L’Association des footballeurs du Tchad est né en 1997 avec comme objectif, la défense des intérêts des joueurs. Cahin-caha, elle continue de faire son bonhomme de chemin, explique Djimadoum Ngartolom Issaka son président.
Peut-on mieux connaître votre association ?
Pour son histoire, c’est après la coupe du monde et la Coupe d’Afrique des nations (Can) de 1996, que certains jeunes footballeurs tchadiens, qui ont arrêté de jouer, se sont retrouvés au stade Idriss Mahamat Ouya, pour réfléchir à la suite à donner des activités sportives les concernant. A l’issue de cette rencontre, nous avons créé une association pour la défense des intérêts des footballeurs, surtout pour ceux qui sont en activité. Nous avons un peu copié de l’Association des footballeurs camerounais, mais également créé un cadre afin que les anciens joueurs, sympathisants et footballeurs se retrouvent. En premier lieu pour défendre les intérêts des footballeurs, ensuite, réfléchir ensemble sur les autres domaines qui concernent le football. C’est ainsi que nous autres, avons été chargés de préparer les textes règlementaires et organiques de l’association. A la création de l’association, j’ai été élu secrétaire général et la présidence était confiée au regretté Boukar Emmanuel, ancien international Sao. Une fois les textes élaborés, le dossier a été déposé et enregistré au ministère de l’Intérieur le 10 octobre 1997. Mais c’est le 14 mars 2020 que l’association a obtenu son autorisation de fonctionner sous le numéro 070.
Que faut-il retenir de votre actif ?
L’association a fait autant de réalisations. A titre d’exemples, nous avons lutté pour obtenir l’adoption du statut des joueurs à l’assemblée générale de la fédération. Nous avons défendu les footballeurs en activité. Nous avons réussi à gérer le cas d’Otombaye, qui, après sa présélection, s’est cassé la jambe au cours d’un match. A son retour, nous lui avions trouvé une somme de 300.000 francs, puisqu’il n’y a pas eu une prise en charge de l’assurance. Nous nous sommes rapprochés de ses dirigeants, de la fédération, en faisant d’interminables va-et-vient. Finalement, nous étions obligés de faire appel à un ancien footballeur devenu avocat à la Cour d’appel, qui a intervenu jusqu’à ce que ses droits lui soit versés. Nous avions également intervenu pour gérer les retards ou le refus de paiements des engagements pris par les clubs vis-à-vis des joueurs, etc.
Et aux titres des difficultés rencontrées…
C’est surtout au niveau des transferts des joueurs. Actuellement, le Tchad ne compte que deux agents dont Abana Hissein, ancien joueur du club Renaissance qui vit actuellement en France. Il est reconnu et agréé par la Fédération tchadienne et la Fifa pour un mandat de deux ans. Par contre, il y a des agents qui viennent de l’extérieur chercher les joueurs pour les transférer dans d’autres clubs. Souvent, cela ne se fait pas selon les règles de l’art. Le processus de transfert commence d’abord avec la prise de contact avec le joueur, s’assurer de sa disponibilité. Si le joueur marque son accord, une fiche de demande de transfert est envoyée par l’entremise de la fédération à son club. Si le club marque son accord, le transfert s’effectue. Au cours de l’assemblée générale de 2007, la Fifa a fait le constat que pendant les transferts, il y a trop de magouilles. Certains cachent les montants de transfert, d’autres ne déclarent pas le montant effectif. C’est pourquoi, un document appelé Certificat de transfert international (Cti) est produit et mis à la disposition de tous les pays affiliés à la Fifa. Sans la production de ce document, le transfert n’est pas valable. En 2010, le Cti a été adopté par 199 pays sur 203 au départ, ce document obligatoire avait une durée de validé de 30 jours, avant tout transfert. Puis le délai est revu et ramener à 7 jours selon les recommandations de la Fifa. Durant les 7 jours, le document est envoyé par l’entremise du ministère de tutelle. Le club qui sollicite le transfert doit obtenir une autorisation provisoire de sa fédération, pour utiliser le joueur jusqu’à ce que les conditions de transfert soient réunies. C’est un document obligatoire. S’il vous parvient, vous avez l’obligation de répondre dans le délai, sans quoi, on qualifie le joueur provisoirement pour éviter qu’il y ait des magouilles. Sur les transferts, l’agent peut adapter le document au contexte local, sans dépasser le seuil fixé par la Fifa.
L’association intervient au moment où le joueur a des problèmes de transfert. Par exemple, un joueur vient dans un club qui lui propose une somme de 400 000 francs pour deux saisons. On lui donne 100 000 francs à la première saison et après il ne reçoit rien. S’il veut quitter ou quand il finit la saison, et qu’on refuse de lui verser ce qui reste, cela pose le problème du non-respect de l’engagement. Nous intervenons en ce moment.
L’association vient d’organiser un atelier à cet effet. Cela, pour permettre aux joueurs, personnes ressources, techniciens, entraîneurs et surtout les secrétaires généraux qui sont les pièces maitresses administratives des clubs, de connaître le processus de transfert d’un joueur. Cet atelier a permis aussi de revenir sur le dernier règlement de la Fifa, qui est mis en application depuis mars 2021. Nous avons expliqué aux participants qu’est-ce qu’un joueur professionnel ou amateur, comment se fait le transfert, et surtout attirer leur attention sur les agents des joueurs. Il y a ceux qui sont attitrés avec une licence reconnue par la Fifa et des intermédiaires qui travaillent pour les agents. Cela crée trop de confusion et entraîne des problèmes. Pendant les transferts, certains exigent jusqu’à 50% de la part du joueur et amène ce dernier à signer un engagement.
Qui peut être agent ?
Au niveau de la Fifa, celui qui est membre dans une instance du comité exécutif ou employé à la fédération, ne peut pas être un agent. Par contre un ancien joueur, sympathisant, amoureux de football où une personnalité ressource, qui s’y connaît dans le domaine de football peut être un agent. Selon les textes de la Fifa, il faut avoir des notions en droit parce qu’il est question de défendre les intérêts des joueurs en activité. Pour devenir un agent, le processus est simple. Le candidat doit déposer un dossier auprès de l’association nationale qui est la Fédération de football et passer un test, avec 20 questionnaires à répondre. S’il obtient la moyenne, son dossier sera envoyé à la Fifa avec une caution, et en plus, il doit être assuré et avoir une compte bancaire.
Entretien réalisé avec
Modeh Boy Trésor