Trois figures emblématiques de la littérature tchadienne ont été distinguées et honorées pour leur engagement, soit pour avoir sorti de son hibernation la chose littéraire, soit pour avoir eu à traiter d’une pertinente thématique qui rend en écho le vœu cher des Tchadiens de vivre ensemble.
Institué depuis l’an dernier, le “Prix le souffle de l’harmattan” récompense des écrivains tchadiens qui se distinguent par leur talent et originalité. Une distinction sujette à des critères comme la production et la publication d’un texte prônant le vivre-ensemble ; le rôle pionnier dans des initiatives littéraires d’envergure et avant-gardiste ayant permis la promotion de la littérature tchadienne à l’échelle internationale, explique le directeur artistique du festival, Sosthène Mbernodji.
Trois hommes et une dame distingués
Il s’agit du défunt Hourmadji Moussa Doumgor, Marie-Christine Koundja, Pr Avocksouma Djona Atchénemou et Nocky Djédanoum. Ils répondent aux critères établis, poursuit Sosthène Mbernodji, voilà pourquoi ils sont sélectionnés pour être distingués sur la liste des nominés.
Le Grand prix le Souffle de l’harmattan 2020 est décerné à Hourmadji Moussa Doumgor, décédé le 5 juillet 2020 pour saluer son immense œuvre qui, longtemps après lui, continuera à éveiller les consciences. Durant sa vie sur terre Moussa Koro (son nom de plume) a écrit quatorze ouvrages presque dans tous les genres littéraires : des essais politiques, des nouvelles, des romans, une pièce théâtrale. “Ses livres : “Séquences de vie”, “Destins croisés”, “Racine retrouvée”, “Sang d’ailleurs”, “Les enfants de sang”, “Familles en lambeaux”, “La rue des flamboyants”, “Dans les tourmentes du Tchad”, entre autres “sont essentiellement des tranches de vie fondue dans sa culture au détour de la morale religieuse et des convictions profondes qu’il défendait”, justifie le directeur artistique du festival. Mais ses sujets de prédilection sont politiques, observe-t-il. Feu Moussa Doumgor s’est employé à analyser des situations et événements survenus au Tchad et dont les conséquences se répercutent encore de nos jours sur les populations …
Marie-Christine Koundja est la deuxième écrivaine à être nominée. Il lui est attribué le prix le souffle de l’harmattan de la Meilleure romancière tchadienne. C’est une reconnaissance à son immense contribution au rayonnement de la littérature tchadienne. Première romancière tchadienne, le directoire du festival estime que cette dame a brisé de nombreux tabous dans un pays où les préjugés ont été à l’origine d’une histoire mouvementée. Issue d’une union qui représente la jonction entre le sud chrétien et le nord musulman, elle a publié “Al Istifakh ou l’idylle de mes amis” ; “Kam-Ndjaha la dévoreuse”. Elle est la première femme auteure à publier sur l’histoire du Tchad. Son premier roman est l’histoire de deux jeunes gens qui décident de se marier malgré le refus de leurs parents en raison de leurs différences tribales et religieuses. Le roman se termine positivement, le couple vit heureux en France et Koundja utilise leur mariage pour symboliser les problèmes sociaux qui affligent la société tchadienne depuis 1979 et pour prôner une culture de pardon.
Le troisième écrivain distingué est le Professeur Avocksouma Djona Atchénémou. Il a gagné le Prix le souffle de l’harmattan du Meilleur roman 2020. C’est pour saluer son immense contribution au rayonnement de la littérature tchadienne. Un prix remis pour l’ensemble de ses romans. Le Professeur Avocks, comme aiment l’appeler ses connaissances a beaucoup publié. “Enterrons l’enfant de la veuve avec sa mère” chez l’Harmattan en 2013, “Golboglongui et son château de Sabanagli” chez Edilivre en 2015 ; “Le Ministre ouvrier” en 2017 aux éditions Mélibée ; “Moi, Ngadatna, le fils opposant : le livre du père et du fils” ; etc. “L’originalité de ses récits, la force de suggestion des images, la maîtrise de la syntaxe donc de la langue d’écriture, autant de qualités qui témoignent de l’immense talent du Professeur. Il fait de l’actualité un carburant romanesque”, souligne Sosthène Mbernodji.
Nocky Djédanoum reçoit le Prix le souffle de l’harmattan du Promoteur culturel 2020. C’est le premier écrivain à importer en terre tchadienne un grand événement littéraire dénommé Fest’Africa. “Ce grand événement littéraire organisé à N’Djaména en 2003 a donné de la visibilité à la littérature tchadienne dans la mesure où personne ne pouvait s’imaginer qu’un événement de cette envergure puisse se tenir un jour au Tchad. Nocky l’a relevé dans son interview lui-même quand il dit que nous, Tchadiens, avons une image tellement collée à la guerre que l’organisation de Fest’Africa au Tchad tient lieu d’un défi”. “Ç’aurait pu être au Sénégal. Ç’aurait pu être au Cameroun. Ç’aurait pu être en Côte d’Ivoire ou au Congo, etc., mais au Tchad, personne n’aurait cru”, avait dit l’heureux récipiendaire.
La cérémonie de remise des prix s’est déroulée, le 12 décembre au centre Al Mouna de N’Djaména, à l’issue de la 7ème édition du festival international “Le souffle de l’harmattan”.
Djéndoroum Mbaïninga
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