Tel est le titre du 2ème ouvrage (Nouvelle) en 70 pages de Mme Solkem Allarassem Joséphine, paru aux éditions Toumaï en mars 2021. La dédicace de l’ouvrage situe le lecteur par rapport à la démarche de l’auteure, dans sa contribution à la quête d’une justice sociale.
Les images de la Une situent également le lecteur, sur le sens du rêve voulu par l’auteure. Après avoir obtenu son baccalauréat à 18 ans, Espoir Lapia Matossi a galéré à travers de petits boulots, pour réunir les moyens nécessaires à son inscription à l’Université du Tchad, à la Faculté des lettres et sciences humaines, au département de sociologie. A 23 ans, il traîne encore en première année, à cause de nombreuses grèves, reconnaît-il : grève récurrente des enseignants-chercheurs permanents, qui revendiquent le paiement intégral des arriérés de leurs salaires, de leurs primes de recherche ou encore le rétablissement sans condition de leurs salaires injustement “sabrés”; grèves répétitives des étudiants qui réclament, tambour battant, les arriérés ou le rétablissement de leurs bourses injustement supprimés, sans mesures d’accompagnement ou les meilleures conditions d’études. Lesquelles conditions se résument au transport, à la restauration et à la documentation. Des situations qui font que les années académiques sont devenues élastiques et pénibles.
Lapia Matossi décide de regagner le village en attendant la reprise académique, car N’Djaména la capitale est une ville impitoyable, lorsqu’on est sans ressources. Ses idées le devancent dans un descriptif remarquable de son village, avec ses activités quotidiennes. Surtout l’image vivace de son frère aîné, grand cultivateur, qui est la fierté de la famille et du village entier.
En descendant du taxi brousse au village, il voit un attroupement sous le grand figuier et constate son aspect lugubre “(…) Je m’approche à petit pas vers l’assemblée en pleurs, m’arrête à quelques mètres d’elle et m’adosse à un manguier. Et là, je suis scandalisé par le tableau macabre qui se dresse devant moi, au milieu de la scène : quatre corps sans vie, enroulés dans des nattes en raphia tissé, sont disposés les uns à côté des autres, à même le sol. L’odeur nauséabonde qui embaume l’atmosphère prouve que ces corps sont dans un état de putréfaction avancée et attendent leur sépulture (…)”. Noussaing, son ami d’enfance, lui apprend que les trois corps sont ceux de leurs amis d’âge : Tikéta, Lelta et Wararé. Le 4ème corps est celui d’Anaaba, son grand frère en question. “(…) Nos amis et ton frère sont tombés hier matin dans leurs champs de mil. C’était une bataille rangée entre les éleveurs et nous”, lui dit-il. La suite du récit peut prendre le lecteur à contre pied.
Originaire du Mandoul au sud du Tchad, Mme Solkem Allarassem Joséphine est diplômée de l’Ecole normale supérieure de N’Djaména. Professeure de français aujourd’hui à la retraite, elle a enseigné pendant plusieurs années dans différents collèges de la capitale et y a occupé plusieurs postes de responsabilité. Sa passion pour l’écriture remonte à sa jeunesse. Solkem continue de consacrer son temps libre à l’écriture. Son premier ouvrage titré “Amour coupable” est paru en 2005, aux éditions du Centre d’études et de formation pour le développement (Cefod), dans la collection “Réalités tchadiennes”. Elle revient sur la scène littéraire avec ce 2ème ouvrage : “Ce n’est qu’un rêve”, qui traite des faits divers et les travers de la société tchadienne. Son 2ème roman : “Le prix de la trahison” est annoncé pour le dernier trimestre 2021. RM