En marge de la 41ème journée internationale (Jif) le 8 mars dernier, le campus numérique de l’Agence universitaire de la francophonie (Auf) de N’Djaména a formé une dizaine de filles (élèves et étudiantes) à la notion du numérique durant la Semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet) dans ses locaux sis à la présidence de l’Université de N’Djaména.
Restant dans l’esprit du thème international de la journée, qui place la femme au centre du tout numérique pour un meilleur développement : “Pour un monde digital inclusif : l’innovation et technologie pour l’égalité des sexes”, l’Auf sanctionne la formation des jeunes filles par une visioconférence. Le thème de la formation : “Quelques applications de l’apprentissage profond dans divers domaines”. La conférence était co-animée par Dr Minette Zongo, enseignante à la faculté de sciences de l’Université de N’Gaoundéré au Cameroun, Patricia Kaliata de la ville de Lubumbashi en République démocratique du Congo (Rdc) et Chancel, ingénieur en télécommunication et chef de service prospective de l’Agence de régulation de communications électroniques du Congo-Brazzaville.
Autour de ce thème spécifique à l’Afrique centrale francophone, les conférencières ont axé chacune, leurs interventions sur l’impérieuse nécessité de la numérisation de la femme, “qui n’est pas une demande de faveur, mais un droit. Un droit absolu”, martèlent-elles en chœur. Après avoir défini l’intelligence artificielle comme étant “un concept consistant à déployer l’intelligence du cerveau humain dans une technologie, c’est-à-dire le cerveau de la machine”, Dr Minette fait observer que le domaine de la science et de la technologie regorge peu de femmes (30%), qui n’en sont pourtant pas moins capables. Afin de combler le gap, Minette donne des astuces. Pour faire dans le numérique ou la technologie, les femmes n’ont pas besoin de compétences exceptionnelles. “Il suffit de s’y intéresser et de travailler dur. Le seul et vrai obstacle demeure le complexe d’infériorité alimenté par des pesanteurs socioculturelles en vogue dans certaines régions et communautés africaines”, dit-elle. Et, la barrière de mentalités rétrogrades sur la femme a trouvé large un écho dans la présentation de la deuxième conférencière, Mme Kaliata pour qui, il faut ajouter simplement la vie de femme au foyer. Les obstacles à l’émancipation de la femme dans certaines régions d’Afrique relèvent du statut-même de la femme mis en lien avec des métiers dits masculins.
En effet, plusieurs questions ont été recensées du Cameroun, du Congo, de la Rdc et du Tchad lors la phase des débats. Pour y arriver, Kaliata parle de sa propre expérience de femme mariée et travaillant dans un domaine aussi exigeant que celui du numérique. “Je fais dans la vente en ligne et la conception de logiciels informatiques. L’additionner à la vie d’épouse, j’avoue que ce n’est pas facile. Mais avec une bonne organisation personnelle et surtout un mari qui comprend, tout est facile, raconte-t-elle. Kaliata est rejointe dans son idée par la troisième et dernière conférencière, Chancel qui a mis l’accent sur l’ambition, l’audace et le travail. Pour cette dernière, la femme, pour prendre la place qui lui revient de droit dans une société patriarcale, doit beaucoup travailler, à l’école comme en entreprise et surtout, ne pas attendre que des initiatives viennent toujours des hommes. Elle doit s’affirmer par l’excellence et l’initiative, conseille-t-elle. Enfin, Chancel plaide pour une vaste campagne des hommes et des entreprises à la notion de la digitalisation du travail, dont le taux mondial atteindra les 75% sous peu. “Les femmes ne doivent pas être à la traîne”, conclut-elle.
A l’issue de la visioconférence, Haoua Mahamat Tahir, étudiante en troisième année d’informatique à la faculté des sciences exactes et appliquées de l’Université de N’Djaména et Adama Djibrine Mahamat, titulaire d’une licence en communication et stagiaire à l’Auf, se disent comblées et saluent l’initiative de l’Auf.
Thomas Reoukoubou