Un sac de riz, un sac de haricot, quelques kilogrammes de sucre, un bidon d’huile, des kilos de viandes, constituent les kits alimentaire que le gouvernement distribuent aux vulnérables dans le cadre de l’assistance sociale en ce temps de Covid.
Dans la matinée du 10 janvier, les habitants du 6ème arrondissement de N’Djaména prennent d’assaut le centre social numéro 3 situé sur l’avenue Charles de Gaulle, pour bénéficier des vivres. La commission de viande départage la viande de bœuf en tas de 4 kilos dans les sacs. L’entrée du centre social est bourrée de policiers et d’autres personnes. Dans les coulisses, les tractations sont diverses. Les gens se disputent les tickets d’enregistrements. Des personnalités interviennent pour intimider les agents en charge de distribuer les tickets, … en vain. Les coups de téléphone fusent de partout dans la cour du centre social. L’attente dure. La désolation se lit sur les visages. Il a fallu attendre 13 h 30 pour que les deux premiers gros porteurs garent à la seconde entrée du centre social. Ils transportent des sacs de riz, de haricot, des bidons d’huile de 10 litres. Chaque personne inscrite peut passer récupérer un kit (composé d’un sac de riz, de haricot, d’un bidon d’huile, d’un sac de viande de 4 kilos et d’un sac de sucre à partager entre un groupe de 5 personnes).
Samedi, 9 janvier, la veille audit centre social, le gardien se heurte à une opposition farouche des femmes venues pour s’inscrire. Ces dernières cherchent à traverser la barrière malgré qu’il n’y a plus d’enregistrement possible. A l’intérieur, les membres de la commission chargés d’enregistrement ont du mal à se faire comprendre. La liste est déjà arrêtée parce que le nombre est atteint, selon les explications d’un responsable chargé de la distribution. “Nous pouvons bien ouvrir une liste mais elle ne vous mettra que dans l’espoir pour rien parce que le nombre est limité et vous ne serez pas pris en compte”, tente-t-il d’expliquer. Pour ce dernier, lors de la réunion de la commission, le gouvernement a promis mettre à la disposition de chaque centre social 500 kits et 10 bœufs à abattre pour la distribution, donc inutile de créer de polémique. “Nous ne savons pas si nous allons recevoir la totalité des kits alimentaires dès demain ou bien par séquence. Nous ne pouvons pas enregistrer plus de 500 personnes, parce qu’ils viendront polémiquer s’ils ne trouvent pas de kit”, justifie le chargé d’enregistrement. Toutefois, il demande à ceux qui ne sont pas inscrits de patienter en attendant une décision qui émanera de la réunion des responsables.
La grande question qui se pose est le critère de vulnérabilité qui doit permettre à bénéficier de cette assistance. Pour le responsable, les vulnérables sont ceux qui vivent le jour au jour à l’aide des activités qui sont suspendues pour limiter la propagation du virus. C’est pourquoi le centre social qui œuvre dans ce domaine peut repérer qui est vraiment dans le besoin d’une assistance. “Nous avons déjà une liste de plus deux cents personnes enregistrées bien avant cette annonce, qui sont vraiment vulnérables, en plus de cela, nous enregistrons les personnes avec l’aide des agents du centre et des corporations qui œuvrent dans ce domaine”, explique-t-il.
Ainsi, dans chaque comité réuni autour du responsable du centre social, se trouve un imam, un pasteur, un membre de la Fondation grand cœur, un membre de la Croix rouge de l’arrondissement et un membre de l’Ades. “Un vulnérable doit forcément être reconnu par une personne membre dudit comité, si ce n’est pas le cas, cette personne n’est pas du quartier ou n’est pas vraiment vulnérable”, se défend l’agent recenseur. Toutefois, il informe que certaine personne sont dans des associations qui reçoivent les kits directement du ministère.
Dans le centre social numéro 1 situé en face de l’hôpital Sultan Kasser, les agents d’enregistrement adoptent une autre méthode. Un responsable du centre ordonne à ses membres de faire le porte-à-porte pour identifier les personnes qui sont dans le besoin. Pour lui, il y a des quartiers comme Bololo qui regorge plus de vulnérable que Djambal Barh. “Nous avons l’habitude de travailler avec des vulnérables, nous avons une idée de ce qu’ils vont endurer pendant ce moment, c’est pourquoi nous les suivons dans leurs ménages”, dit-il.
L’initiative de venir en aide aux vulnérables a germé au cours d’une réunion entre le ministre de la Santé publique et de la solidarité nationale, les membres de la sous-commission assistance et le directeur de l’Office nationale de la sécurité alimentaire (Onasa), dans la journée du 6 janvier. C’est au cours de cette rencontre que l’annonce de l’enregistrement des démunies dans les centres sociaux est faite. 24 heures après cette concertation, le ministre Abdoulaye Sabre a donné le ton de cette campagne de distribution en remettant 250 kits à la Confédération nationale des personnes handicapés, à l’Association nationale des déficients visuels et l’Association nationale de lutte contre les stupéfiants pour l’encadrement et l’intégration des enfants de la rue lors d’une cérémonie au sein d’une école officielle de la rue des 40 mètres.
Nadjindo Alex