L’Allemagne forme des journalistes tchadiens en techniques culturelles

Dans le cadre du projet “Lél-afé : culture et prévention des crises”, la Giz a outillé une trentaine de journalistes (radio, télévision, presse écrite, presse en ligne), des réalisateurs cinéastes, ainsi que des blogueurs, de N’Djaména et des provinces.

L’atelier organisé du 11 au 15 novembre 2024 a porté sur le thème : “Formation en journalisme sur les éléments culturels”. A son issue, des recommandations ont été émises.

Au gouvernement : renforcer le cadre législatif, c’est à dire promouvoir des lois qui soutiennent la liberté d’expression et garantissent la protection des journalistes, en particulier ceux travaillant dans le domaine culturel ; soutenir les initiatives culturelles, notamment, investir dans des programmes et projets culturels qui favorisent la cohésion sociale, l’unité nationale, la prévention des crises et la promotion de la paix ; promouvoir le dialogue interculturel : mettre en place des plateformes de dialogue entre différentes communautés culturelles pour encourager l’harmonie et la compréhension mutuelle ; accorder une priorité à la promotion culturelle, gage du développement ; prendre des dispositions pour soutenir les œuvres culturelles et faciliter leur circulation, ainsi que les activités de l’Association des journalistes culturels ; et créer davantage des initiatives qui concourent au développement de l’art, à l’exemple de la création des écoles des Arts et Métiers.

A la Giz : de continuer le soutien aux médias : investir davantage dans la formation et le renforcement des capacités des journalistes, en particulier ceux spécialisés dans les domaines des arts et de la culture ; favoriser l’échange d’expériences : organiser des ateliers et des conférences pour permettre aux journalistes de partager des bonnes pratiques en matière de couverture médiatique culturelle, de promotion de la paix et de la prévention des crises ; soutenir des projets innovants : mettre en place des programmes de financement pour des projets médiatiques qui intègrent la culture et la paix, favorisant ainsi un impact positif sur la société ; former les journalistes culturels sur tout le territoire national ;  appuyer et encourager la promotion des médias culturels qui œuvrent dans le domaine de la prévention des crises et de la promotion de la paix ; encourager et appuyer un cadre de concertation permanent entre les acteurs et intervenants du secteur culturel ; et appuyer le suivi de la plate-forme des journalistes culturels bénéficiaires de la première édition de cette formation.

A leur tour, les participants s’engagent à adopter une approche proactive, pour produire des contenus qui mettent en avant les initiatives culturelles favorisant la prévention des crises, la paix ainsi que les récits positifs sur la coexistence pacifique ; collaborer avec d’autres acteurs, travailler avec les organisations de la société civile, les artistes et intellectuels, pour créer des synergies autour de la culture et de la paix afin de prévenir les crises ; ainsi qu’à utiliser les nouvelles technologies, pour exploiter les plateformes numériques et les réseaux sociaux, afin d’atteindre un public plus large, en diffusant des messages de paix et en promouvant les valeurs culturelles.

 

S’approprier la définition de la culture

Ces recommandations découlent des échanges proactifs entre les participants et les formateurs. Les attentes des participants ont été de mieux comprendre le secteur culturel et ses enjeux. Les deux formateurs se sont attelés, d’abord à déconstruire la perception de la culture qui, dans la compréhension collective de beaucoup de tchadien, est synonyme de la pratique des arts et surtout de la musique. Donc un secteur de loisirs et de divertissements.

Or, la définition universelle de la culture, adoptée à la Conférence mondiale sur les politiques culturelles réunies à Mexico en 1982, c’est “l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe les arts et les lettres, les modes de vies, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et croyances”

Bien compris, la culture est au cœur et le fondement de toute société, comme l’a relevé feu Léopold Sedar Senghor, l’ancien président poète et écrivain du Sénégal : “La culture est au début et la fin de tout développement”. Ce qui établit le lien avec le développement, au-delà de l’espace limité de la création artistique qui couvre les domaines de la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, la photographie, la peinture, la mode et le stylisme, le design, etc.

 

Pour comprendre les enjeux

Les modules partagés ont concerné l’environnement culturel tchadien, à travers le cadre institutionnel ; la communication pour la prévention des conflits ; l’écriture journalistique ; précis sur le journalisme d’investigation ; la critique d’art ; des études de cas sur la survenue de crise, son mode de gestion et de prévention ; le journalisme culturel ; comment couvrir les grands évènements culturels ; quelques aperçus de la politique culturelle au Tchad ; le rôle du journaliste dans la prévention de la paix, etc.

Emilie Droin, la Conseillère technique principale du Giz, à la clôture de l’atelier, a exhorté les participants de “réfléchir à ce que peut vous apporter la culture dans votre travail, allez vers les spectacles, nourrissez-vous et décryptez le travail des artistes, afin de les orienter vers le sens de la cohabitation pacifique. Gardez le lien entre vous et continuez d’échanger entre vous pour renforcer la collaboration, à travers une synergie dans vos activités”.

Le secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (Ujt), Manassé Gotingar, qui a clos l’atelier après les remises des attestations aux participants, a apprécié de manière positive cette collaboration entre son organisation et la Giz. “La Giz est un partenaire très fiable, qui nous accompagne dans ce travail d’amélioration et de renforcement des capacités, afin d’aller vers un travail plus professionnel pour servir la culture, socle du développement”, a-t-il reconnu.

Le projet “Lél-afé : culture et prévention des crises” est initié par la Giz. Il est financé par le ministère allemand des Affaires étrangères. C’est une grande première au Tchad, qui prend en compte la formation des journalistes sur les éléments culturels. Ce qui a été hautement salué par les participants.

Roy Moussa

 

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