Telle est la sortie du Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap), le lendemain de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle du 6 mai 2024.
Le Gcap rappelle que ses membres militent ardemment pour que le Tchad reste une république dans laquelle chaque tchadienne et chaque tchadien, peut devenir président de la République. Il n’a aucun intérêt particulier à défendre, dit-il. Lutter pour les institutions inclusives est la forme la plus sûre pour garantir un Tchad pour tous, c’est pour assurer la stabilité et la cohésion sociale, par conséquent le développement du pays, insistent les membres du Gcap. Ils estiment que le Tchad n’a pas besoin des hommes forts mais des institutions fortes. Il n’est pas question d’avoir une seule famille accrochée au pouvoir ; il faut susciter des compétences variées des patriotes qui aiment leur pays, pour le Tchad qui gagne. “Nous avions dit, si vous voulez que notre pays change, cette élection ne vous apportera rien avec ce système en place et avec Mahamat Idriss Deby Itno au pouvoir, téléguidé par la France et les états-Unis d’Amérique pour leurs intérêts”, dénoncent-ils. Au contraire, relèvent-ils, cette élection est organisée pour rétablir trente autres années de règne des Itno. Un règne qui n’apportera ni paix, ni le développement. La preuve, le raz-de-marée attendu n’a pas eu lieu malgré l’immixtion inappropriée et irrégulière de certains chefs religieux pour entamer l’appel au boycott du Gcap. L’engouement clamé par certains observateurs achetés par des espèces sonnantes et trébuchantes est une honte, proteste le Gcap. L’utilisation abusive des ressources publiques a été effectuée en pure perte. “ (…) Le réel taux de participation atteint à peine 12,2%, soit 1 000 400 votants sur les 8 200 000 électeurs que constituerait le corps électoral (…)”. Le comble, de nombreuses familles ont enregistré plusieurs morts et des dizaines de blessés ; les statistiques exactes ne sont pas disponibles. A cela, s’ajoutent des centaines de personnes arrêtées, traquées et enlevées, etc. Tout cela n’est que le début d’une série de malheurs qui vont s’abattre sur le Tchad aussi longtemps que le régime Itno sera aidé à se maintenir au pouvoir, signale le Gcap.
Des lendemains de tous les maux
“Et voilà, nous y sommes. Les très tristes et dramatiques jours sont devant nous. Ces jours de mort ont déjà commencé avec leur réjouissance avec plus d’une centaine de morts en laps de quelques heures. Pourtant, il semblerait que la hiérarchie militaire aurait interdit des tirs de réjouissance, mais ce serait peine perdue. On est bien en présence d’une armée sans discipline qui sème la mort au lieu de défendre la population. Malheureusement, ces tueries risquent de se poursuivre dans le futur si rien n’est fait pour les arrêter. Déjà, au Sud du pays, à l’Est, au Nord et à N’Djaména, certains concitoyens sont traqués, emprisonnés et judiciarisés”. Le Tchad, relève le Gcap, est un pays en état d’urgence, pour ne pas dire en situation de guerre larvée, alors que c’est le contraire qui devait être attendue. Les partis politiques membres du Gcap, ne reconnaissent pas cette élection. “Nous dénions toute légitimité à cette élection. Pour nous, il n’y a pas eu d’élection. Et comme il n’y a pas eu d’élection, il n’y a pas de président de la République du Tchad car, un président de la République est un élu, voté dans des conditions régulières en termes de taux de participation, de la majorité ce, dans des conditions normatives, organisationnelles et opérationnelles requises. Monsieur Mahamat Idriss Déby Itno est un homme imposé président de la république par une élection irrégulière avec des résultats programmés et des intimidations militaires d’ampleur où les armes de tous calibres, étaient mobilisées et pré-positionnées sur le territoire national contre les populations”, déclarent-ils. “Mahamat Idriss Déby Itno est un président proclamé mais il n’est un élu”, tranchent-ils. Dans ce cas, poursuivent-ils, il ne peut se prévaloir d’une quelconque légitimité dans la mesure où la légitimité d’une élection se réfère à la reconnaissance et à l’acceptation par les citoyens, les acteurs politiques et la communauté internationale du processus électoral ainsi que des résultats qui en découlent. Et la communauté internationale ne se résume pas par les appels négociés de félicitation venant de tel ou tel président d’un pays ami.
Un Tchad séparatiste
“Vous qui ne vous reconnaissez pas dans cette élection et ses résultats, le Front de résistance pour les élections libres, inclusives et transparentes (Frelit) de Gcap vous lance un appel à mobilisation d’ensemble pour des actions de défiances politiques et civiques permanentes qui seront lancées bientôt sur toute l’étendue du territoire. (…) Et nous devrions en tirer des leçons si nous sommes réellement engagés pour une république unie, laïque et diversifiée où le respect mutuel est une règle institutionnelle. Si ce n’est pas le cas, ayons le courage de sortir de l’hypocrisie et d’envisager de nous séparer et de diviser le Tchad en deux républiques (…)”, tranchent les membres du Gcap.
Roy Moussa