Les centres sociaux implantés dans les arrondissements de N’Djaména, ne sont que l’ombre d’eux mêmes.
Son entrée obstruée par les vendeuses de légumes, les petits établis des vendeurs de lunettes correcteurs et les nombreux ambulants de divers articles, le Centre social n°1, situé au sud du marché central, face à la Polyclinique, est le plus ancien des centres sociaux de N’Djaména. Construit en 1945 par les coopérants français, il a été opérationnel à partir de 1952. Sa mission: aider les personnes en situation difficile. “Avant, nos activités étaient d’assurer l’administration du centre et de superviser divers services dont la nutrition, le développement communautaire, l’enseignement ménager, la protection maternelle et infantile; la formation, l’éducation et la communication ainsi que la vaccination des enfants. Mais depuis 2019, nous avons reçu un nouvel organigramme qui a concentré divers services: protection et développement de l’enfance, femme, équité et genre, action sociale et solidarité, protection des personnes handicapées et âgées”, renseigne Aché Laouane, la responsable adjointe du Centre social n°1.
Ces centres autrefois, ont fait le bonheur des mamans et des futures mamans. Il s’y effectuait normalement la vaccination, la sensibilisation des filles-mères sur la grossesse, la fabrication de la farine enrichie pour la bouillie des enfants malnutris, la couture, le tricotage, etc. Aujourd’hui, ce flambeau naguère tenu haut, est en train de s’éteindre. En outre, le non entretien des bâtiments qui se traduit à vue d’œil par leur vétusté et surtout, la paralysie des activités y relatives, sont en train de sonner le glas de la quasi-totalité de ces établissements à caractère socio-sanitaire.
Ainsi, tous les centres sociaux sont confrontés à moult difficultés dont l’accaparement de beaucoup de leurs activités par le ministère de la Santé publique. Mais leur véritable goulot d’étranglement résulte du manque de financement de l’Etat. Le cas du centre n°1 qui a été rebaptisé le 14 août 2005, centre Iza Koulamallah, en hommage à la fille du feu Ahmed Koulamallah, décédée dans un crash d’avion d’UTA (vol 772 victime d’un attentat à la bombe, le 19 septembre 1989 dans le désert du Ténéré) avec ses 5 enfants, est lamentable. Dans ce centre, il n’y a ni électricité, ni toilettes. Le centre ne survit que par la fabrication et la vente de la farine enrichie. “C’est grâce à la fabrication et la vente de la farine enrichie que nous avons quelque chose dans notre caisse et nous utilisons cela pour acheter des nappes et autres pour apprendre aux nouvelles stagiaires comment tricoter et faire des saisies et des photocopies des documents”, déplore la responsable adjointe. Avant d’ajouter: “grâce à la Fondation grand cœur, nous avons reçu des machines à coudre pour aider à la formation des filles-mères. Mais avant cela, il devait y avoir une formation de moniteurs et de monitrices qui a été suspendue, quand la pandémie de coronavirus est arrivée”.
Les centres sociaux de N’Djaména continuent de résister grâce à la donation des certaines Organisations non gouvernementales. Le centre Iza Koulamallah reçoit deux dotations annuelles de Relief islamic (mois de ramadan et fête de tabaski), mais ces dons n’ont pas été réceptionnés cette année, à cause de la pandémie Covid-19. Le Royaume du Qatar a choisi d’appuyer financièrement et matériellement trois centres sociaux pour la prise en charge des femmes démunies.
Un coup de main de l’Unicef
Ces derniers temps, une scène attire l’attention au sein du Centre social n°1. C’est la présence quasi-permanente des enfants de la rue qui y viennent nombreux pour bénéficier du repas. “C’est l’œuvre de l’Unicef qui a financé tous les centres sociaux de N’Djaména, au début de la pandémie de coronavirus. Depuis presque deux mois, nous préparons de la nourriture et entre 12 et 13 h, les enfants de la rue viennent manger. Et pendant qu’ils viennent, nous les enregistrons au fur et à mesure afin d’opérer un tri par catégories. Les mineurs seront reconduits dans leurs familles ou dans les orphelinats pour une prise en charge, et les majeurs quant à eux, bénéficieront de formations”, confie Aché Laouane.
Les responsables des centres sociaux ne savent plus vers qui se tourner. Tantôt les centres sont gérés par le ministère de la Santé publique, tantôt par celui de l’Action sociale devenu ministère de la Femme, de la protection de la petite enfance et de la solidarité nationale suite au remaniement ministériel du 14 juillet dernier.
“A chaque nomination, le nouveau ministre vient juste faire des visites dans quelques centres et après plus rien”, déplore Aché Laouane.
Modeh Boy Trésor