Proposition d’agenda d’un dialogue consensuel

Dans une déclaration commune faite le 10 décembre 2021 à N’Djaména, le Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin (Gra-appel du 1er juin), la Coordination des actions citoyennes (Wakhit Tamma) et la Plateforme de concertation de la diaspora tchadienne, ont sorti une proposition d’agenda du Dialogue national inclusif.
Le Comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni) s’active à rendre effectives les prochaines assises. Après avoir clôturé les consultations des forces vives tchadiennes, il a annoncé la semaine dernière, la tenue d’un pré-dialogue en mi-janvier 2022, avec les politico-militaires. Trois organisations citoyennes citées ci-haut ont rendu publique leur proposition d’agenda du Dialogue national inclusif (Dni) qui, selon elles, doit porter essentiellement sur les questions politiques et institutionnelles, deux problématiques où résident tous les problèmes majeurs du Tchad. Pour ces organisations, le dialogue national a pour objectif de permettre aux représentants de tous les Tchadiens de croiser leurs idées sur des sujets essentiels qui les divisent afin de trouver un consensus pouvant jeter les bases d’un Etat capable de conduire le Tchad sur le chemin de la justice, de la paix durable et de la prospérité. Bédoumra Kordjé, porte-parole de ces trois organisations citoyennes, estime qu’il est crucial que les forces vives s’entendent avant le Dialogue national inclusif, sur des sujets qui vont constituer l’agenda des assises. Il a souligné que le pré-dialogue doit inclure sans discrimination toutes les forces politico-militaires et les forces vives de l’intérieur comme de l’extérieur, et que la sécurité des participants au dialogue et la révision de la charte de transition devront y trouver une solution afin de créer l’apaisement et la confiance nécessaires à un dialogue national inclusif. Pour réussir cela, les trois organisations citoyennes proposent un agenda et des conditions pour un dialogue réussi.
De leur point de vue, le dialogue doit porter sur la refondation de l’Etat tchadien dans toutes ses dimensions et sur les dispositifs de sécurisation. Mais au regard des préoccupations largement exprimées, cette plateforme citoyenne relève que les assises du dialogue doivent porter sur deux grandes thématiques : “la refondation et la forme de l’Etat, les institutions et les textes y afférents” et “la conduite de la transition”.
Sur la première thématique, il faudra aborder la question de la refondation et la forme de l’Etat : Etat centralisé ou fédéral, partage de pouvoir, démocratie et libertés fondamentales, questions culturelles et linguistiques, respect et prise en compte de la diversité des Tchadiens, vivre-ensemble, séparation des pouvoirs, accès aux fonctions de l’Etat, forces de défense et de sécurité, gestion des ressources du sous-sol, liberté et droits humains, etc.
La question de la nouvelle constitution, de la loi électorale et le découpage électoral, des dispositifs électoraux (structure d’organisation des élections, des orientations au futur gouvernement élu, en particulier sur le processus de vérité, réparation et réconciliation).
Sur la deuxième thématique relative à la conduite de la transition, il faudra se pencher sur la révision des textes régissant la transition (y compris l’assurance de l’inéligibilité des dirigeants de la transition aux élections à la fin de la transition et leur statut à la fin de leur mission) ; la définition et l’adoption des organes de transition (exécutif de transition, parlement de transition) ; la désignation des membres intègres, compétents et inamovibles des organes de transition ; les grandes lignes du programme de transition (référendum sur la constitution, organisation des élections, gestion saine du pays); et sur les mesures transitoires pour le contrôle et la gestion des forces de défense et de sécurité).
En ce qui concerne les conditions pour l’organisation réussie du dialogue, les trois organisations citoyennes suggèrent deux questions essentielles : la participation et le règlement intérieur du dialogue. Sur la participation, la plateforme estime que “toute crédibilité et l’acceptation des résultats du dialogue reposent sur la participation équilibrée et représentative de toutes les forces vives de la société tchadienne sans exclusion”. Concernant le règlement intérieur, la plateforme pense qu’il faut élaborer un règlement intérieur consensuel, notamment les règles de désignation des membres du présidium, de l’organisation des débats et les mécanismes de prise des décisions.

NDF