Les États du Sahel repensent leurs systèmes éducatifs

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Sahel relance financé par la Banque mondiale (Bm), le Tchad a organisé du 9 au 15 septembre 2024, une table-ronde des ministres en charge de l’éducation des pays du Sahel (Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad) pour discuter des stratégies d’amélioration de l’éducation dans les pays respectifs et des moyens d’accélération des engagements pris en vue d’approuver la feuille de route pour la mise en œuvre dudit projet.

Ce grand rendez-vous des ministres leur offre des opportunités de rencontre dans le but d’apprécier les progrès réalisés suite au diagnostic établi à partir du “Livre blanc sur l’éducation au Sahel” lors de la réunion ministérielle de Nouakchott du 1er août 2022. Pour les ministres, avec le projet Sahel relance, l’éducation devient le centre d’une préoccupation commune des états du Sahel. Car, elle est la pierre angulaire du développement durable. Dans cette logique, “investir dans l’éducation, c’est investir dans notre capital humain qui est le plus précieux. La priorité accordée à l’éducation est l’expression d’une profonde conviction que l’éducation est le moteur de tout progrès durable. C’est l’éducation qui fera avancer notre région vers les horizons nouveaux et prometteurs. C’est à juste titre que les pays du Sahel ont placé l’éducation au centre de leurs préoccupations”, a déclaré le Premier ministre Allah Maye Halina au cours de son discours d’ouverture avant d’alerter que la région du Sahel fait face à de nombreux défis qu’il faut surmonter pour atteindre un bon niveau d’accès à l’éducation et dispenser une instruction de qualité à l’ensemble de sa jeunesse. “Nos systèmes éducatifs sont confrontés à des problèmes tels que le taux brut de scolarité, une faible scolarisation des filles, un niveau de formation souvent inapropriée des enseignants et une insuffisance notoire des infrastructures éducatives”, a précisé le Premier ministre mentionnant au passage la vulnérabilité de nos pays face au choc climatique et aux défis sécuritaires relatifs au terrorisme et à l’extrémisme violent.

En invitant les ministres en charge de l’éducation à des échanges approfondis, féconds et riches, Allah Maye précise que les états du Sahel attendent avec beaucoup d’impatience et un vif intérêt les conclusions qui découleront de cette assise pour la redynamisation des systèmes éducatifs au Sahel. “Nous sommes à cet égard astreints à mutualiser et concerter nos efforts en adoptant une approche globale et en élaborant un plan collectif rigoureux, renforcé par une solidarité internationale efficace et durable”, souligne-t-il.

Le ministre de l’éducation nationale et de la promotion civique, Mamadou Gana Boukar, rappelle que le président de la République du Tchad a pris l’engagement de transformer notre système éducatif en un modèle de référence. “Un système qui prépare notre jeunesse à relever les défis de demain et à participer activement à l’éducation d’un pays au rendez-vous du progrès”, dit-il avant de renchérir que les actes qui seront adoptés serviront de bréviaire et de boussole pour la conduite éducative dans les pays du Sahel. Vision soutenue par Clara Desousa, directrice des opérations des pays du Sahel, représentante de la Banque mondiale (Bm) de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour qui, “cette table-ronde consacrée à l’éducation au Sahel et accompagnée par la Bm est une initiative qui permet aux pays du Sahel de réaffirmer leur engagement pour l’éducation”.

 

Des résolutions à l’issue de la table-ronde

Au terme des échanges, les responsables en charge de l’éducation ont unanimement exprimé leur disponibilité d’accompagner leurs pays respectifs à la réalisation des objectifs communs. Cette disponibilité va de leur satisfaction aux résolutions prises pour améliorer davantage le système éducatif au Sahel, telles qu’annoncées dans la Déclaration de Nouakchott et mentionnées dans le “Livre blanc sur l’éducation au Sahel”. Ainsi, 7 points définissent ces résolutions.

1 – atteindre un double objectif de renforcement des systèmes éducatifs au Sahel à travers la mise en place de l’Institut EduSahel et l’élargissement de l’accès à une éducation de qualité pour des millions de jeunes sahéliens vulnérables à travers l’approche innovante de l’école ouverte;

2 – valider le plan stratégique de l’Institut régional EduSahel qui illustrera très concrètement la volonté des pays du Sahel à oeuvrer collectivement à l’amélioration de l’éducation et surtout la qualité des apprentissages dans nos pays;

3 – adopter l’approche innovante de l’école ouverte et les résultats de l’étude de faisabilité y afférents comme étant un modèle flexible oeuvrant à assurer la continuité éducative et à améliorer l’accès à une éducation de qualité pour tous;

4 – approuver les arrangements institutionnels proposés avec la disponibilité de l’Association des universités africaines (Aua) à accompagner la mise en œuvre du projet régional Sahel relance durant sa période de préparation et de lancement, puis faciliter les concertations régionales en attendant la mise en place effective de l’Institut régional EduSahel;

5 – enjoindre les équipes techniques à s’atteler à la préparation diligente d’un projet de convention pour la création de l’Institut régional EduSahel;

6 – approuver la feuille de route présentée par les équipes techniques fournissant un cadre clair pour les actions à venir lors des prochains 12 mois et;

7 – demander aux équipes techniques d’élaborer un plan de lancement du projet régional Sahel relance qui couvrira la première année de mise en œuvre et garantira la bonne exécution des activités déterminantes durant cette période critique.

En remerciant la Banque mondiale et la République fédérale d’Allemagne pour leurs contributions au financement du projet régional “Sahel relance”, offrant ce processus d’échanges et de concertation, initié depuis décembre 2021 à la suite de la Déclaration de Nouakchott, les ministres sahéliens en charge de l’éducation se disent satisfaits des avancées significatives en lien avec la conception du projet d’engagement régional pour l’apprentissage et la collaboration en éducation, comme convenu lors de la réunion ministérielle de Nouakchott du 1er août 2022. “Nous notons avec satisfaction que cette réunion marque un tournant important dans notre collaboration régionale et réitérons notre engagement commun à améliorer l’accès et la qualité de l’éducation pour tous les enfants du Sahel. Nous demeurons déterminés à mettre en œuvre les décisions communément prises et à poursuivre nos efforts pour bâtir un avenir éducatif meilleur pour les enfants et les adolescents de nos pays”, déclarent les ministres.

Sont présents à la table-ronde, Jacques Sosthène Dingara, ministre de l’Enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales de la République du Burkina Faso, Yacoub Ould Moine, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique de la République islamique de Mauritanie, Pr Mamadou Saidou, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique de la République du Niger et Mamadou Gana Boukar, ministre de l’éducation nationale et de la promotion civique de la République du Tchad. Les ministres des pays membres du Sahel cités expriment leur gratitude au gouvernement de la République du Tchad, pour l’accueil chaleureux et l’organisation efficace de cette réunion, qui témoignent de l’engagement du Tchad pour la collaboration régionale comme moyen d’accélérer la nécessaire transformation des systèmes éducatifs des états du Sahel.

Toïdé Samson