Quelques jours après l’apparition de cas de Covid-19 dans le Mayo Kebbi-Est, précisément à Bongor, le chef de canton de Bongor rural Soulouna Tordina, gardien des us et coutumes a réuni tous les chefs spirituels des différents villages massa pour chercher des voies et moyens pour conjurer le mal. Ainsi, des séances de consultation des oracles ont été organisées et ont abouti au sacrifice de moutons et quelques objets selon la coutume.
Le rite a commencé le mardi 19 mai 2020 dans un village au sud de la ville de Bongor regroupant plusieurs personnes avec à leur tête les chefs spirituels avançant au rythme d’une chanson implorant les dieux de protéger la ville contre le mal. Au fur et à mesure qu’ils avancent, ils drainent au passage d’autres personnes. La foule a traversé toute la ville de Bongor jusqu’au nord à la frontière avec le Cameroun où elle a traversé le fleuve Logone et immolé des moutons et objets rituels (œufs, graines de pénicilaire, de fonio et autres).
Selon un sage de la localité, Malllah Antoine Djona, dans la société massa, les épidémies, les catastrophes du genre varicelle, rougeole, pestes animales, etc. sont provoquées par la colère des dieux. Et les chefs spirituels sont chargés d’organiser des rites pour protéger la population.
Deux jours après ce sacrifice, une pluie est tombée dans la ville et selon certaines indiscrétions, c’est pour laver le mal et que la propagation de la pandémie de coronavirus sera limitée dans la ville.
Cette croyance à évolué et surtout avec l’arrivée des religions monothéistes tels que l’Islam et le Christianisme, les pratiques traditionnelles ont baissé, négligé ou abandonné.
Yves Kepmi (correspondant à Bongor)