« Courrier du lecteur »
Pour redorer le blason de l’école tchadienne, le ministre de l’Education nationale, Moussa Kadam pense qu’il faut : « rehausser les taux d’inscription des écoles publiques à 2500 FCFA et la scolarité à 5000 FCFA par trimestre, afin de permettre aux établissements de disposer d’un petit pactole pour se prendre en charge ».
En réaction à la proposition du ministre de l’Education nationale, Djasrabaye Ngaba Kit, chargé de revendications au Bureau exécutif national du Set réagit : “Le Set rejette en bloc cette mesure que propose le ministre de l’Éducation”
« J’aimerais d’abord relever que l’école publique tchadienne est laïque, gratuite et obligatoire. La constitution tchadienne également admet la gratuité de l’école. Il revient donc au gouvernement de faire de son mieux pour rendre effective cette gratuité. Mais si aujourd’hui le gouvernement vient, par l’entremise du ministre de l’Éducation nationale, fouler aux pieds la gratuité de l’école, c’est que, sans le dire, il foule aux pieds la constitution puisqu’il s’agit évidemment d’un problème constitutionnel. Une telle proposition peut venir de n’importe quel ministre, je croirais, mais le ministre Moussa Kadam ? Quand il était passé à la tête de ce ministère, il avait pris de très bonnes décisions en affirmant qu’il veut rendre l’école gratuite. Raison pour laquelle, il avait, à l’époque, institué ce qu’on appelle Comité de gestion des établissements scolaires (Coges).
Dans ce comité, Moussa Kadam avait insisté qu’il n’est pas question de mettre “les frais d’inscription” mais plutôt “la contribution des bénéficiaires”. Autrement dit, on ne veut pas parler de l’inscription qui est interdite d’ailleurs par la constitution. En cette même année, il pensait déjà commencer avec la contribution des bénéficiaires avec une somme de 1250 francs, somme qui subira une réduction chaque année pour arriver à 0 franc CFA pour l’inscription et que les parents n’auront plus qu’à s’occuper de la fourniture scolaire et la tenue de leurs enfants. C’est justement dans cette logique que la notion de “l’éducation pour tous” a été prônée. Malheureusement, le ministre n’avait pas mis long à ce poste. Ceci a donc fait que son plan n’a pas été réalisé.
Lorsque le Syndicat des enseignants du Tchad était passé pour lui présenter ses civilités à l’occasion de cette deuxième nomination à la tête de ce ministère de l’Éducation, Moussa Kadam n’a pas manqué de dire qu’il est venu pour ressusciter le Comité de gestion des établissements scolaires (Coges) qu’il a entamé, mais qui n’a pas été mis en œuvre intégralement. Le Set attendait qu’il réduise plutôt les frais d’inscription. Mais curieusement, aujourd’hui, nous apprenons qu’il entend augmenter au contraire les frais d’inscription en ajoutant des frais de scolarité à verser par trimestre. C’est justement ce qui dérange le Set. En fait, lorsque vous avez un homme qui a donné sa parole et qu’après, il la remet lui-même en cause, nous voyons une contradiction dans les termes. Cependant, vu que le ministre Moussa Kadam a dit deux choses contraires, le Set choisit la meilleure, celle fondée sur la gratuité de l’école. Ce qui veut dire que le Set rejette en bloc cette mesure proposée par le ministre. D’une autre façon, il n’est plus question que cette mesure s’applique puisque les parents et les partenaires de l’éducation nationale n’adhèrent pas. D’ailleurs cette mesure est anticonstitutionnelle. Par conséquent, les parents d’élèves et d’autres partenaires de l’éducation ne partagent pas le même avis. Le ministre de l’Éducation nationale doit revoir sa proposition. »