C’est sous le thème: “Croyants, soyons confiants en Dieu et œuvrons pour une société solidaire”, que la Plateforme interconfessionnelle du Tchad a commémoré, le samedi 28 novembre 2020, au Palais du 15 janvier, la 11ème édition de la journée nationale de la prière pour la paix, la cohésion pacifique et la concorde nationale.
Ils viennent de toutes les confessions religieuses du pays pour prendre part à cette habituelle journée de prière pour la paix, la cohésion pacifique et la concorde nationale, instaurée il y a 11 ans. Des sons religieux des fidèles des confessions musulmane et chrétienne entonnés à tour de rôle ont agrémenté le début de la cérémonie.
Dans son mot de bienvenue, l’Abbé Guelbé Romain, coordonnateur de la Plateforme interconfessionnelle, rappelle l’importance du choix porté sur le thème de cette année et implore la miséricorde de Dieu pour la paix et la cohabitation pacifique dans le pays. Il interpelle la responsabilité de tout un chacun pour la construction d’une société solidaire. Il note avec tristesse la célébration de cette manifestation pacifique marquée par les sempiternels conflits sanglants entre éleveurs et agriculteurs, par la menace qui plane sur les moyens de communication et le bras-de-fer avec les responsables des partis de l’opposition. “Nous manquerons gravement à notre devoir religieux si nous ne dénonçons pas ces faits qui prouvent que le défi de la recherche de la paix est de taille et nous sommes tous interpellés”, ajoute-t-il.
Les discours prononcés par les représentants de différentes corporations religieuses ont mis en exergue la préservation de la paix, but recherché par l’organisation de cette prière interconfessionnelle.
Pour le secrétaire général de l’Entente des églises et missions évangéliques au Tchad (Eemet), Batein Kaligué, le thème de cette année veut simplement dire aux croyants du Tchad d’abandonner le mal qui gangrène la société et qui retarde davantage son progrès. Le révérend Pasteur invite tous le monde à remplacer les insultes de tous genres, des propos malveillants par l’application et l’appréciation des uns et des autres. “La considération clanique, tribale, ethnique doit être remplacée par les idées de solidarité, de communion, de fraternité pour la paix nationale. Alors nos prières seront écoutées par Dieu qui nous aidera à développer notre pays”.
L’archevêque métropolitain de N’Djaména, Mgr Edmond Djitangar Goetbé, voit un acte de foi à la célébration de la journée de la prière parce que le contexte est particulier, lié à la pandémie de la Covid-19 avec son lot de restrictions, de tristesse, d’inquiétudes et d’incertitudes. Il appelle les organisateurs de cette journée à ne pas céder aux interpellations multiples de ceux et celles qui, parfois à juste raison, ne croient pas ou ne voient pas les résultats concrets à l’organisation annuelle de cette journée. “Oui il n’y a pas de résultat palpable si on se résume à un simple spectacle que la Plateforme interconfessionnelle organise chaque année”, souligne l’archevêque. Il n’a pas manqué d’adresser un message à l’endroit des leaders politiques, leaders d’opinion ou des acteurs sociaux, que la cohabitation consiste avant tout à respecter les règles élémentaires de la vie commune au plan social et à respecter la démocratie au plan politique. C’est pourquoi il est nécessaire d’éduquer les militants non pas à l’exercice de la violence dans toutes ses formes, mais, à être avant tout de bons citoyens respectant les lois et les opinions des autres. Pour lui, personne ne doit se comporter en spectateur dans la réalisation du projet de la cohabitation pacifique. Cela concerne toutes les catégories de la population. “D’aucuns pensent que la prière et les sacrifices seuls peuvent changer les situations dramatiques que vivent au quotidien les populations de différentes régions de notre pays; ceux-là se trompent. Dieu n’exauce pas nos prières et n’agrée pas nos sacrifices quand nos cœurs sont remplis de rancœur et de haine, les uns vis-à-vis des autres, ou quand nous n’avons aucun respect de la vie de notre semblable”, conclut l’archevêque.
En reconnaissant que la journée de la paix et de la cohabitation pacifique est un évènement majeur inscrit dans l’agenda de la République, le chef de l’Etat Idriss Déby Itno estime que ceux qui ne croient pas à cette journée sont ceux-là qui ne croient en aucune religion. Pour ceux qui n’ont pas connu la guerre des années 70, le président de la République prévient : “pour nous qui avons vécu ces moments sombres, nous ne voulons pas revenir en arrière et nous ne souhaitons pas aux générations futures de tomber dans cette situation sombre que nous avons connue qu’elles n’ont pas vécue”. Il a condamné les derniers affrontements meurtriers survenus dans le département de la Kabbia. “Toute la lumière sera faite et les responsabilités situées. Tous ceux qui sont impliqués dans ces affrontements meurtriers répondront de leurs actes devant la justice car la force doit rester à la loi”, dit-il.
Modeh Boy Trésor
