La Commission du bassin du Lac Tchad et ses partenaires tiennent du 5 au 7 juillet aux ministères des affaires étrangères à N’Djaména, la 4ème édition du forum des gouverneurs du bassin du Lac Tchad.
Axé sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable dans la région, le 4ème forum accueilli par le 4ème pays affecté par l’insurrection de la secte Boko-Haram est placé sous le thème : “Opportunités de consolidation et de progrès dans un contexte sécuritaire changeant”.
Des discours qui ont ponctué la cérémonie d’ouverture présidée par le ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Limane, représentant du chef de l’État, on retiendra que Boko-Haram est anéanti mais la psychose qui s’est emparée des populations touchées demeure. Il revient aux pays affectés et aux partenaires de travailler pour la stabilisation et le relèvement de ces populations. Ce qui fait dire à Ahunna Eziakonwa, administratrice adjointe du Pnud et directrice du bureau régional pour l’Afrique qu’on est à la 5ème année de mise en œuvre de la stratégie de stabilisation du bassin du Lac Tchad et que les efforts consentis portent déjà des fruits avec le retour des milliers de personnes sur leur territoire. Mais, poursuit-elle, “il y a encore des efforts à fournir pour pérenniser les acquis, notamment la paix et la sécurité. Il faudra aussi que les partenaires puissent continuer à venir en aide aux États affectés”.
Mamman Nuhu, secrétaire exécutif de la Commission du Bassin du Lac Tchad lui, a relevé que les problèmes qui sont nés dans le bassin du Lac Tchad sont dus à la pauvreté. Car, dit-il, “si des solutions adéquates avaient été apportées sitôt à la pauvreté endémique qui sévit dans le pourtour du bassin, l’insécurité allait être moindre”. Il trouve par ailleurs que le manque d’éducation des populations du bassin a tout facilité à Boko Haram, qui s’est appuyée sur leur analphabétisme pour les manipuler en enrôlant les jeunes à sa cause. Le secrétaire exécutif de la Cblt propose que les États mettent un accent particulier sur le volet éducation des populations. “Nous avons travaillé 5 ans pour la stabilisation et les déplacés ont repris goût à la vie. Ils commencent déjà à regagner leur territoire. Il y a beaucoup de désertions dans le rang de Boko Haram parce qu’il y a une prise de conscience. Je crois qu’avec le concours des partenaires, nous pouvons encore renouveler la mise en œuvre des actions de stabilisation et de relèvement”, projette Mamman Huhu.
Le président sortant du forum des gouverneurs, Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région de l’extrême-nord du Cameroun, après s’être réjoui de la bonne collaboration qui a régné entre les gouverneurs des provinces affectés, renvoie tous les maux aux effets du changement climatique en prenant comme exemple la raréfaction des eaux du Lac Tchad. “Boko Haram n’est qu’un souvenir. Cependant, un autre Boko Haram frappe à la porte : l’avancée du désert qui pousse les uns et les autres à des déplacements liés au changement climatique causant des conflits éleveurs-agriculteurs-pêcheurs ; des conflits entre l’homme et les animaux, le cas des hippopotames qui n’arrivent plus à avoir de quoi se nourrir dans sa biotope qui est détruite par l’homme, et se baladent dans les quartiers ; les oiseaux qui ne savent où avoir de quoi se nourrir, c’est pourquoi ils se ruent sur les cultures en les ravageant. Conséquence, l’homme n’a rien à récolter. Mais, tout cela à cause de l’inconscience de l’homme”. C’est pourquoi, interpelle le gouverneur, président sortant du forum des gouverneurs, il faudrait trouver de solutions urgentes à la rareté de l’eau mais aussi lutter contre l’avancée du désert, sinon, le bassin du Lac Tchad sera en proie à d’autres formes de conflits qui feront encore des milliers de déplacés internes. Il plaide ainsi pour le retour à l’équilibre entre l’homme et la biosphère.
Durant trois jours, 8 gouverneurs prennent part audit forum, 350 délégués et plus de 20 hauts dignitaires. Les échanges porteront sur des thématiques tels que la situation sécuritaire dans le Bassin du Lac Tchad (Blt) ; l’avenir de la stabilisation, du relèvement et de la résilience : poser les bases d’une paix et d’un développement durables dans la région du Lac Tchad ; la réintégration communautaire et justice transitionnelle ; le renforcement et partenariat pour des solutions à la situation des personnes déplacées dans le Blt ; groupe d’autodéfense et acteurs de la sécurité affiliés au gouvernement dans le Blt ; au-delà de l’adaptation : renforcer les capacités locales et régionales pour relever les défis de demain en matière de sécurité climatique dans le Blt, agropastoralisme, dynamique entre agriculteurs et éleveurs et résilience communautaire dans les régions frontalières du Blt.
Minnamou Djobsou Ezéchiel