Depuis bientôt un mois, une guerre de leadership sévit au Haut conseil national de coordination pour l’accès au fonds de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (Hcnc).
C’est l’impasse au Hcnc. Dans un communiqué de presse publié le 17 juillet dernier, le président de l’institution, Dihoulné Laurent, dénonce “le montage grossier dans l’espoir de saboter les membres du Hcnc”. Pour lui, ce comportement risque d’avoir de lourdes conséquences financières. En effet, trois membres du Hcnc, à savoir Souam Nguelé Silé Madion, Moussa Gérard et Narmadji Céline ont convoqué une Assemblée générale extraordinaire le 9 juillet, qui a finalement eu lieu le 11 juillet 2020 au Cefod, assortie d’une liste de présence de 32 membres sur 56. Une assemblée à laquelle le bureau a refusé de prendre part et a vainement tenté d’empêcher sa tenue en envoyant un courrier au directeur du Cefod. Par contre, il demande une rencontre physique avec les dissidents le 10, mais personnes ne se présente. Toutefois, à l’issue de l’Ag, les participants en complicité avec un huissier anonyme ont placé les forces de l’ordre et scellé le siège du Hcnc nuitamment, empêchant l’accès aux cadres. Le secrétaire permanent et le bureau exécutif sont suspendus et les comptes du Hcnc sont saisis. Une décision que le secrétaire permanent trouve illégale. “Selon le règlement intérieur du Hcnc, l’Assemblée générale ne peut être convoquée que par le bureau exécutif ou à la demande de 2/3 de la majorité. Les décisions ne peuvent être prises qu’à la majorité des 2/3 des membres présents à l’Ag. Or, sur la liste de présence, un nom revient deux fois, 6 personnes ont confirmé leur participation à distance. Le comble de cette manœuvre, on note 16 suppléants qui n’ont pas le droit de vote selon les dispositions 19 du règlement intérieur. Le titulaire et son suppléant ne peuvent pas signer à la fois le document”, explique le secrétaire permanent Kodjirangué Ngartonan.
Selon Dihoulné Laurent, cette fermeture pourrait coûter au Tchad : deux demandes de subventions importantes dont les requêtes étaient attendues par le Fonds mondial le 13 juillet. La 1ère d’un montant d’à peu près 10 millions d’euros pour la lutte contre la Covid-19 et la 2ème d’un montant de 61 millions d’euros pour la lutte contre le paludisme. Face à l’urgence qui prévalait, le bureau exécutif du Hcnc a voulu tenir un point de presse pour informer l’opinion publique sur ces remous qui bloqueraient le financement. Mais ministre de la Santé publique sortant, selon le bureau du Hcnc, “a utilisé des basses manœuvres pour censurer la teneur du point de presse d’éclaircissement, laissant supposer qu’il tirerait les ficelles de ce complot contre la mobilisation des fonds au profit de l’Etat pour améliorer la santé des citoyens”. D’après Dihoulné Laurent, joint au téléphone, ces individus tiennent à l’organisation de l’Ag extraordinaire pour avoir des jetons de présence. Il faut noter qu’à chaque Ag, les membres titulaires perçoivent 200.000 francs CFA et les suppléants 100.000 francs. Mais à défaut de pouvoir se réunir à cause de la Covid-19, le bureau exécutif consulte ses membres à travers une concertation en télétravail, explique Dihoulné.
Le chemin du non retour
“Selon le règlement intérieur du Hcnc, nous devons tenir une Ag chaque trois mois. Mais le bureau exécutif n’a organisé aucune Ag depuis le début de l’année 2020. Afin de respecter la distanciation sociale, nous avons cotisé pour louer la grande salle multimédia du Cefod. Le bureau a refusé de prendre part à l’Ag qui avait pour ordre du jour, le bilan financier et des activités et la rédaction du nouveau modèle de financement”, défend Souam Nguelé Silé Madion. Pour elle, le bureau exécutif est défaillant et cela sera constaté par un audit interne en cours. C’est pourquoi, “l’Assemblée générale, qui est l’organe suprême du Hcnc, a décidé de suspendre le secrétaire permanent, le bureau exécutif et de saisir le compte. Nous avons déjà pris les choses en main pour aller de l’avant. Nous ne regrettons rien”, affirme-t-elle. Elle dément les affirmations du président selon lesquelles le bureau exécutif a organisé de tététravail avec les autres membres du Hcnc. En plus, elle accuse le bureau exécutif d’avoir déposé un budget à la présidence et perçu une partie sans l’aval l’Assemblée générale. Au secrétaire permanent, elle répond que les suppléants font partie des membres du Hcnc.
Les camps s’accusent mutuellement des trafics d’influence. Le bureau exécutif accuse le conseiller du ministre de la Santé publique, Mahamat Annour Wadak, par ailleurs membres du Hcnc, de soutenir les “révoltants”. Ces derniers accusent Dihoulné Laurent d’être réticent parce qu’il a de l’accointance avec le ministre secrétaire général à la présidence de la République, Kalzeubé Payimi Deubet.
Les deux camps adverses disent être préoccupés par santé des malades du Sida, de la tuberculose et du paludisme mais personne ne veut reconnaître son tort dans l’intérêt de ces mêmes malades.
Lanka Daba Armel