Ainsi répond au bout du fil à Ndjh, le président du Front populaire de libération (Fpl), Takilal Ndolassem, depuis Doha au Qatar où n’en finit pas de se tenir le pré-dialogue gouvernement de transition et politico-militaires sous la médiation des autorités quataries.
Plus de deux semaines après l’ouverture du pré-dialogue, où en êtes-vous ? Qu’est ce qui a été fait et ce qui reste à faire ?
Plus de deux semaines après l’ouverture des assises de Doha entre le gouvernement et les politico-militaires, tous les trois groupes politico-militaires ont remis leurs revendications au médiateur qatari. Ce dernier doit en discuter avec la partie gouvernementale et nous revenir. Le médiateur a sa méthode de travail. Il s’agit de trouver un accord de paix pour un pays qui vient de loin, il ne faut pas trop précipiter les choses non plus.
Quelles sont les revendications du Fpl à ces assises ?
- Considérant que l’idéal proclamé dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme de voir tous les êtres humains libérés un jour de la terreur et de la misère est dénié aux peuples du Sud du Tchad ;
- Soulignant l’impérieuse nécessité de mettre fin à la politique d’apartheid, d’exclusion, d’humiliation et de marginalisation dont sont victimes les peuples du Sud du Tchad depuis plus de 30 ans ;
- Constatant l’impossibilité objective du vivre ensemble faute d’interculturalité et la récurrence du conflit agriculteurs-éleveurs entretenu par le système ;
- Prenant acte des revendications légitimes des peuples du Sud, aspirant à la paix, à la justice sociale, à l’égalité, au respect, à la dignité et à la répartition équitable des ressources du pays ;
- Prenant acte de la faillite irréversible de l’Etat jacobin, le fédéralisme seul capable de prendre en compte les intérêts réels de nos populations aspirant à la paix, la justice, la sécurité, le respect mutuel, la stabilité, demeure la seule alternative possible ;
- Souscrivant au Projet de charte adopté à Genève et aux propositions du Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin (Gra-appel du 1er juin) en ses dispositions relatives au Codnis, à la limitation de la transition à 18 mois non renouvelable, à une transition codirigée par les civils et militaires et l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes sans la participation des autorités en charge de la transition ;
- Insistant sur la satisfaction de nos revendications dont la liste en infra passe par l’inclusion du grand peuple du Sud dans les gestions des choses publiques, la réparations justes et équitables des victimes, la réhabilitation et l’amnistie des personnes condamnées dans le cadre de la lutte menée par le Front populaire de libération du Sud du Tchad et de la proclamation de la République fédérale du Tchad :
1 – Instauration d’un Etat fédéral au Tchad ;
2 – Vote des gouverneurs avec budget autonome ;
3 – Désarmement effectif des éleveurs et démantèlement des ferricks, respect des couloirs de transhumance suivant la période indiquée ;
4 – Criminalisation et pénalisation des dévastations et destructions des champs et récoltes ;
5 – Remplacement dans l’administration des gouverneurs, préfets, sous-préfets, com-brigades, policiers et gendarmes analphabètes et leurs complices locaux ;
6 – Reconstitution d’une armée et des forces de défense et de sécurité républicaines au prorata de chaque région ;
7 – Respect des résultats des admissions dans l’administration, concours et bourses ;
8 – Réforme et instauration d’une justice indépendante et impartiale ;
9 – Transparence dans l’attribution des marchés ;
10 – Justice et réparations pour nos martyrs et leurs ayant-droits lors des massacres de septembre noir, massacre de la ferme de Déli, des fidèles brûlés vifs dans l’église de Ngalo, assassinat de Me Béhidi, de Laokein Bardé, Ketté Moïse, de Moundou, Maimogo, Korbol, assassinat de Sandanan, etc.;
11 – Audit des revenus du pétrole et rapatriements des fonds pillés et placés à l’étranger ;
12 – Intégration des membres civils et militaires du Fpl dans les institutions nationales et internationales ;
13 – Arrêt définitif des répressions des manifestations pacifiques.
Que dites-vous de la pléthore des groupes politico-militaires réunis à Doha ? Sont-ils tous effectifs sur le terrain ?
Le nombre des groupes n’est pas important pour moi. L’essentiel est qu’aucun tchadien ne soit laissé sur le bord du chemin du dialogue.
La rumeur véhicule que beaucoup d’entre les politico-militaires ont été suscités par le pouvoir en place pour jouer un jeu en sa faveur… Qu’en dites-vous ?
Effectivement, il y a même des groupes qui sont venus de N’Djaména avec des revendications.
Que vous inspire la présence de l’ex ambassadeur français au Tchad à Doha en même temps où se tiennent vos pourparlers ?
L’ambassadeur français est dans son rôle qui est la défense des intérêts de son pays, mais seulement cela ne se fera plus au détriment du peuple tchadien. Les africains n’en veulent plus. Lorsque nous avons été reçu à l’Elysée, nous l’avons clairement dit.
Votre dernier mot…
Je voudrais demander au peuple tchadien de ne pas désespérer. Des lendemains meilleurs, j’y crois et j’ai espoir.
Interview réalisée par
Djéndoroum Mbaïninga