Une cinquantaine d’arrestations, dix personnes blessées dont trois graves par balles réelles, c’est le bilan de la répression sauvage des forces de l’ordre lors de la manifestation publique du 8 mai organisée par la Coordination des actions citoyennes dénommée Wakit tama.
Une de fois de plus, la Coordination des actions citoyennes a appelé à une marche pacifique sur toute l’étendue du territoire et de la diaspora, samedi 8 mai. A N’Djaména, dès 6 h, les jeunes se sont mobilisés vers l’espace Fest’Africa, le point de rassemblement, comme l’a indiqué la veille, le coordinateur, Max Loalngar, lors d’un point de presse. Ils sont tombés sur un bataillon de défense et de sécurité composé majoritairement des militaires. Hostiles à tout regroupement, les militaires ont accueilli les manifestants par des tirs nourris de gaz lacrymogène. En même temps, des ils ont procédé aux arrestations.
Les organisateurs ont très vite changé de stratégie en appelant les manifestants à marcher dans leurs quartiers. Chasser le naturel, il revient au galop. La routine s’instaure d’elle-même. La chasse-poursuite des manifestants a commencé dans les quartiers. “France hors du Tchad!”; “Macron occupe-toi de tes oignons!” ; “Bertrand Cochery, ne te mêle tes affaires des tchadiens!”; “Non à la monarchisation ou la confiscation du pouvoir !” ; “Oui à un dialogue vraiment inclusif”, etc. ont été des messages brandis sur des pancartes et bouts de papier par des manifestants qui ont réussi à se regrouper. Au passage, ils brûlent par-ci le drapeau français, par-là des pneus pour exprimer leur ras-le-bol du de l’implication et du soutien de la France au Conseil militaire de la transition.
Le piège administratif
Revigorés par la déclaration du ministre de la Justice, Mahamat Alhabo, qui a affirmé que les marches pacifiques sont autorisées par la Constitution, quitte aux forces de l’ordre d’encadrer les manifestants, les responsables de Wakit tama se sont rendus compte du piège de la nouvelle administration qu’au jour de la marche. Dans son speech de prise de fonction, le nouveau patron du département de la justice a surpris plus d’un. Il a trouvé incompréhensibles les pratiques policières qui consistent à réprimer, le plus souvent dans le sang, à opérer des arrestations massives des manifestants, etc. Mahamat Alhabo a promis remettre la pendule à l’heure. Liant l’acte à la parole, il a ordonnée la libération de tous les manifestants du 27 avril, sauf ceux qui ont été pris en flagrant délit de destruction de biens publics ou privés. Ainsi, les manifestants arrêtés ont recouvré leur liberté à la veille de la nouvelle marche. Pendant ce temps, de son côté, le ministre en charge de la Sécurité publique publie un communiqué pour autoriser les manifestations, à condition que les organisateurs aient une autorisation de fonctionner, une autorisation dudit ministère, assumer toutes les dérives lors des manifestations. Le communiqué a été diffusé le vendredi à la fin de la journée. A lire entre les lignes, force est de constater qu’administrativement, la démarche édictée par le ministre avant toute marche n’est plus possible à engager pour obtenir le OK ! à l’organisation de la manifestation prévue le lendemain. Dans la foulée, la coordination a répliqué en maintenant sa marche qu’elle trouve légale en contestant la légalité du Cmt. Puis, peu de temps après, le ministère sort enfin un arrêté, tard la nuit, pour interdire systématiquement la marche. Motif : elle est non autorisée. NA