L’enrôlement des agents de l’Etat a commencé le 10 février 2021 à Moundou, dans les locaux de la délégation des Finances. Pour qui veut se faire enrôler, c’est un véritable casse tête. Les choses se passent comme si ce sont les agents de sécurité qui sont aux commandes. Pour exemple, les agents du ministère de l’Education et de la promotion civique, programmés pour se faire enrôler le 16 février, assistent à un report de leur calendrier au jour le jour. Raisons invoquées : l’équipe n’a pas totalement fini avec les autres services. L’occasion fait le larron et les agents de sécurité la saisissent au rebond pour se faire du beurre. Ils s’interposent entre les agents enrôleurs et les demandeurs de ce service moyennant des pots de vin pour introduire ceux qui se prêtent au jeu. 500 francs par-ci, 1000 francs ou 2000 francs CFA par-là suffisent à être introduit plus rapidement, même si l’on n’est pas programmé, que ceux qui gardent le rang. Ainsi, programmés pour le 17 février, les personnels de l’Académie, de l’Université de Moundou et de la délégation de l’Education nationale n’ont pas pu être enrôlés en cette date indiquée. Jusqu’au 19 février, des professeurs d’université n’ont pas été enrôlés. Idem pour certains inspecteurs, directeurs des écoles et autres enseignants, qui s’infiltrent par la petite porte, pour bénéficier de ce recensement. Ceux-ci offrent sur un plateau d’or, l’occasion aux agents de sécurité d’arnaquer les autres fonctionnaires.
Là où le bât blesse, parfois l’enrôlement s’opère à domicile ou sur invitation dans certains services. A titre d’illustration, les différents chefs de services de l’hôpital régional de Moundou sont enrôlés sans les infirmières et infirmiers. “C’est un désordre total qu’organise l’équipe de recensement”, observe un fonctionnaire. Devant les portails, les agents de sécurité font leur loi. Tout se passe à l’insu des recenseurs, les listes qui leur parviennent ne sont que des listes de ceux qui ont donné des pots de vin pour passer rapidement. Plus la pratique maffieuse prend corps, les agents de sécurité exigent que les listes soient accompagnées d’argent. Ceux qui ne veulent pas mettre la main en poche, peuvent continuer à faire le pied de grue. Une enseignante est tombée dans le piège. Après avoir donné de l’argent pour entrer, elle n’a pas réussi à se faire recenser, parce qu’elle s’est heurtée à un autre gendarme, qui lui a une fois de plus exigé 2 000 francs à l’entrée du bureau où se trouvent les enrôleurs.
Un autre aspect non moins navrant, la Covid-19 est ignorée. Tout se passe sans la moindre mesure-barrière. Ici, la distanciation sociale ne s’observe pas, on est sans cache-nez et le kit de lavage des mains n’est pas visible.
Mianga Tobiandjé, Correspondant à Moundou