La 2ème édition du festival “La semaine des fous du livre” est prévue du 11 au 13 novembre 2021 à Yaoundé (Cameroun). Deux écrivains tchadiens y prendront part et représenteront le Tchad à cette messe. Marie Bertille, écrivaine et coordinatrice du festival, en parle et explique son bien-fondé.
Peut-on mieux connaître le festival dans ses objectifs ?
Le thème de la 2ème édition est “Réaffirmer le livre au cœur de la société”. Le festival est un moment d’échanges et de partages entre professionnels du livre, amateurs, sympathisants et même les indécis. Nous créons une certaine symbiose et synergie entre les auteurs, éditeurs, promoteurs, étudiants et également un moment d’initiation à la lecture et à l’écriture. C’est pourquoi, la tendre jeunesse est grandement invitée ainsi que les établissements scolaires. Parmi les activités programmées, un atelier d’écriture sera animé par Renaud Dingamnayel et celui de lecture par Kaar Kaas Sonn. C’est un rapprochement du livre vers le lecteur. Etant moi-même auteure depuis une dizaine d’années, j’ai constaté que notre Afrique n’est pas habituée à aller vers les bibliothèques et les librairies, donc la stratégie mise en place par les fous du livre, est celle de porter le livre vers le lecteur. Deux jours avant l’ouverture, nous organisons une caravane avec des arrêts dans les grands carrefours, espaces universitaires et les marchés, pour brader les livres à des prix modiques et espérer que les gens puissent s’intéresser à la lecture. C’est aussi un moment de recueil d’auteurs, afin de se voir et se découvrir. Nous allons également dans les établissements scolaires avec différents ouvrages, et retenons les deux premiers de chaque établissement, pour une compétition nationale à l’ouverture du festival.
L’une de nos missions c’est également de faire participer la jeunesse à l’écriture, parce que lorsque la jeunesse écrit mieux, on communique mieux. Nous faisons passer leurs messages à travers les autres jeunes, afin qu’ils lisent leur propre réalité. Le combat que nous menons est le même un peu partout en Afrique, parce que nous ne lisons pas. Nous avons douze pays officiellement invités, et c’est une occasion de se donner des chances de se découvrir autrement.
Quels sont les critères qui ont œuvré en faveur de la sélection du Tchad et qu’en est-il de la présentation du 2ème ouvrage ?
Le règlement du concours précise, qu’il faut avoir publié son roman entre 2020 et 2021, avec un nombre de 100 à 200 pages. Egalement l’esthétique du livre, le niveau de la langue, respecter une certaine originalité, passion et créativité. Pour cela, Kaar Kaas Sonn et les deux autres romans en lice (Cameroun et Mali) l’ont beaucoup respecté. Sur le plan originalité, il y a une certaine finesse dans l’ouvrage de Kaar Kaas Sonn, qu’il le raconte avec assez de passion. Je pense que ce roman a toute sa place et j’espère qu’il a mis les chances de son côté. Je ne fais pas partie du jury, mais je connais la majorité de ces auteurs que j’ai croisés. J’ai eu la grâce de lire la quarantaine d’ouvrages en compétition, et je peux vous rassurer qu’il y a assez de professionnalisme dans cet ouvrage et de bonne chose à découvrir.
Les éditeurs tchadiens ont pris à l’avance un stand aux couleurs du Tchad au festival, et il y a à peu près mille élèves et étudiants tchadiens à Yaoundé. Si le prix revient à Kaar Kaas Sonn, il va bénéficier d’une meilleure ovation. Ça donne un peu plus de baume au cœur.
C’est pourquoi, il était nécessaire pour nous de faire un tour ici au Tchad, un pays frère et ami assez proche, pour essayer de sensibiliser un peu la chaîne littéraire tchadienne, à pouvoir soutenir cet ouvrage qui porte beaucoup de révélations.
Quant au livre de Renaud titré “La crise sécuritaire et sécessionniste, Paul Biya à la croisée des chemins”, il sera présenté à l’Institut Goethe. C’est un livre qui touche particulièrement le Cameroun, et lorsqu’il est dit par un regard externe, cela mérite une belle promotion. Au festival, nous aurons l’opportunité de présenter ce livre, afin que l’auteur soit honoré au Cameroun. C’est beaucoup de grâce d’écrire un tel ouvrage avec des sujets aussi sensibles. Les médias devraient se mêler à la chose pour plus d’impact, afin qu’il y ait cette émulation recherchée.
Propos recueillis par Roy Moussa
Bio express de Marie Bertille
Née le 25 juin 1984, Marie Bertille a passé son enfance en France, avant de rentrer au Cameroun. Mère et épouse au foyer, cette hôtelière et secrétaire comptable de formation a décidé, il y a onze ans, de se lancer dans l’écriture. Elle est auteure de plusieurs ouvrages personnels et également des coécrits. Actuellement, elle est vice-présidente de la Fédération camerounaise des arts littéraires, directrice de la maison d’édition “Les fous du livre”, coordonnatrice de l’association les fous du livre, et jury national du Prix des jeunes auteurs du Cameroun. Elle affirme n’avoir pas de préférence pour les genres. “Quand je veux écrire un roman ou une nouvelle, je l’écris, mais j’aime bien également des chroniques poétiques”. Elle reconnaît que le plus difficile en écriture, c’est de trouver l’âme de ce qu’on veut ressortir, mais à son avis, il n’y a pas de difficultés à écrire. D’habitude ça vient et elle donne le meilleur d’elle-même, dit-elle. “Je n’ai pas encore écrit un essai, donc c’est peut-être cela qui me semblerait difficile”, avoue-t-elle. Elle fait de la littérature par passion, et soutient que les romans, nouvelles et poésies lui conviennent bien. Chronique poétique, les coulisses de l’Eldorado, et si j’étais l’Afrique, sont entre autres, quelques-uns de ses titres. Une littéraire qui a également participé à la production de bon nombre d’ouvrages littéraires. “Je suis animatrice à la chaîne Vision 4, et je connais l’impact de la presse dans la littérature, qui n’est pas comme les autres arts. Le livre est tellement condensé qu’avec un peu de tapage, on peut avoir plus de vue. C’est ce que je fais avec ma chronique littéraire à la télé”.
RM