Le niet de Wakhit Tamma

Par arrêté N°546 du 13 août 2021, le Premier ministre de transition (Pmt) a nommé les membres du Comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni). Entre temps, Wakhit Tamma se dit indigné face à une telle décision qui n’a pas de fondement juridique, ni n’a eu son consentement.

Après moult tergiversations, le ministre chargé du Dialogue national et son équipe ont pu soumettre une liste d’acteurs pour composer le Codni, entérinée par arrêté du Pmt. Cet arrêté qui a surpris plus d’un, était attendu pour faire avancer le processus de la transition qui piétine depuis quelques semaines. Ce Comité d’organisation dirigé par le ministre de la Réconciliation comme président, Saleh Kebzabo de l’Undr comme 1er vice-président, Abakar Adoum Haggar (personne ressource) comme 2ème vice-président et Larlem Marie de l’Aplft, 3ème vice-présidente. Il est apprécié par les caciques du pouvoir et certains partis de l’opposition qui se sont engagés à contribuer au processus actuel de transition (selon leurs propres termes). Mais quelques autres organisations disent niet. Elles ne sont pas partantes pour être responsables de l’échec du dialogue. C’est l’exemple de la Coordination des actions citoyennes Wakhit Tamma qui a marqué un désaccord total à cet arrêté qu’elle trouve sans fondement juridique et ne révèle que des manœuvres du Conseil militaire de transition visant à diviser la plateforme. Dans cet arrêté nommant les membres du comité d’organisation, des places ont été accordées à toutes les corporations des forces vives de la nation. Au sein de la plateforme Wakhit Tamma, il y a deux de ses membres, l’Union des syndicats du Tchad (Ust) et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (Ltdh) qui ont chacune une place. Cependant, puisque durant tout le processus, toutes les institutions faisant partie de Wakhit Tamma ne veulent pas s’associer à quelques activités que ce soit, tant que la Charte de transition n’est pas révisée, au lieu de les inscrire nommément sur la liste du Codni comme les autres, ce sont les noms de leurs organisations qui figurent dans le décret.

 

Non au service du mal et de la médiocrité

Lors d’une conférence de presse tenue le samedi 14 août 2021, Wakhit Tamma choisit de continuer à occuper la rue, tant que ses exigences ne sont pas prises en compte par le Cmt, jusqu’à ce que naisse une véritable démocratie. “S’agissant du dialogue national, la position de Wakhit Tamma ne souffre d’aucune ambigüité. Tout en affirmant ne pas rester en marge de ce rendez-vous essentiel pour le Tchad que nous envisageons sous la forme d’une Conférence nationale souveraine, avec des règles claires garantissant l’inclusion de tous  et le bien-être de la population, nous avons exprimé notre rejet des messes similaires aux fora du Mouvement patriotique du salut (Mps) ayant accouché la calamiteuse 4ème République”, déclare Max Loalngar, coordonnateur de Wakit Tamma. Pour lui, “l’Ust et la Ltdh bien que citées, sans consultation, pour faire partie de ce fallacieux Comité de préparation, refusent de se joindre à cette mascarade”. Entretemps, un peu plus dans la matinée du samedi 14 août 2021, l’Union des syndicats du Tchad (Ust) a publié un communiqué de presse signé par le vice-président, Younous Mahadjir, pour informer l’opinion qu’elle n’est ni de loin ni de près concernée par l’arrêté N° 546 nommant les membres du Comité d’organisation du dialogue national inclusif. A son tour, le président de la Ldth, Max Loalngar, a souligné lors de la conférence de presse que son institution emboitera le pas à l’Ust pour que ses militants soient rassurés que personne ne va trahir le peuple.

Dans la matinée du vendredi 13 août 2021, le Haut représentant de l’Union africaine a rencontré les leaders de la Coordination des actions citoyennes Wakhit Tamma.

“C’est vrai que nous avions été reçus par le Haut représentant de l’Ua. Cependant, au cours de cette rencontre il nous a exposé comment il compte faire son travail et  a recueilli nos avis. Ce qui nous a un peu rassurés, même si  nous avions perdu confiance en l’Union africaine. Il nous a dit qu’il est là pour écouter, faciliter et accompagner. Mais, quoi qu’il soit arrivé, nous ne déserterons pas la rue tant que nos exigences ne sont pas satisfaites”, alerte Max Loalngar.

Minnamou Djobsou Ezéchiel