Ça y est! Vendredi dernier, le président de la République, Idriss Déby Itno, a signé un décret pour élever le général d’armées Idriss Déby Itno à la dignité de Maréchal du Tchad. Une semaine plus tôt, l’Assemblée nationale a voté une résolution à cet effet.
Dans la foulée de la promulgation du décret présidentiel ou “maréchalal”, le directeur général du Protocole de la présidence, Allah Maye Halina, s’est fendu d’un “communiqué officiel” pour porter à la connaissance de l’opinion que dorénavant, “Le Maréchal du Tchad Idriss Déby Itno, Président de la République, Chef de l’Etat” (à l’écrit) et “Maréchal” (à l’oral) sont les formules consacrées pour s’adresser au Président de la République”.
Tout ceci est ridicule. Car la fonction suprême dans notre pays est “Président de la République” et non “Maréchal”. C’est cette fonction que Déby occupe depuis 1990. Et le guide des usages, du protocole et des relations publiques veut qu’on l’appelle “M. le président de la République”, qu’on dise “Monsieur le Président” quand on s’adresse directement à lui et qu’on le traite à la deuxième personne du pluriel.
Pendant toutes ces années où Déby était général d’armée, pourquoi le directeur général du Protocole de la présidence n’a pas insisté qu’on l’appelle “le Général d’armée Idriss Déby Itno, Président de la République, Chef de l’Etat”?
Par ailleurs, n’a-t-on pas dit que “maréchal” est un titre honorifique? Au nom de quels usages protocolaires, un titre honorifique doit-il précéder un titre officiel “président de la République”? S’il en est ainsi, pourquoi ne met-on pas les titres de “docteur honoris causa” que l’université Roi Fayçal et d’autres au Bénin, au Burkina Faso et en Turquie ont attribués à Déby? Pourquoi ne pas l’appeler carrément “Maréchal du Tchad, Docteur honoris causa Idriss Déby Itno, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, Sultan d’honneur du Dar Bilia, Sultan des sultans du Tchad”?
Ah! Folie des titres et des grandeurs, quand tu nous tiens! Mais tant que Déby n’aura pas gagné les batailles de l’éducation, du chômage, de la malnutrition, des maladies… tous ces titres ne sont rien!
Ghislain Djimra