Prévus initialement du 24 juillet au 9 août 2020 à Tokyo au Japon, les 32èmes olympiades ont été repoussées d’un an, pour cause de Covid-19. Les jeux sont officiellement lancés au pays du soleil levant, le vendredi 23 juillet 2021 pour durer jusqu’au dimanche 8 août 2021.
Ils ont regroupé : 205 pays, 5 continents, 11 092 athlètes (masculins et féminins), 33 sports dont 6 nouveaux admis (escalade sportive, karaté, skateboard, surf, basket-ball à trois et BMX freestyle), 50 disciplines et 339 épreuves sportives.
La pandémie Covid-19 a rendu les préparations difficiles et annulé certaines compétitions qui pourraient permettre d’évaluer ou de confirmer les niveaux de performance des athlètes. Les conséquences se ressentiront à l’heure du bilan sur l’organisation, les retombées économiques, le niveau des compétitions et sur les résultats sportifs. Surtout que l’ambiance et la ferveur qui caractérisent l’événement sont en partie virtuelles.
Tokyo 1964, ce sont les 18èmes jeux olympiques des temps modernes et la première sortie du Tchad dans une compétition sportive mondiale. Il était représenté par ses deux meilleurs athlètes, Mahamat Idriss (porte-drapeau), au saut en hauteur, et le jeune “gazelle” de 21 ans, Ahmed Issa, au 800 mètres (tous deux étudiants dans les instituts de sport en France). La délégation tchadienne était conduite par Doungous Moreau, directeur des Affaires étrangères et par ailleurs, président du Comité national olympique (Cno). Elle comprenait en outre, Diouf Ousmane, assistant technique français d’origine sénégalaise, chef de service de la Jeunesse et des sports et président de la Fédération de basketball.
Tokyo 2021 représente la 12ème participation du Tchad aux Jeux olympiques. Les résultats obtenus jusque-là sont certes, loin des prétentions et des espérances. Mais ils sont conformes aux possibilités et moyens très limités du pays. “L’essentiel est de participer”, disait le promoteur français des jeux, Pierre de Coubertin. Il ne peut en être autrement pour un pays comme le nôtre, en proie régulièrement aux multiples conflits armés et difficultés économiques.
Participer à ces jeux relève de la volonté et de la responsabilité politique de l’Etat. Le Comité international olympique (Cio) vient en appui, matériellement et financièrement au Comité olympique et sportif tchadien (Cost). Cette participation nécessite une préparation de tous les instants, un cadre de pratique et des équipements appropriés et un encadrement technique hautement qualifié. Ce dont le Tchad n’a pu disposer depuis son indépendance.
La délégation tchadienne à ces 32èmes Jo est conduite par le ministre des sports, Routouang Mohamed Ndonga Christian. Elle comprend entre autres, 3 athlètes inscrits dans 3 sports différents: Bachir Mahamat (athlétisme), Demos Memnoloum (judo, porte-drapeau), et Marylise Hourtou (tir à l’arc). Malgré les restrictions dues au Covid-19 et les difficultés financières qu’impose la transition en cours dans le pays au budget de l’Etat, les autorités tchadiennes ont fait le nécessaire pour marquer la présence du Tchad à cet événement regroupant les pays du monde. C’est tout à leur honneur.
En remettant le drapeau tricolore aux athlètes à la veille de leur départ pour Tokyo, le ministre des Sports leur a transmis également les encouragements et attentes de la nation. Il a émis le vœu, comme tous ses prédécesseurs, de faire retentir l’hymne national et de ramener des médailles. Une mission à l’évidence impossible, et les athlètes n’en pensent pas moins.
Les jeux sont terminés pour les athlètes tchadiens depuis le dimanche 1er août 2021. L’heure est au bilan et aux leçons à tirer de cette participation. Les résultats sportifs sont sans surprise. Pour les dames, en judo et au tir à l’arc, ils sont à mettre au compte d’une première participation. Elles doivent tirer personnellement les enseignements, ainsi que leur fédération respective, pour la prochaine olympiade de 2024 prévue en France. Quant à l’athlète Bachir Mahamat, déjà présent à Rio au Brésil en 2016, il réalise un temps de 47’’93 dans une série très relevée, améliorant ainsi sa performance qui était de 48’’59 aux précédents Jo. Cela peut être considéré comme satisfaisant pour sa fédération, même s’il ne bat pas le record du Tchad (47’’07), détenu par Ali Faudet, depuis 1992 en France.
Ces résultats soulèvent des vives réactions chez les jeunes sur les réseaux sociaux, notamment : “La voix du sport tchadien” et “Réseau des Citoyens”. Aussi compréhensibles qu’elles soient, et au-delà de toutes polémiques et critiques, justifiées ou non, ces réactions appellent à une profonde réflexion sur le sport tchadien. Cela fait bien longtemps que des voix se sont élevées pour attirer l’attention sur son déclin inéluctable. Elles ont semblé trouver un écho favorable auprès du défunt Maréchal Déby. Mais malheureusement, les sorties et promesses du premier sportif tchadien, comme organiser les états généraux de sport, n’ont été que pures illusions. La situation est si désespérante aujourd’hui que, la seule bonne volonté et l’audace du jeune ministre ne suffisent plus.
La participation à ces jeux est certes un geste hautement symbolique. Mais il contraste avec l’état de déliquescence actuelle du sport tchadien. En effet, les fédérations du football et d’athlétisme se sont vues retirer la délégation de pouvoirs, des saisies de l’organisation et de la représentation de leur sport à l’extérieur. Une décision qui heurte les instances sportives internationales. La mise en place d’un comité pour gérer les affaires courantes de l’athlétisme tchadien à la veille de ces Jeux olympiques illustre bien cette situation.
Ces actes démontrent les difficultés du ministre, de ses techniciens et conseillers, de faire comprendre à leurs partenaires du mouvement sportif, la nouvelle politique du département et la stratégie de sa mise en application. D’où leur incapacité à juguler les crises qui relèvent plus d’incompréhension et d’égo que de véritables conflits. Plus surprenant est le silence du Cost dont le rôle essentiel est d’assurer la représentation, la médiation et le conseil auprès des pouvoirs publics. Face à cette absence de dialogue entre les parties, il ne reste aux acteurs et amoureux du sport que de se mobiliser pour arrimer cette question aux thématiques qui seront proposées au dialogue national inclusif.
Bangali Daouda Boukar
Bureau d’Etude et Conseils en Sport
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