Les travaux de construction du pont sur le Logone avec ses voies de raccordement entre Yagoua, ville voisine camerounaise et Bongor (chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Est) sont à 99% de leur finition. C’est la première voix autorisée de la province qui l’a affirmé dans ses bureaux.
D’ici fin mai très probablement, l’inauguration de ce chef-d’œuvre architectural tant attendue aura lieu, au grand bonheur des Bongorois, des commerçants et hommes d’affaires qui piaffent d’impatience à claquer leurs semelles et lancer les roues de leurs engins à moteur sur le bitume du pont flambant neuf. Certainement, ce sera le nouveau président tchadien issu des urnes du 6 mai 2024 et le représentant de Popol qui auront l’honneur de couper le ruban inaugural.
Logiquement, le pont devrait être inauguré en janvier 2023. Mais il a connu un retard, compte tenu des aléas inhérents à l’exécution des travaux des grands chantiers du genre, explique-t-on. Qu’à cela ne tienne, enfin, ce pont long 620 mètres avec une chaussée bidirectionnelle de 7 m de largeur et deux trottoirs de 1,5 m s’ouvrira au public. Avec la construction de la voie de raccordement des deux côtés du pont : côté Bongor : 7,5 k et côté Yagoua : 6,68 km.
Le projet qui devient réalité, a pour objectif global d’améliorer le système de transport dans la région du bassin du Lac Tchad et contribuer au développement et à la compétitivité économique de la zone transfrontalière du Tchad et du Cameroun. Nul n’ignore qu’en effet, avant la construction du pont, les populations des deux rives du Logone prenaient de grands risques à traverser le fleuve en pirogue pour des échanges commerciaux et humains. En période de crue, des cas de noyade ne cessaient de se compter occasionnant mort d’hommes et de pertes matérielles énormes. Le pont tombe à point nommé pour “améliorer la chaîne logistique de transport par la création d’une nouvelle route de transit entre les deux pays”, indique la fiche analytique des travaux.
Certes, les bénéficiaires directs du projet sont les populations riveraines, mais bien plus d’autres en jouiront également. “Bongor et Yagoua partagent des relations culturelles et économiques ancestrales. Les deux peuples, si ce n’est pas cette frontière héritée des colonisateurs qui les sépare, sont pratiquement un seul peuple. Ils partagent les mêmes langues, les mêmes us et coutumes. Le pont vient une fois de plus d’établir un rapprochement entre les habitants de Bongor et ceux de Yagoua”, observe un enseignant de la capitale de la province du Mayo-Kebbi Est. Un autre plus prudent avance : “les milliards de francs injectés dans la construction de ce pont visent à améliorer les conditions de vie des riverains et à développer Bongor et par ricochet le Tchad entier, par la création d’autres commerces, industries, emplois, etc. Il y a lieu de mettre un accent particulier sur la libre circulation des personnes et des biens sur ce pont, sans quoi, comme d’habitude au Tchad, c’est un groupuscule appartenant à un clan qui y prendra position, s’accaparera de tout pour en jouir au détriment des autres tchadiens et de nos voisins qui passeront par-là, même avec leurs pièces légales”. Je le répète, poursuit-il, si on ne prend pas garde, ce sont ces douaniers bogogo qui continuent à créer la misère et endeuiller leurs compatriotes qui seront les propriétaires des lieux.
Dans le projet, une attention particulière est portée aux activités génératrices de revenus, à la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, la construction des marchés locaux, des centres de santé, des salles de classe et l’aménagement d’aires de production agricole, à la construction des infrastructures socio-économiques destinées à la gestion du pont que sont le poste frontalier, des bâtiments annexes, des dispositifs de signalisation, l’aménagement des stations de pesage, etc. Jusqu’à quelques jours de l’inauguration du pont, à en croire les autorités provinciales, la construction des infrastructures indiquées et l’aménagement des aires de production agricole peinent encore à être visibles.
Le projet n’omet pas les piroguiers qui perdront leurs activités principales : la traversée, qui leur donne du pain quotidien, suite à la construction du pont. Des actions de bonification sont prévues. Il s’agira entre autres de l’appui à l’insertion des piroguiers ; la réhabilitation des écoles et de centre de santé ; la réhabilitation de 2 centres de santé ; la construction de 3 quais (rampes) d’embarquement des animaux ; la réalisation de forages d’eau potable ; l’aménagement hydro agricole et la fourniture du matériel agricole et d’équipements de pompage aux groupements et aux associations d’initiative locale, etc.
Sur le chantier, les techniciens et travaillent d’arrache-pied pour tenir le délai d’ici mai ou au plus tard juin 2024. Mais vu d’un œil de néophyte, certains observateurs pensent que la largeur des voies de raccordement est étroite. Deux gros porteurs qui se croiseront par-là auront de la peine à se faire passage. “C’est un très grand projet. Les Tchadiens auraient dû saisir cette occasion pour faire de ce pont le plus grands de leur pays (avec de larges dimensions des voies de raccordement) compte tenu de sa position géographique avec le Cameroun et le Nigeria, un grand pays côtier”, critique un Bongorois.
Djéndoroum Mbaïninga