Un mois après les agissements de certains membres du Haut conseil national de coordination pour l’accès au fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (Hcnc), compromettant l’accès du Tchad aux financements du fonds mondial Comme un garde-côte, Deby intervient pour éviter le naufrage.
C’est une situation qu’on peut qualifier de “putsch manqué” au Haut conseil national de coordination pour l’accès au fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (Hcnc). En juillet dernier, 3 membres du Hcnc reprochaient au bureau exécutif du Hcnc dirigé par Dihoulné Laurent de prendre les décisions sans consulter les autres membres, contrairement aux dispositions du règlement intérieur qui exigent la tenue des Ag tous les trois mois sans compter les sessions spéciales. Le bureau rétorque en avançant non seulement l’argument de la Covid-19 qui interdit les rassemblements mais dit avoir consulté les autres membres du Hcnc par télétravail. Il accuse en plus, les dissidents de tenir à l’organisation de l’assemblée extraordinaire afin de percevoir les miettes qui étaient de 200.000 francs pour chaque membre titulaire et 100.000 francs pour les membres non titulaires. Du côté des dissidents, l’on s’obstine pour organiser une Assemblée générale le 11 juillet. Cette assemblée générale va décider de la suspension bureau, du secrétaire permanent qui est recruté par un avis international, de la saisie du compte du Hcnc et du scellage de l’institution. Suivie d’une autre Ag qui désigne les nouveaux membres du bureau.
Un longue feuilleton judiciaire est entamé au tribunal de grande instance de N’djamena depuis plus d’un mois à ce sujet. Après une première audience, ni les dissidents, ni leur conseil ne se sont présentés devant le procureur de la République. L’audience est reportée au 20 août mais une grosse pluie s’abat jusqu’à la mi-journée entraînant un autre report. Mais en attendant la sentence de la justice, le président de la République Idriss Deby a déjà tranché. Le 12 août dernier, il a dissout tous les membres du Hcnc par un décret, réduisant leur nombre de 56 à 30, soit 15 titulaires et 15 suppléants qui n’ont droit à la parole qu’à l’absence de leurs titulaires. Cette réduction permet selon le secrétaire permanent, d’équilibrer le nombre des représentants, qui était précédemment dominé par la société civile. Les 15 sièges sont répartis équitablement entre les représentants du gouvernement ( ministère de la santé publique, de la fonction publique, de la femme, de la justice et du plan suppléés par leurs collègues de l’agriculture, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, des finances et de la défense), les organisations de la société civile nationale et les partenaires techniques et financiers. Seulement, trois membres de l’ancienne équipe se retrouvent dans la nouvelle et c’est l’actuel ministre de la santé publique et de la solidarité nationale, Dr Abdoulaye Sabre Fadoul qui, par un arrêté, s’est désigné président pour mener le Hcnc . Mais à peine la nouvelle équipe installée, des bisbilles tournent déjà au toujours d’un des représentants de la société civile nationale en la personne de Moussa Mougang Gérard, qui fait partie des instigateurs de l’Ag controversée de juillet.
Finis les jetons de présence juteux après chaque session. Le décret du 12 août ramène les perdiem de 200.000 et de 100.000 francs à 30 milles après chaque session quelqu’un soit sa durée. « Cette décision permettra de faire l’économie sur les ressources pour des produits pour soigner les malades que de se distribuer cet argent en jetons de présence » justifie le secrétaire permanent, Kodjirangué Ngartonan qui a retrouvé son poste.
Plus de peur que de mal
Dans son communiqué alarmiste du 17 juillet dernier, l’ancien président mettait en avant le risque de perte des subventions notamment de 9 788 677 euros, soit plus de 6 milliards de FCFA pour la lutte contre la Covid-19 et 61 302 241 d’euros, soit plus de 40 milliards de nos francs pour la lutte contre le paludisme. Le fonds pour la lutte contre la Covid-19 a été approuvé par le fonds mondial et le ministère de la santé publique est déjà entrain de l’utiliser. Les démarches pour le fonds contre le paludisme est également en bonne voie. « Pour nous, l’objectif est de faire en sorte que les tchadiens ne manquent pas les produits pour les trois maladies (Sida, tuberculose et paludisme). C’est pourquoi même étant à la maison, on a continué à travailler par mail avec les partenaires. Le 17 août dernier, on a pu soumettre la demande de subvention de 40 milliards de FCFA pour la lutte contre le paludisme. Le fonds mondial a demandé qu’on revoit quelques points et c’est déjà fait. Aujourd’hui, 31 août, on va envoyer la dernière version. Je crois qu’on a réussi a sauvé cette subvention » rassure le secrétaire permanent. Avec ce décret du 12 août, Déby vient de rétablir l’ordre afin de permettre au Tchad qui traverse toujours la période de la vache maigre, de remplir sa sébile.
Lanka Daba Armel