo ndoul et N’Djaména. Le public se retrouve, exulte et l’accompagne. Suivront deux titres de son prochain album (Beyam et Sweat) et revient aux anciens titres Aventurier et Fonctionnaire. Pour sa sortie de fin de concert, il reprend Jérusalem, chanson culte du célèbre ivoirien Alpha Blondy.
Après trois années d’absence sur scène au Tchad, il se savait attendu. Un test réussi selon l’animateur Ricardo et le musicien député Béral Mbaïkoubou. Surtout qu’entre sa scène et l’avant assuré remarquablement par son cadet, le jeune reggae man Placid Ayreh, Ricardo avait fait monter la pression, en annonçant que “c’est un match entre un coro (aîné) venu de Colorado en avion et un cadet venu de Farcha en clando. Bref un match Tchad vs Usa”. Le public s’est laissé prendre au jeu. Mais Placid Ayreh n’a pas démérité et a plutôt très bien assuré sa partition, avec une présence scénique remarquable. Entouré de ses cinq instrumentistes (trois guitaristes, un claviériste et un batteur) et un chœur, assuré par Genzy, l’une des étoiles montantes de la musique tchadienne féminine. Ils ont tenu le temps de proposer huit titres, dans un style purement reggae. Avec un Placid Ayreh au timbre vocal proche du célèbre musicien ivoirien Alpha Blondy, sur des textes engagés et à la façon d’une autre célébrité Tiken Jah Fakolly. A l’exemple des propos du genre “laisser les jeunes s’exprimer”, “qui tire sur sa jeunesse, tire sur l’avenir” ou encore “un peuple dont les dirigeants oppressent est un peuple sans devenir”, etc. Deux références musicales africaines et mondiales, dont il n’a pas en s’en rougir.
Peut importe le score de trois à un annoncé par Ricardo à la fin du spectacle, en faveur de Jaguer. L’essentiel est que le match soit beau et c’est ce qui a eu lieu. Le reggae tchadien existe et s’est illustré de la plus belle manière.
Roy Moussa
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