Alors que les vertus de l’allaitement maternel exclusif sont nombreuses, moins de 20% des femmes tchadiennes estimées à 52% de la population ne le pratiquent pas.
Le lait maternel est un aliment complet, riche en protéine et glucide qui contribue à la croissance du nouveau-né. Selon la spécialiste en Santé de reproduction et gynécologue obstétricienne, Dr Grâce Kodindo, “l’allaitement maternel exclusif est un processus au cours duquel lorsqu’une femme accouche et après une heure de temps, elle met en contact son bébé avec son sein pour le sucer, même s’il n’y a pas de production de lait en ce moment”. A ce sujet, relève Dr Grâce, “quelques aspects spéciaux sont à retenir. Psychologiquement, l’enfant étant en contact avec les seins de sa mère, non seulement se sent proche d’elle, mais en suçant les seins de sa mère, cause une production et un développement des hormones qui produiront trois à quatre jours du lait proprement dit pour en faire son unique et seul aliment pendant six mois”. Dr Grâce explique que durant cette période, ni de l’eau bouillie à base des écorces ou de feuilles de plantes, ni même l’eau simple ou tout autre aliment ne peut compléter le lait maternel. Sauf si cet enfant est malade et, sur prescription du médecin, peut prendre des produits médicaux.
Allaiter l’enfant exclusivement n’est pas fortuit à cause de ses vertus. “Le lait étant un aliment complet, contribue efficacement à la croissance du nouveau-né. Étant l’unique, il reste exclusivement le seul aliment de l’enfant et celui-ci ne fait pas de maladie telles que la diarrhée, la toux, car le lait maternel est stérilisé”, conseille-t-elle. Elle ajoute que l’allaitement exclusif est aussi avantageux pour la mère puisqu’il réduit les risques de cancer du sein et de l’utérus.
“C’est avec mon dernier enfant que j’ai su et découvert ce secret, qui est une garantie sanitaire pour l’enfant. Un enfant qui bénéficie de cette attention maternelle ne tombe pas malade, ne fait pas de diarrhée, il est toujours en bonne santé”, soutient l’agente de santé, Haranga Jacqueline. “S’agissant de ma propre santé, durant les six mois d’allaitement exclusif, je ne suis pas tombée une seule fois malade, non plus. J’avais entre autres la soupe, la bouille que je mangeais constamment pour produire en quantité suffisante le lait à mon bébé”, poursuit-elle. Je mange avant d’allaiter mon enfant parce que celui-ci n’a pas une autre nourriture que le lait maternel alors, il est judicieux de manger quelques heures avant et après l’allaitement, conseille-t-elle. Mère de six enfants, Haranga Jacqueline a pratiqué l’allaitement maternel exclusif avec son dernier enfant. Elle soutient que l’allaitement exclusif a été très bénéfique pour son enfant et elle.
Malgré les avantages que présentent l’allaitement exclusif, un grand travail de sensibilisation des femmes sur son importance reste à faire. En effet, beaucoup de femmes ne sont pas suffisamment sensibilisées ; d’autres ne s’y intéressent pas simplement. C’est l’exemple d’une dame qui ne pratique pas l’allaitement exclusif. Mère de deux enfants, “je préfère donner le lait en même temps que d’autres aliments à mon enfant. Dès mon accouchement, je donne de l’eau simple tiède en attendant la production du lait. Je l’alimente avec mes seins et du lait pendant au moins quatre mois avant d’introduire la bouille dans son alimentation en complément. Cette bouillie est faite grâce à la farine du mil, sorgho, du riz, enrichie de pomme, patate, carotte… Ces ajouts à la farine, contribuent également à la croissance de l’enfant. Quelques mois plus tard, j’ajoute de la soupe du poisson non salée puis salée pour varier la ration du nourrisson jusqu’à ce qu’il atteigne un an et demi voire deux avant d’arrêter son allaitement maternel. Pendant tout ce temps, je sais que mon absence pendant quelques heures ne joue en aucun cas sur mon enfant parce que celui-ci complète son allaitement grâce aux aliments précités. C’est pourquoi, je ne m’inquiète pas trop comme celles qui font l’allaitement exclusif et doivent être proche de l’enfant”.
Contrairement aux arguments de cette mère qui ne pratique pas l’allaitement exclusif, Dr Grâce Kodindo trouve que “ce n’est pas une affaire de riches ou de pauvres, moins encore de temps. Il faut noter que l’appareil appelé perçoir permet d’extraire du lait d’une manière hygiénique sans qu’il ne subisse une transformation quelconque pour alimenter l’enfant aux heures de travail. Rien à craindre, tout dépend de la volonté et la disponibilité”. Elle ajoute qu’il n’y a pas non plus un âge requis pour pratiquer l’allaitement exclusif. Tant que la femme a l’âge de procréer ou continue de donner naissance, elle peut le pratiquer et cela dépend totalement de sa préparation psychologique lors de la Consultation prénatale (Cpn) surtout mais aussi de la disponibilité de cette mère.
L’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef qui appuient le gouvernement tchadien dans le secteur sanitaire et pour le bien-être de l’enfant constatent que seulement moins de 20% de tchadiennes pratiquent l’allaitement exclusif. Les femmes sont interpellées à opérer un choix judicieux pour garantir une meilleure santé à leur bébé et à elles-mêmes.
Larkong Liguirgueu Nadège, (stagiaire)