Le concert de l’artiste Doungous De Gospa du 1er juillet dernier au restaurant bar le Pili Pili a tenu promesse. Le public connaisseur s’est déplacé, ainsi que les partenaires et artistes invités qui l’ont véritablement honoré, à travers une atmosphère festive et de convivialité.
Aimé Ayata Palyo du célèbre et mythique groupe Tibesti a ouvert le bal des prestations avec un répertoire reggae de bonne facture. Une prestation solo remarquable qui a confortablement installé le public, avec que Béral Mbaïkoubou, qu’on appelle le provocateur d’art ne le déride. Fidèle à sa guitare et ses textes qui grincent et titillent les ouïes selon la sensibilité, il a fait l’unanimité autour de ses chansons que le public redemande toujours. Puis est venu le tour du parrain de l’évènement, le directeur général de la jeunesse Kaldé Lwanga qui a rassuré le public sur le choix de l’artiste, à partir de ses talents avérés. Des propos que la marraine de la soirée, Mme Achta Pili Pili a corroborés à sa suite dans ses propos.
Doungous honoré et honore le public
Doungous De Gospa dans une tenue artistique sobre est apparu, guitare semi électrique en bandoulière pour proposer son répertoire. Debout face à son micro, il lâche les premières notes musicales et entonne le chant des sinistrés, avec les images des sinistrés de Walia en tête, qu’il a suivis l’année dernière depuis Abidjan où il réside. Il dira que c’est un chant d’espoir qui leur est dédié devant la vue de ses images difficilement soutenables suivies à distance. Il enchaîne dans des rythmes mixés à la lisière du jazz, blues, du terroir et déroule son répertoire. Une chanson dédiée à son ami Aston qui a connu des déboires avec sa copine ; s’en suit entre le rythme jerk du célèbre James Brown et le saxo du regretté Manu Dibango. Le tout sur un air de Lokua Kanza. Mais lorsqu’on tend l’oreille, on a l’impression que c’est l’image du groupe Kassav avec la chanson collé-serré qui vous vient à l’esprit.
Doungous De Gospa s’est véritablement inspiré des divers courants musicaux, dont il s’est merveilleusement approprié. Contrairement à ses concerts aux allures de récital, celui-ci a été un concert plein, différé par l’apport des musiciens sur scène, notamment deux guitaristes, un claviériste, un chanteur et un batteur.
Nostalgique de sa ville de N’Djaména qu’il a laissée derrière lui depuis près de 25 ans, pour s’installer en Côte-D’ivoire, il a revisité ses souvenirs devant un public scotché et attentif. Le N’Djaména de Doungous qu’il raconte dans sa chanson, ne ressemble pas à celui des enfants soldats qui se raconte aujourd’hui. “Que nous reste-t-il aujourd’hui ?”, lâche-t-il en guise d’interrogation, adressée aux anciens et à la nouvelle génération. Il va plus loin en proposant une chanson à ceux-là qui, en lieu et place des chants du coq, n’écoutent que les coups de fusils au quotidien. Doungous continue de croire qu’il faut se donner la main et avancer en regardant dans la même direction, sur un air du groupe Tibesti, pour signifier que le Tchad musical n’existe pas seulement qu’à l’extérieur, en y ajoutant du Masdongar Clément dans les airs.
L’artiste musicien Cidson Alguewi qu’on ne présente plus a été présent pour une prestation comme il sait le faire, avant de céder la scène à Beachman le handicapable venu de la Centrafrique, qui sait mettre de l’ambiance quand il le faut.
La marraine, Achta Pili Pili et son partenaire Tching ont eu droit à un titre qui leur est dédié, sur un rythme gourna propre aux peuples Massa et Toupouri de la province du Mayo-Kebbi.
Bani le producteur de Doungous De Gospa a affiché un visage au sourire satisfait tout le long du concert.
Roy Moussa