L’application du décret portant mise en quarantaine de la ville de N’Djaména rendu public le 6 mai, donne le feu vert aux forces de l’ordre d’arnaquer les citoyens qui sollicitent entrer et sortir de la capitale.
A l’entrée sud de la ville, Toukra se trouve être la délimitation à partir de laquelle personne ne peut franchir. Mardi 11 mai. A quelques mètres des lieux de contrôle, une armada de militaires, composée des hommes et femmes, les mains collées à la gâchette s’aperçoit. D’autres brandissent gourdins et chicottes, pour dissuader toute personne qui veut entrer ou sortir. Cela donne l’impression qu’un contrôle sévère s’opère. Or ces militaires laissent entrer ou sortir certains, pendant que d’autres sont refoulés. Certains passants véreux jouent le jeu du chat et de la souris avec les militaires.
Pour ne pas tomber dans les mailles, certains motocyclistes évitent la voie bitumée où sont postées les forces de l’ordre. Tel le cas d’un jeune qui habite juste derrière le campus universitaire de Toukra, qui en voulant se rendre en ville pour acheter des marchandises, aperçoit les militaires et dévie, pour être finalement rattrapé et renvoyé chez lui. Une dame qui veut se rendre à l’hôpital avec son enfant malade est également stoppée, mais devant son insistance elle est autorisée à franchir la barrière. Le contrôle a l’entrée qui doit être sévère comme annoncé par les autorités, ne l’a été véritablement qu’au premier jour de l’entrée en vigueur de la mesure, informe un habitant riverain du poste de contrôle.
Les jours suivants, on a observé un relâchement des militaires chargés de veiller au respect des mesures. Ils y trouvent plutôt l’occasion de soutirer quelquefois de l’argent aux passants, afin de les laisser passer la frontière. Un chauffeur transportant trois femmes à bord de son véhicule en provenance du sud est intercepté mais il a rapidement glissé quelques billets de banque et l’accès lui est autorisé. Juste après son passage, deux jeunes hommes sur une moto, en provenance du même axe, et roulant à grande vitesse arrivent au lieu du contrôle. Ils sont accueillis par des coups de gifles de la part des militaires, parce qu’ils veulent forcer le passage. Après des altercations, c’est toujours au prix de quelques billets de banque que le litige se règle.
“Le premier jour du contrôle, les militaires ont strictement empêché tout le monde d’entrer et de sortir. Mais maintenant, le contrôle baisse en intensité dans tous les sens”, confie une dame qui se plaît à observer la scène. Par ailleurs, c’est le contrôle du port obligatoire de masque qui est accentué dans les postes. Les militaires arrêtent tous ceux qui n’en portent pas, y compris les enfants. Sur cet axe, les gendarmes ont étendu leur zone d’opération jusqu’à Koundoul, où ils arrêtent tous ceux qui ne portent pas de masque.
Mendjiel Virginie, stagiaire