Le classement mondial 2023 de la liberté de la presse établi par Reporter sans frontière (Rsf) révèle des évolutions majeures et parfois radicales, liées à une instabilité politique, sociale et technologique. Le Tchad occupe la 104ème place. Pas fameux, il a régressé de 7 places. :
En 2022 au Tchad, figure en mémoire les assassinats de deux de nos confrères : Orédjé Narcisse de la radio Céfod, fauché par balle lors de la manifestation du jeudi 20 octobre, et Évariste Djailoramdji, correspondant de la radio Lotikoh, tué en février, alors qu’il couvrait une tuerie communautaire dans le village Sandana.
Les effets de l’industrie du simulacre
Le rapport 2023 est axé sur les dangers de l’industrie du simulacre. Il met en lumière les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique sur la liberté de la presse. Dans 118 pays, soit les deux tiers des pays évalués par le classement, la majorité des répondants au questionnaire signalent une implication des acteurs politiques de leur pays dans les campagnes de désinformation massive ou de propagande, de manière régulière ou systématique. La différence s’estompe entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artéfacts, mettant en péril le droit à l’information. Les capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu’elles affaiblissent le journalisme lui-même.
Pour le secrétaire général de Rsf, Christophe Deloire : “Le classement mondial prouve l’existence d’une très grande volatilité des situations, avec des hausses et des baisses importantes, des changements inédits, par exemple la hausse de 18 places du Brésil et la chute de 31 places du Sénégal. Cette instabilité est l’effet d’une agressivité accrue du pouvoir dans de nombreux pays et d’une animosité croissante envers les journalistes sur les réseaux sociaux et dans le monde physique. La volatilité est aussi le produit de la croissance de l’industrie du simulacre, qui façonne et distribue la désinformation, et donne des outils pour la fabriquer”.
Roy Moussa