A l’occasion d’un point de presse fait ce mardi au Centre culturel Al-Mouna, Me Sanna Dieudonné, avocat au barreau du Tchad, balaie d’un revers de la main les accusations portées contre son client, Salaye Déby Itno, frère cadet du chef de l’Etat par ailleurs ancien directeur général des douanes.
Suite à la noyade d’un présumé bouvier à Mabirio dans la sous-préfecture de Linia à une trentaine de kilomètres de la capitale tchadienne, le 28 avril 2020, Salaye Déby Itno a été accusé par la Convention tchadienne des droits de l’homme (Ctdh) comme coupable.
Au contraire, selon Me Sanna Dieudonné, l’organisation des droits humains a fait fausse route. “Dans la période qui a suivi les faits, était apparu un intermédiaire qui a fait malicieusement l’offre de sa médiation à Monsieur Salaye Déby Itno. Mais ne se reprochant de rien, ce dernier a décliné cette offre. C’est ainsi que cet intermédiaire va dénaturer les faits pour ensuite les porter à la connaissance de la Ctdh qui, au lieu de chercher à vérifier la véracité des faits, s’est arc-boutée sur cette information dénaturée alors que la méthodologie idoine usitée par toute organisation, fût-elle de droit de l’Homme, c’est d’effectuer au préalable une enquête sur les lieux des faits pour s’assurer de la véracité des faits avant toute autre action. Or, il est un fait indéniable que la Ctdh n’a pas effectué une descente sur les lieux. Sur ce point, elle ne dira pas le contraire”, explique Me Sanna Dieudonné.
Revenant sur les faits, l’avocat estime que les informations “précipitamment” publiées par l’organisation des droits de l’Homme contrastent avec la réalité. “Ce jour-là, la victime et son compagnon, le nommé Adoum Oumar, âgé de 16 ans, se sont rendus au bras du fleuve Chari, à quelques encablures du jardin de Salaye Déby Itno, non pas pour faire abreuver les troupeaux de chameaux mais plutôt pour se rafraîchir comme il faisait chaud. La victime s’était déshabillée pour aller se laver au fleuve; soudain, son ami Adoum Oumar s’était rendu compte que la victime se noyait. C’est ainsi qu’il cria au secours. Au demeurant, il ressort des images parlantes du corps repêché du noyé que la victime portait une petite culotte de bain; donc ces images apportent un démenti formel à ces allégations de la Ctdh précitées. Sur la contradiction sur le nom de la victime, le défunt s’appelle Hamid Saleh et non Moussa comme la Ctdh tente de le faire croire.
Par ailleurs, en date du 13 mai 2020, lors du point de presse du Collectif des associations de la société civile, il était révélé qu’en sus d’avoir provoqué la mort de Hamid Saleh, Monsieur Salaye Déby Itno a illégalement saisi son troupeau de chameaux. A ce sujet, Salaye Déby Itno met au défi ledit Collectif de rapporter la preuve de la saisie illégale des troupeaux de chameaux du défunt. En l’espèce, au stade actuel, au lieu d’attendre l’issue de l’information judiciaire ouverte, le Collectif des associations de la société civile fait hâtivement de Monsieur Salaye Déby Itno l’auteur du décès de Monsieur Hamid Saleh alors que sa culpabilité n’est pas encore établie”, poursuit Me Sanna Dieudonné.
L’avocat de se demander pourquoi à ce jour, les parents de la victime n’ont-ils pas déposé plainte contre Salaye Déby Itno, s’ils estiment que c’est lui qui est l’auteur du décès de leur progéniture?
Pour Me Sanna Dieudonné, en accusant hâtivement son client d’être l’auteur d’homicide, la Ctdh a savamment méconnu l’article 25 de la constitution de la République du Tchad selon lequel, “tout prévenu est présumé innocent jusqu’à l’établissement de sa culpabilité à la suite d’un procès régulier offrant des garanties indispensables à sa défense”.
“Ainsi, dans un Etat de droit comme le Tchad, jusqu’à preuve du contraire, notre client bénéficie, à n’en point douter, comme tout citoyen mis en cause, d’une présomption d’innocence. Jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées et ce, conformément aux grands textes nationaux et internationaux des droits de l’homme et de la disposition constitutionnelle susvisée”, défend-t-il.
Rappelons qu’en 2015, Salaye Déby Itno, en sa qualité de directeur général des douanes et des droits indirects à l’époque, a été inculpé des chefs d’infraction de détournement des deniers publics et d’enrichissement illicite puis placé sous mandat de dépôt en date du 20 octobre 2015. A l’issue de l’information, par une ordonnance de non-lieu du 21 janvier 2016, le doyen des juges d’instruction en charge du 1er cabinet d’instruction près le Tribunal de grande instance de N’Djaména a dit qu’il n’y a pas lieu à suivre l’inculpé de ces chefs d’infraction à lui reprochés et a ordonné la main levée du mandat de dépôt décerné contre lui.
Alladoum leh-Ngarhoulem G.