Déby esquive la justice

Au seuil de l’année nouvelle, le chef de l’Etat n’a pas fait une entorse à la tradition. Il s’est adressé à la nation à travers son message de vœux où généralement, il n’est pas avare en promesses. Ainsi, de nombreux tchadiens étaient suspendus au discours du président Déby à la nation espérant ouïr de bonnes nouvelles, après l’année terrible qu’ils ont vécue. Grande a été leur déception. A part l’annonce de la création d’un conseil présidentiel pour l’amélioration du climat des affaires qui est une bonne chose pour l’économie tchadienne, le reste n’est que la reproduction de ce que les Tchadiens ont entendu depuis 30 ans. La cohésion sociale et le civisme, le développement économique où il évoque une “prometteuse perspective économique” et un taux de croissance de 5,1%, les partenaires sociaux, l’insécurité, les élections présidentielles qui lui tiennent tant à cœur. Voilà tout. Des sujets tels que la justice, l’éducation, l’environnement ont été royalement ignorés par le président Déby. Or, pour le chef de l’Etat qui n’a cessé de parler de la cohésion sociale dans presque tous ses discours, l’on aimerait l’entendre parler de la justice sans laquelle il ne peut y avoir une véritable cohésion sociale et une paix durable au Tchad. Malheureusement, il a préféré esquiver ce sujet qui fâche depuis belle lurette et a préféré gaver ses compatriotes de chimères comme à son habitude. Sur la quinzaine de minutes de son discours, le chef de l’Etat n’a aucunement fait mention de la justice. Si aujourd’hui, les Tchadiens s’étripent dans la zone méridionale, au centre et à l’est (Ndlr : un conflit intercommunautaire a fait près de 20 morts les 1er  et 2 janvier au Salamat), c’est la faute d’une absence de justice forte. Mais tout porte à croire qu’elle n’est pas une priorité absolue pour les plus hautes autorités.                             GB