A travers son roman titré “Les larmes de crocodile du Messie”, présenté à la bibliothèque nationale le samedi 31 juillet 2021, l’auteur Mbaïlassem Le Ndjéndoldé, pointe un doigt accusateur sur les humanitaires.
Les pratiques peu orthodoxes dans la conduite des activités des organisations humanitaires, sous-tendent le roman de 163 pages. Témoin de ces pratiques dont il a fait partie, l’auteur a fini par en être dégoûté, au point où cela a inspiré l’écriture de ce roman. Il a préféré les étaler sur la place publique, à travers cette fiction qu’habille l’ouvrage. Mbaïlassem se justifie par le fait que la littérature permet de développer les pensées et de s’ouvrir au monde. L’héroïne Fabiola est issue d’une famille mono parentale, qui a été contrainte de quitter le pays Kesh à cause d’un putsch. Les membres de la famille ont traversé des moments difficiles, des horreurs et atrocités, avant d’intégrer à l’étranger un camp des réfugiés. Avec ses parents, ils découvrent une nouvelle vie avec des insanités, humiliations et tortures morales. Ceux-là, qui sont au camp pour les aider à gérer ces moments difficiles, ont des comportements inhumains. Fabiola et sa famille finissent par obtenir les statuts de réfugiés urbains. Fabiola va bénéficier d’une bourse pour aller étudier la médecine au Cuba. A la fin de sa formation, elle est rentrée, passe son stage et se rend compte que la médecine est plutôt au service de l’argent. Elle s’est retrouvée dans un monde où tout le monde parle le même langage, celui de l’argent. Elle est sidérée de remarquer que tous ceux-là qui ont passé des années à étudier la médecine sont devenus des esclaves de l’argent. Elle choisit de claquer la porte et servir la société autrement.
Pour l’auteur, beaucoup de semblables traversent des moments très difficiles, créés et entretenus par ce qu’il appelle le Messie. Pour ce dernier, il y a des Messies un peu partout, même dans les familles. Il conseille de ne pas regarder de très près ceux-qui prétendent sortir les autres des situations de misère, mais plutôt de se poser la question, pourquoi ils donnent. Derrière chaque acte posé, dit-il, il y a toujours un intérêt caché. Pour lui, le monde est rempli de ces messies qui donnent en faisant croire à un avenir meilleur. Ce monde, confie-t-il, est cruel, inhumain, corrompu, parce que certains pensent qu’ils ont les destins des autres entre leurs mains.
Pour le chroniqueur littéraire Mbernodji Sosthène, l’auteur met en scène des protagonistes que la vie s’amuse à surprendre et à malmener, mais qui finissent parfois en beauté. Le titre est un emprunt de l’expression “Les larmes de crocodile”, qui est une formule désignant une manifestation émotionnelle fausse, non sincère ou hypocrite afin de tromper.
Le roman évoque sur fond de péripéties diverses, l’action humanitaire mise à rude épreuve sous différentes étiquettes. Ceux qui viennent sous le voile de l’humanitaire pour aider leurs semblables en détresse ne visent que le mercantilisme, le gain facile, et se servent de ceux-ci pour satisfaire leurs désidératas. Ces actions humanitaires sont une vaste escroquerie, de la tromperie.
Né en 1979, titulaire d’une maîtrise en droit et d’un master en relations internationales, Mbaïlassem Le Ndjéndoldé est actuellement en poste au Cameroun. Il est auteur d’un premier roman titré “Le banquet des vautours infectés” paru en 2016 aux éditions Sao. Il signe ce second qui vient de paraître aux éditions du Continent au Togo au mois de juillet 2021.
Roy Moussa