De nombreux jeunes trouvent leur passion dans la production des fleurs. A N’Djamena, ils sont visibles dans certains espaces vides qu’ils ont rendus verdoyants.
Courbé en culotte noire et débardeur blanc, Babigué Richard arrange ses pots de fleurs. Agé d’une vingtaine d’années, il fait partie de ces jeunes battants qui se lancent dans des activités ponctuelles pour assurer leurs besoins quotidiens. Mais la fabrication et la vente des pots de fleurs constituent la tâche qui occupe entièrement le temps de ce jeune homme, qui a quitté les tables-bancs depuis cinq ans. Il a écourté ses études en classe de seconde. Son choix de l’activité des fleurs est guidé par sa passion de l’environnement.
“J’aime la nature et la rendre belle c’est ma passion. Au lieu de perdre mon temps à balader au quartier, j’ai préféré venir m’investir dans cette activité. C’est pénible mais avec courage, je m’en sors mieux”, explique Richard.
Comme lui, de nombreux jeunes aiment l’activité des fleurs. Ils sont élèves, diplômés sans emploi, mais aussi des fonctionnaires.
Malgré les difficultés diverses qui teintent la vie, le courage est le maître mot de ceux-ci. “Le gouvernement ne nous aide pas honnêtement. Avec nos diplômes, on ne trouve pas d’emplois depuis des années, pendant que certains en profitent aisément sans être instruits. Du moment où il n’y a pas de soutien, que pouvons-nous faire si ce n’est que nous débrouiller par d’autres moyens. Pour subvenir aux besoins de nos familles, nous sommes obligés de nous débrouiller avec ces fleurs”, fulmine un autre jeune devant ses pots de fleurs.
Les fonctionnaires qui s’attachent à cette activité font le lien avec la crise économique de 2016 où les salaires ont été amputés. Ces derniers préfèrent trouver d’autres ressources pour compenser le poids des charges familiales. Mais ce n’est pas sans difficulté. “Pour préparer la terre et faire pousser les fleurs, il leur faut du sable et ceci nous coûte énormément. Par exemple, pour une grande quantité de fleurs, il faut au moins une benne de sable. Ce sable coûte 150 000 francs CFA puisque les propriétaires l’importent depuis Djarmaya. Nous payons quelques fois le sable en fonction de nos moyens, entre 6 000 et 7 500 francs CFA auprès de la mairie”, expliquent-ils. Le cas échéant, ils sont obligés de ramasser du sable au bord des artères bitumées pour préparer la terre. Une activité à laquelle la mairie leur impose une taxe annuelle.
Entre juin à août, c’est la période où les affaires fonctionnent bien. C’est pendant la saison pluvieuse que de nombreuses personnes viennent chercher les fleurs et c’est aussi en cette période que les fleurs poussent rapidement.
Mbaïammadji Allahressem Marlène, stagiaire