Des artistes internationaux notamment le burkinabé Jah Kassa et la Camerounaise Mama G, en passant par les valeurs sûres musicales que sont Moussa Aimé, Aimé Palyo, Lyncy, Béral Mbaïkoubou et autres, la communion a été assurée avec maestria, du 11 au 14 mai 2023.
L’espace Talino Manu et l’Institut français du Tchad ont vibré au rythme reggae, en hommage à Bob Marley décédé le 11 mai 1981, et qui a rendu universelle le genre musical reggae. Les deux scènes ont accueilli les artistes qui ont relevé le niveau du festival Afro’On, tant les prestations ont été de bonne facture, les messages directs à l’exemple de “Enfants du Tchad, du Cameroun, du Faso passons le message, nous voulons vivre dans la paix et la dignité”, fredonné par Jah Kassa, virtuose du balafon et instrumentiste du célèbre artiste Tiken Jah Fakoly, ou encore “Africa, réveille-toi” qu’appelle Moussa Aimé, ainsi que l’interaction assurée avec le public. L’humoriste et écrivain Djigri Parterre y a contribué avec sa touche particulière qui a toujours procuré des moments de bonheur au public. Sa prouesse est celle d’avoir réussi à faire remonter sur scène l’ossature du légendaire groupe Tibesti, qui a disparu des scènes il y a belle lurette. Aimé Palyo, Ndem Palyo, Emmanuel Ndobalet ont été d’abord surpris, avant de se prêter au jeu avec joie. Des reprises des chansons de Bob Marley, il y en a eu. Les répertoires personnels ou de groupe ont été revisités. Ce qui a donné du charme au festival, et laissé présager des lendemains qui chantent si le cap se maintient. Mais l’expérience a démontré qu’entre deux éditions, … suivez mon regard…
Des sueurs froides ont également coulé lorsque des instrumentistes, qui se supposent professionnels du domaine, ont eu d’abord du mal à mettre le pied à l’étrier pour accompagner certaines de ces grosses pointures. Mais l’art étant également l’adaptation et relève aussi du domaine de l’improvisation, ces écueils, qui n’ont pas échappé aux avertis de la sphère musicale ont vite été gérés. C’est là aussi le problème de nos artistes locaux qui, en l’absence des scènes pouvant leur permettre de se jauger et se remettre en cause s’il le faut, pensent qu’ils sont arrivés. Alors qu’il suffit d’accompagner un artiste international pour se rendre compte de leur propre tare, pour ne pas dire méconnaissance.
L’art est un métier exigeant qui nécessite beaucoup de travail. Ceux qui ont atteint des cimes sont là et le démontrent au quotidien, alors que sous le ciel tchadien, beaucoup ne voient que leur nombril. L’art, c’est également l’humilité, la modestie et passe par l’apprentissage. Ce n’est pas en se pavanant avec son instrument pour donner l’apparence ou de la contenance, qu’on devient artiste, surtout professionnel.
Célébrer ou commémorer la mort de Bob Marley
Le thème de cette année parle : “Musique, facteur de paix et de développement”. Lancer le festival le 11 mai est une date symbolique et commémorative du décès de Robert Nesta Marley alias Bob Marley à 36 ans. Tout un héritage continue de se perpétuer depuis le précurseur du rastafarisme Marcus Garvey, en passant par le légendaire Bob Marley, qui a fait de la musique reggae le support universel du rastafarisme, jusqu’à Guevara alias Radjilfal aujourd’hui, à travers le festival Afro’On.
A l’origine, le rastafarisme était une philosophie avant de devenir une religion, pratiquée par une communauté donnée, parce que ses messages sont inspirés et tirés des livres saints. Il prône l’amour du prochain, l’unité et la paix, mais surtout la justice et le droit. C’est également un mouvement parce qu’il prône le retour aux sources. Bob Marley a porté cette religion à travers la musique reggae qui est une musique identitaire, de revendication et de ralliement, devenu le support planétaire et universel des messages du rastafarisme.
Les deux promoteurs du festival que sont Guevara (reggae man) et Dj Boum (rappeur) ont initié ce festival en l’ouvrant à d’autres musiques et rythmes, et veulent en faire un creuset d’unité pour bâtir la paix et le développement, à travers une musique particulière, qu’est le reggae.
Pour la camerounaise Mama G., la pratique de la musique reggae est un grand exercice, parce qu’il n’y a pas assez de spectacles. “J’aimerais qu’on arrête d’attendre la période du 11 mai pour pouvoir faire des spectacles reggae. Parce que si en milieu d’année, nous avons trois à quatre évènements dédiés au reggae, cela permettra aux artistes d’être mieux connus. Mais si on attend juste le 11 mai, c’est un peu limitant”, constate-t-elle. Elle admet que le reggae lui permet de mieux exprimer ce qu’elle ressent.
Roy Moussa