La Concertation des organisations de la jeunesse day (Cojed) de N’Djaména a organisé un point de presse ce mardi 30 juin à la Maison des medias du Tchad. Elle y a abordé les conflits récurrents éleveurs/agriculteurs qui sévissent dans la sous-préfecture de Bouna, dans le département du Bahr-Sara, province du Mandoul.
Objectif : informer l’opinion nationale et internationale sur le conflit éleveurs/agriculteurs entretenu par les autorités de la sous-préfecture de Bouna. Selon le coordonnateur et porte-parole de la Cojed, Frank Takaboy une menace de mort pèse sur le chef de village de Bouna. “A leur arrivé sur le site, l’éleveur Tahir, membre du collège des meneurs des allogènes, a menacé de mort le chef de village de Bouna en présence du sous-préfet et du commandant de brigade”. Vu la gravité du problème, la hiérarchie depuis Moïssala, a dépêché à Bouna Mahamat Mouli, commandant adjoint de la compagnie départementale de la gendarmerie nationale du Bahr Sara. Celui-ci arrive tard dans la soirée du lundi 22 juin. Mais “au lieu d’écouter la version des faits des parties en présence, le commandant adjoint aurait péremptoirement déclaré que la terre appartient à tous les tchadiens”, ajoute le porte-parole de Cojed. Une réunion de mise au point a permis aux représentants de la population locale de s’expliquer, le mardi 24 juin 2020, sur la présence des éleveurs au sujet de l’espace qu’ils cultivent depuis des siècles. Après une première descente sur le terrain, le sous-préfet, accompagné du commandant adjoint de la compagnie départementale de Bahr Sara et des notables locaux conduit une deuxième visite sur le site occupé par “le très agité Tahir qui a ouvertement agressé le sous-préfet, en lui assénant des coups de poing”, dénonce le porte-parole.
Ce conflit ne date pas d’aujourd’hui. Selon Frank, déjà en 2013, avec la complicité active de certains individus hautement placés dans l’administration locale, des centaines d’éleveurs en provenance de Kyabé et des localités environnantes, avaient été débarqués et installés par vague sur des espaces cultivables des paysans. Ceux-ci ayant constaté la présence massive des éleveurs et leurs animaux installés sur les sites des travaux champêtres, se sont offusqués contre cette présence envahissante des éleveurs. “Des heurts sanglants quasi permanents ont été signalés entre la population autochtone et les éleveurs notamment à l’approche de la saison des pluies et pendant des travaux champêtres”, explique le porte-parole de la Cojed. Frank Takaboye martèle que “le commandant de brigade de Bouna, Youssouf Abakar soutient les éleveurs”. Les autorités de Bouna ont tenté de régler la crise mais elle s’est plutôt empirée le 20 juin 2020.
Aussi, la Cojed demande-t-elle au président de la République de s’impliquer personnellement dans cette affaire pour trouver une solution aux deux parties. Elle recommande aux autorités “la relève immédiate du sous-préfet et du commandant adjoint de brigade et leur remplacement respectif par un administrateur et des gendarmes de formation aux compétences avérées, exemplaires et non corrompus; le transfert sans délai des éleveurs stationnés sur les champs des paysans de Bouna sur un autre site, afin d’éviter la réédition du conflit dans toute la circonscription de la sous-préfecture de Bouna”.
Mendjiel Virginie, stagiaire