Moussa Rémadji Aimé se retrouve au cœur de la musique tchadienne portée par la génération actuelle des artistes musiciens. Il est auteur, compositeur, interprète et instrumentiste. Entre les musiques gospel, tchadienne et la world, il porte à merveille sa musique du haut de ses 1,92 m avec un timbre vocal remarquable, qu’il réussit à adapter aux genres musicaux avec lesquels il flirte sur des thèmes divers.
Né à Brazzaville sur les rives du fleuve Congo, et benjamin d’une famille de six enfants, Moussa Rémadji Aimé a grandi au Tchad. Très jeune, il aimait beaucoup chanter au point que son regretté cousin, Hissein Abdoulaye, le fait intégrer la chorale “Les pépinières” de l’église Assemblée chrétienne de l’avenue Mobutu. Il s’étonne qu’au sein de la chorale, la section chant est réservée aux filles. Il y passe tout de même le test et se fait remarquer par son timbre vocal et son aisance à chanter. Il va s’épanouir à l’intérieur, jusqu’à l’obtention de son bac littéraire. Puis, il choisit le Nigeria comme pays d’études en administration des affaires, et y séjourne de 2005 à 2009. Là-bas, au pays du mythique Fela Ransome Kuti, Aimé prend le temps de travailler la musique, ratisse large dans les genres et n’hésite pas à embrasser les rythmes divers qu’il adapte. De retour au pays, il complète ses études par une formation en administration générale et, en 2016, décide de se consacrer à la musique. En plus d’un album gospel réalisé, il a produit un maxi single de sept titres, qui met en valeur ses talents remarquables de musicien. Il est étiqueté chanteur engagé pour certains de ses titres aux thèmes accrocheurs, qui interpellent, mais, il ne manque pas aussi de dénoncer les travers de la société ou de magnifier la femme s’il le faut. Moussa Aimé qui, au départ, était une voix sur les ondes des radios de proximité, est devenu un visage familier aux looks particuliers, depuis qu’il a commencé par arpenter les différentes scènes et a réalisé des clips et audio, seul ou en collaboration avec les artistes locaux et internationaux. Véritable chef d’orchestre, il assume la direction artistique de ses productions avec maestria.
Le trait d’union
Aujourd’hui, l’artiste se définit comme le trait d’union de la musique tchadienne, et se veut à équidistance des générations ancienne et actuelle. Au point ou, il n’hésite pas à interpréter et/ou reprendre les chansons d’hier, à l’exemple de sa collaboration avec Masdongar Clément, sur sa célèbre chanson “Mariam”, avec Maoundoé Célestin, sur son titre “I am a lion”, ou avec le béninois Petit Meguilito, etc. Comme modèle de référence, il n’hésite pas à citer ses ainés Kaleb Rimtobaye, le leader du groupe H’Sao avec son concept d’Afrotronix, Maoundoé Celestin ou Abdoulaye Nderguet, pour leur investissement dans la musique et le niveau auquel ils l’ont portée et hissée de manière remarquable. Des artistes qui, comme lui, peuvent réaliser des prouesses du genre remplir des stades, continuer d’être à l’avant-garde d’une musique élaborée et promouvoir véritablement la culture tchadienne à travers le monde. Mais, il admet que le revers est qu’il n’y a pas un véritable appui au niveau institutionnel du Tchad, ni des sponsors pour accompagner ces initiatives conséquemment. Il est aussi vent debout contre ces artistes locaux, qui s’empressent d’arriver sans un véritable travail à la base et dont les productions médiocres impactent négativement la perception de la musique tchadienne. C’est pourquoi, il n’est nullement complexé par l’absence des clips tchadiens, sur certaines chaines internationales, qui ne privilégient que l’aspect commercial au détriment de l’artistique et de l’esthétique. “Nous devons convaincre le public en proposant des œuvres de qualité et originale, afin que notre travail soit pris au sérieux et valorisé” plaide t-il. Il affirme qu’il vit bien de son art, et que même si cela ne l’est pas à 100%, il en tire un minimum vital.
Lauréat du Prix Acamod talent international, sa tournée sous régionale qui devait consacrer ce prix a été reportée pour cette année, à cause de la pandémie du coronavirus. Invité au Marché des arts et de spectacle africain (Masa) d’Abidjan édition 2020, il avait été bloqué dans cette ville à cause des fermetures des frontières. Ce qui ne l’a pas empêché de mettre à profit son séjour pour se former en ingénierie de son au studio et de développer un travail de collaboration avec des artistes de référence. 2021 est donc l’année qui verra l’aboutissement d’une partie de ses projets mis en veilleuse, depuis l’année dernière. Parmi lesquels, la sortie de son album tant attendu, dont les données, pour des raisons techniques, avaient été détruites involontairement au studio. “Actuellement, nous sommes au studio entrain de reprendre tout l’album, pour le lancer cette année”, rassure Moussa Aimé, dont les productions et sorties sont jusque-là, à la hauteur des attentes. A l’exemple de son concert de fin d’année du 30 décembre 2020, qui a drainé foule au Concept.
Modeh Boy Trésor