Hommage à l’écrivain et auteur Hourmadji Moussa Doumgor

Décédé le 5 juillet 2020 et inhumé le 11 dans son jardin à Koundoul au sud de N’Djaména, l’homme des media, de culture, de relations humaines et d’Etat, Hourmadji Moussa Doumgor laisse après lui plus d’une dizaine d’œuvres, qui sont autant des messages que d’enseignements de la vie.

La dernière (son 14ème ouvrage)  titrée  “Dans les tourmentes du Tchad: 1973-2008” est paru aux éditions l’Harmatthan en 2019 et présenté en juillet de la même année au Cefod. Hourmadji Moussa Doumgor a remonté le temps, du moins son temps dans un récit-témoignage de 223 pages. Il a choisi de mettre à la Une la carte du Tchad, avec son tricolore le bleu-or-rouge et dédie l’ouvrage “à toutes les victimes de la tragédie tchadienne”.

La vie tourmentée de Moussa Doumgor est raconté par lui-même, journaliste de formation et ancien ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement de 2005 à 2008. L’auteur revisite son parcours et sa vie qui, très tôt, a été intimement liée à la politique trouble du Tchad.

Lors de la cérémonie de présentation et dédicace du livre au Cefod, il avait cadré le décor livresque en ces termes: “je n’ai pas écrit ce livre pour réveiller les vieux démons, remuer le couteau dans la plaie ou exprimer une quelconque nostalgie, de je ne sais quel paradis perdu. Je ne juge personne et aucun régime, je ne jette de l’anathème sur personne, ni n’encense un dirigeant politique (…) Je n’ai dit et affirmé ici que ce dont je suis comptable, redevable et peux en répondre devant un tribunal par devoir de mémoire si nécessaire”. Il prévient ainsi, parce qu’il est très conscient que la justesse de ses propos et les analyses lucides qu’il en fait avec le recul, peuvent avoir des impacts ou interprétations autres que son intention de partager sa vie tourmentée en public, pour la postérité. Grand spectateur de la scène politique tchadienne dans sa jeunesse estudiantine, il finit par en être un fin observateur avant de devenir acteur de la vie politique et non des moindres. La pratique de la politique avec ses zones d’ombre et quelques fois des alliances contre nature, qui diffère de celle du journalisme dont il est reconnu émérite, le forge au gré des évènements successifs.

Et ce, depuis 1973 ou lors d’un reportage à la cité de l’Organisation commune africaine et malgache (Ocam), le président Tombalbaye refuse de le saluer. Puis en 1975, après le coup d’Etat des militaires qui a tué Tombalbaye le 13 avril et porté le Général Félix Malloum au pouvoir, il se rapproche de Kamougué Wadal Abdelkader. Surviennent les évènements du 12 février 1979 qui vont conduire à l’éclatement du Tchad en onze tendances politico-militaires et où Moussa Doumgor se devient conseiller politique du Colonel Kamougué Wadal Abdelkader, vice-président du Gouvernement d’union nationale du Tchad (Gunt) dirigé par Goukouni Weddeye jusqu’en 1982. Puis il s’exile au Congo Brazzaville de 1982 à 1987. Une étape au cours duquel il parcourt les capitales africaines à la rencontre des chefs d’Etats africains progressistes et favorables au Gunt. Doumgor retourne au Tchad en 1987 sous le régime d’Hissène Habré. A l’avènement du régime de Idriss Déby au pouvoir, il entre dans le gouvernement de 2005 à 2008. “(…) Cela m’a permis de savoir et comprendre beaucoup de choses sur le plan des relations internationales”, a-t-il dit.

RM