Djangyo Meldang l’assistant de l’entraineur national lève un coin de voile sur ces difficultés et attire l’attention sur l’état de déliquescence d’une discipline qui peut porter le Tchad au firmament.
L’équipe nationale se porte très mal, annonce Djangyo Meldang à l’entame de l’entretien. Et la situation de la pandémie du coronavirus est venue exacerber l’état d’une équipe sans véritable ossature, qui a subi la déconfiture dernièrement au Cameroun. “Nous avions l’obligation de gagner les deux matchs qualificatifs pour l’afro basket, mais hélas ! Nous avons perdu la seule place qualificative pour l’afro basket du Rwanda 2021”, reconnait-il du bout des lèvres. La cause est que la plupart des joueurs sont bloqués à l’extérieur à cause de la pandémie, certains ont eu des contrats et sont partis à l’étranger. Il a fallu reconstituer l’équipe nationale avec ce qui est resté sous la main, c’est-à-dire des jeunes moins expérimentés. “Donc c’est comme si nous sommes allés apprendre à jouer au basket. Et c’est là où nous avons un problème crucial, il n’y a pas à la base la relève qui est préparée”, souligne Djangyo. Il reconnaît aussi que le sport est un jeu physique qui a ses limites et qu’on ne peut pas se maintenir perpétuellement en compétition. Il faut toujours songer à préparer la relève. Ce qui est en fait un problème d’ordre général dans toutes les disciplines au Tchad. Il avoue à propos de la relève que des centres de formation existent pourtant et sont sous la tutelle de la fédération qui est limitée. La plupart des entraineurs des centres sont des anciens joueurs qui veulent aider les cadets et jeunes à jouer et se maintenir au basket. C’est beaucoup plus du volontariat et de l’amour pour la chose, parce que cela ne paie pas. A N’Djaména, il y a 10 centres et pour qu’il y ait la relève d’ici à cinq ans, il faut revenir à la base encadrer et encourager ces jeunes des centres, mais aussi les entraîneurs qui les animent. D’ici là si rien n’est fait, n’espérons pas avoir des joueurs compétitifs, si la ligue ne relance pas le championnat dans les trois versions. Il n’y a pas une vision à long terme du développement du sport, c’est pourquoi il plaide afin que le ministère en charge revoit sa politique du développement du sport.
Pour lui, le Tchad a beaucoup de basketteurs professionnels à l’extérieur, dont certains sont méconnus. Il informe qu’ils sont près de 20 aux États-Unis, en Europe et en Afrique. Sur le plan technique, le pays dispose des potentialités avec des joueurs de grandes tailles. Le plus souvent quand en sortie, les intérieurs qui sont de grandes tailles font vivre les matchs. De nos jours, il informe que les joueurs de grande taille sont beaucoup sollicités. Et que nos jeunes se caractérisent par cette fougue et rage de vaincre. Les faiblesses c’est d’abord le manque de travail individuel de nos jeunes. Ils attendent qu’une compétition soit annoncée avant de se mettre au travail. Dans l’équipe nationale il révèle que si vous prenez les joueurs individuellement sur le terrain, ils sont peut-être à 30% de leur capacité. Ils doivent apprendre à beaucoup travailler individuellement avant d’arriver en équipe nationale, où l’on est supposé être prêt à tout moment. “C’est pendant la préparation que d’autres apprennent ce qui n’est pas normal, lorsqu’on est obligé de leur rappeler des choses élémentaires” se désole-t-il. L’un des véritables problèmes aussi, c’est comment faire revenir les internationaux si les moyens ne suivent pas ? “Quand on parle de préparation en sport cela englobe beaucoup de choses. Aucun paramètre ne doit être négligé, sans quoi vous ne pouvez jamais produire de bons résultats et obtenir des performances” prévient-il. La question du retard dans les préparations trouve sa réponse selon lui, dans la lenteur administrative, dans les engagements qui est un véritable problème. C’est pourquoi, souvent c’est la fédération qui se démène et anticipe pour préfinancer, afin que les choses avancent. Mais la fédération est aussi limitée dans ses moyens avoue t-il. Ce qui engage souvent les responsables techniques à négocier avec les jeunes, qui s’entrainent dans des conditions difficiles. Ce qu’il qualifie d’un travail de sacrifice mais se demande jusqu’à quand cela va continuer? Il reconnait que les dates des compétitions sont annoncées un à deux mois à l’avance, mais pour disposer des moyens pour se préparer, c’est toujours difficile voir même très compliqué, puisque jamais l’équipe ne s’est préparée une seule fois dans le temps. L’absence d’un championnat réel depuis presque sept ans est une autre paire de manche. Cela par le fait d’un manque notoire des sponsors. Pour qu’il y ait un championnat efficace et dynamique, il faut des sponsors pour les équipes afin de stimuler la concurrence et la compétitivité justifie t-il. Il se rappelle qu’à l’époque où il était joueur de champ, il y avait des équipes telles que Postel 2000, Sner, Afribank qui rivalisaient d’ardeur, parce qu’elles étaient soutenues par des grandes sociétés et entreprises engagées dans le sport. Aujourd’hui, il reconnaît que sans les sponsors, les entraîneurs sont limités dans le travail, et c’est difficile de mettre la pression sur un joueur qui n’est pas lié à une équipe par un engagement. Et si des exercices physiques durs sont proposés et qu’il n’a pas les moyens de récupération ou de se payer des équipements adaptés, ce joueur ne reviendra pas sur le terrain. C’est pourquoi, Il demande de nouveau à l’Etat de revoir sa politique sportive avec les entreprises et trouver des solutions de sponsoring. Avec une situation peu reluisante de la sorte, a-t-on besoin de se battre pour briguer un mandat au bureau exécutif de la fédération. D’ici la fin de l’année nous serons fixés.
Roy Moussa