Des enseignants formés pour chômer

Treize ans après leur formation, les lauréats des écoles professionnelles de l’éducation continuent de chômer en dépit de nombreuses vaines manifestations. Une fois encore, les voilà qui débrayent par une grève de la faim de trois jours à la Bourse de travail.

“Treize ans de chômage, c’est trop! Nous voulons notre intégration à la Fonction publique! Non au clientélisme! Non au népotisme!” Telles sont les inscriptions lues sur les pancartes et les banderoles que brandissent les lauréats des écoles professionnelles de l’éducation en instance d’intégration depuis plus de dix ans. Certains, assis sous les arbres visages crispés, et d’autres debout, se concertent. De 18 000 lauréats de différentes écoles professionnelles (avec plusieurs promotions), seulement une cinquantaine observe la grève de la faim ce 29 juin à la Bourse de travail, en signe de protestation pour revendiquer leur intégration à la Fonction publique. Ils sont issus de l’Institut supérieur des sciences de l’éducation (Issed) et de l’école normale des instituteurs (Eni), etc.

“Nous allons de promesses en promesses. Parmi nous, il y a ceux qui attendent l’intégration depuis treize ans. On ne sait pas pourquoi on refuse de nous intégrer”, interroge Ndilbaye Isidore l’un des conseillers des lauréats. D’après ce dernier, les lauréats ont adressé plusieurs correspondances au cabinet du ministre de l’Education nationale et de la promotion civique, qui les a finalement reçus en janvier dernier. “Le ministre nous a reçus une fois dans son cabinet en janvier, mais il ne nous a pas dit quelque chose de rassurant. Il a dit que le besoin en enseignants a été déjà établi du primaire jusqu’au secondaire. Il ne reste qu’à entrer en contact avec le ministre de la Fonction publique pour mettre à notre disposition des arrêtés dans les jours à venir. Mais depuis janvier, nous n’avons rien vu”.

Ainsi, après une vaine attente d’un éventuel rappel du ministre de l’Education nationale, les demandeurs d’emploi décident de se rendre au ministère de la Fonction publique. “C’est le directeur chargé du dialogue social qui nous a reçus et nous a fait comprendre qu’il va présenter au ministre nos préoccupations. Il a promis nous rappeler prochainement pour nous donner la suite. Mais jamais il ne l’a fait. Un mois après, nous sommes repartis déposer une autre correspondance au même cabinet. C’est ainsi que le ministre a instruit son staff technique de nous recevoir. Le staff nous a fait comprendre que nous faisons partie des 20 000 jeunes qui seront intégrés. Et à ce titre, nous devons patienter le temps de finir avec la vague de l’intégration des agents de la santé. Ces derniers sont déjà intégrés et personne ne parle de notre cas. Nous sommes fatigués d’attendre”, explique l’un des manifestants.

En bloc, ces jeunes ne supportent plus le clientélisme et le népotisme qui s’opère dans les intégrations. Pour eux, si aujourd’hui le chef de l’Etat a levé la suspension de l’intégration à la Fonction publique, que cela se passe dans la transparence et le mérite. Naga Thierry, coordonnateur des lauréats en instance d’intégration, renchérit que les négociations sont en cours. “Nous allons suspendre les trois jours de grève de la faim qu’on a lancés, parce que le ministre nous a reçus le 29 juin pour échanger sur la situation. Il nous a promis de sortir une liste dans les jours à venir. Si le délai s’expire, on va appeler la base pour reprendre nos actions prévues”, prévient-il.

       Mendjiel Virginie, stagiaire