Carine Ngarlemdana, la figure de prou du judo tchadien, signale son retour sur le tatami avec la troisième place obtenue à Madagascar en décembre 2020. C’est une championne lucide, qui s’est confiée à N’Djamena hebdo, revenant sur ses trois années de break.
L’année commence avec un peu de difficultés liées à la Covid-19 qui est encore là, malheureusement. Ce n’est pas facile mais on espère que les choses vont rentrer dans l’ordre. On essaye de s’habituer et avancer. Dieu merci, j’ai bien fini l’année 2020, même si le début n’a pas été facile. J’étais occupée sur plusieurs fronts, entre mon stage d’emploi, l’entrainement des enfants dans mon centre de formation. Je devrais également m’entrainer personnellement. Tout cela a été un peu difficile pour moi. Mais j’ai pu m’organiser pour participer à la compétition de Madagascar, d’où je suis rentrée avec une médaille de bronze (3e place). Donc je fais un retour en force sur la scène. En 2019, j’ai fait deux compétitions, en novembre, à Yaoundé (5e place), et Dakar (7e place), après trois années d’absence. C’était à 10 jours des compétitions qu’on m’a sollicitée au pied levé pour y participer. Cela a donné ces résultats contre performants.
Entre temps, qu’est-ce qui s’est passé ?
Les trois années (février 2016 à novembre 2019) durant lesquelles j’étais absente des compétitions, c’était dû aux frustrations et découragements sur lesquels je préfère ne pas revenir. Et, aussi un certain nombre de contraintes. A partir de la France, j’avais commencé à préparer les grandes échéances internationales, mais, en février 2016, mon papa était décédé et j’étais obligée de rentrer au Tchad, retrouver la famille et faire son deuil. Puis, la santé de maman était devenue fragile. Finalement, j’ai passé une année avant de reprendre progressivement avec certaines activités. Mais, là, tout est rentré dans l’ordre. Voilà pourquoi j’ai fais mon retour en force.
Qu’avez-vous comme projet en ce moment ?
Il y a beaucoup de compétitions en vue, mais, nous n’avons pas encore le programme exact de l’année en cours. Normalement, les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo devaient se tenir en 2020 et j’ai été absente des scènes. Les jeux se préparent tous les quatre ans, et pendant ce temps d’absence, les autres ont progressé lors des différentes compétitions internationales, accumulé des points et se sont qualifiés pour les JO de Tokyo 2021. Ce qui est tout à fait logique dans le sport de haut niveau. Il reste six mois et, d’ici là, si j’aligne de bonnes performances, cela peut être possible de me qualifier. Je suis revenue en force et j’ai intérêt à me battre pour avoir une seconde qualification olympique.
Tu as parlé de ton centre de formation (club). Tu penses déjà à ta reconversion ?
(Rires !) Non, je continue à pratiquer le judo, mais, je me suis aménagée un temps pour entrainer et former les enfants. Ecoutez ! J’ai commencé le judo à 5 ans et toute ma vie, je l’ai passée à le pratiquer. Ma première compétition internationale, je l’ai passée en 2006, à 12 ans. Donc, jusqu’aujourd’hui, cela fait quand même beaucoup de médailles (or, argent et bronze), titres et deux trophées continentaux remportés. Mon meilleur souvenir remonte en janvier 2016. J’avais décroché la médaille en or au tournoi de Cergy en France, en battant la championne du club.
Alors pourquoi un centre de formation, et qu’en est-il de ton stage?
Les enfants sont l’avenir du pays et ma passion pour le judo c’est aussi de transmettre ces connaissances et cet amour très tôt aux enfants, comme je les ai reçus. C’est pourquoi, j’ai ouvert le club en 2019, au sein de l’Académie Royale où j’entraine plus de 30 enfants de 5 à 12 enfants. De l’autre coté, j’ai bien fini mes études avec une maitrise en banque et finance, fini aussi mon stage et j’attends d’être confirmée.
Quel est ton message pour tes fans, les jeunes et l’Etat ?
Je remercie mes fans qui ont cru en moi et qui m’ont toujours poussée à donner le meilleur de moi-même pour arriver à ce niveau. Certes, le chemin reste à faire et le travail continue. C’est pourquoi, je sollicite toujours leurs soutiens et leurs ondes positives pour m’accompagner à gagner encore des médailles, titres et trophées. Aux jeunes qui veulent se lancer dans le sport, qu’ils retiennent que la vie n’est pas toujours facile, mais, quand on se fixe des objectifs, il faut aussi les atteindre et pour cela il faut se battre pour y arriver. Mais, il faut rêver parce que cela fait partie de la vie. Au ministère et à la fédération, je me rends compte que les choses sont en train de s’améliorer. Ce n’est plus comme par le passé. On encourage quand même les sportifs qui se battent et le comité olympique fait de son mieux pour accorder des bourses aux jeunes, dont j’en fais partie. C’est ce qui nous permet de ramener des médailles. Puisque les choses semblent évoluer positivement, j’espère qu’ils vont continuer sur la même lancée, pour nous permettre de nous maintenir toujours au sommet.
Propos recueillis par Roy Moussa