Mobilisation des artistes contre la Covid-19

Selon le coordonnateur de la Conat Masngar Jonas Massengo, le ministère du Développement touristique, de la culture et de l’artisanat, sollicite en urgence un plan d’action des différentes corporations artistiques et culturelles, pour leur engagement dans la sensibilisation contre la Covid-19.

Une rencontre de la Coordination nationale des artistes tchadiens (Conat) avec les différentes corporations, s’est tenue le samedi 9 mai à la Maison de la culture Baba Moustapha. Des débats ont eu lieu pour cerner les contours d’une telle sollicitation, tant le rapport entre les artistes et le ministère a toujours été inamical et conflictuel, quand il est question d’argent à décaisser. A l’issue de cette rencontre, chaque corporation présente a établi un plan d’action assorti de budgets, afin que les activités proposées soient prises en charge. Mais au regard de la situation sanitaire d’urgence liée à la pandémie du Covid-19, les artistes ont été certes réceptifs, mais aussi prévoyants.

Conditionner les actions de sensibilisation par la distribution des vivres promis

Les responsables des corporations ont rappelé à la Conat que le chef de l’Etat a promis dans les mesures sociales, la distribution des vivres aux populations. Or jusque-là, ce n’est pas effectif dans les dix arrondissements. Pour eux, demander aux artistes d’aller sensibiliser cette même population confinée et qui n’arrive pas à joindre les deux bouts relève de la gageure. Ils disent clairement ne pas vouloir être complices du gouvernement, au risque de jeter un discrédit sur leur métier. C’est pourquoi, ils insistent auprès de la Conat pour rendre compte fidèlement au ministre de cette préoccupation: faire précéder les actions de sensibilisation par la distribution des vivres, ou alors le faire simultanément.

Les montants des plans d’action proposés par les différentes corporations, sont les suivantes. Cinéma (14 millions francs CFA), théâtre (41.400.000 francs), littérature (25 millions), musique (68.650.000), danse (15 millions), art plastique (30 millions) et art culinaire (27.625.000). Des montants qui prennent en compte la duplication de ces activités à l’intérieur du pays.

La question des droits d’auteur pour les œuvres collectives à produire n’a pas été perdue de vue. Tout comme l’engagement de certains artistes, qui, de leur propre chef se sont investis de façon volontaire dans les campagnes de sensibilisation, en offrant des dons. Et cela, appuyé par quelques rares partenaires.

Rarement dans le milieu artistique et culturel, on assiste à une telle union sacrée. Surtout qu’il est question du nerf de la guerre contre le coronavirus. La question qui taraude les esprits c’est pourquoi le ministère et la Conat ont attendu pratiquement deux mois, après le premier cas suspect déclaré, pour prendre le train en marche? Les artistes ayant pris sur eux l’initiative de contribuer à la sensibilisation avec leur propre moyen, doivent-ils suspendre leurs actions en cours et intégrer le plan global que vont décider le ministère et la Conat? Quelle évaluation doit-on faire de l’impact de leur descente de terrain? Autant de questions à poser.

RM