Après sa reconnaissance officielle comme parti politique, la première sortie du parti Les Transformateurs a drainé un monde fou à son siège pour suivre le message du balcon de l’espoir le dimanche 4 juillet 2021.
Une marée humaine a pris d’assaut les ruelles autour du siège de Les Transformateurs. Ce parti, qualifié de parti des réseaux sociaux par les hommes politiques (ex majorité) commence à effrayer ceux qui aspirent à diriger le Tchad après la transition. Le dimanche 4 juillet, la première sortie officielle de Les Transformateurs, après l’obtention de leur autorisation de fonctionner en tant que parti politique légalisé au Tchad a été gigantesque. Contre toute attente, le meeting tenu par son leader, Masra Succès, a bousculé la conception d’antan selon laquelle ce parti n’est connu que sur les réseaux sociaux. L’affluence du public en dit long. Elle efface de l’esprit les pratiques moyenâgeuses de l’époque débyenne où, à chaque fois que Les Transformateurs programmaient leur meeting au siège, la police bloquait littéralement tous les axes pour empêcher tout attroupement. Cette fois-ci, c’est une foule très nombreuse qui a répondu à l’appel pour recevoir “le message du balcon de l’espoir”. Message qui se résume autour de l’état de la transition, de la justice et de l’égalité au Tchad. Est-ce parce qu’enfin le parti est reconnu officiellement comme parti politique que tout ce beau monde a déferlé au lieu du meeting pour entendre ce que son président allait dire? Dans le tas, militants, sympathisants ou simples curieux se sont massés pour écouter le message. Dès l’entame de son discours, Dr Succès Masra dixit: “Nous ne sommes pas condamnés à vivre ensemble dans l’apartheid et l’injustice qui continuent. Nous voulons le plaisir de vivre ensemble dans la justice et l’égalité sans qu’aucun tchadien ne soit un tchadien de deuxième classe”. Pour lui, il n’est pas question de laisser le Conseil militaire de transition (Cmt) traiter les autres tchadiens des sous-citoyens dans leur propre pays, d’accepter de vivre ensemble dans l’injustice et l’apartheid, d’accepter de les laisser faire la pluie et le beau temps en étant juges et partis en confisquant le pouvoir par les armes et au bout, être candidats en espérant au final voler les résultats des élections. “Alors quoi de mieux que de nommer ses cousins, les gens de sa religion et les gens de sa province à la tête de l’administration du territoire, de l’armée, de la police et des autres institutions de l’état qui appartiennent à tous les tchadiens. Nous sommes un pays pris en otage depuis des décennies par moins de 10% de la population…” dénonce-t-il. La continuité que la junte au pouvoir tente à tout prix d’instaurer, les flagrantes nominations à des postes de responsabilité, les promotions aux grades supérieurs à caractère clanique et ethnique qui se pratiquent à outrance ont-elles renforcé le désir des masses populaires à regagner et militer dans Les Transformateurs, parti politique resté à l’écart et critique les actes que pose le Conseil militaire de transition (Cmt)? L’on ne peut affirmer avec exactitude la raison de cette mobilisation, mais, les militants de Les Transformateurs ont montré leur vif attachement au parti et à son leader.
Cette mobilisation est lancée au moment où le Tchad vit effectivement une situation grave et confuse. Car les autorités censées réunir les tchadiens autour d’une table pour un dialogue national et inclusif traîne le pas. Elles demeurent obnubilées par la soif de confisquer le pouvoir et ainsi pérenniser la continuité du régime de Déby en feignant d’oublier qu’elles sont des militaires et non des politiciens. La déclaration du président du Cmt à Jeune Afrique selon laquelle “Mon père serait fier de moi” prouve à suffisance que les autorités de la transition n’ont aucune volonté à conduire la transition selon le bon vouloir du peuple tchadien. Le fait que ce groupe de militaire veuille mettre vaille que vaille en place le Conseil national de transition (Cnt) avant le dialogue national inclusif, les nominations de 8 gouverneurs et le décret qui a gradé les commissaires de police tous ou à majorité du clan Déby sont les actes marquants qui participent de ce manque de volonté.
De l’autre côté, Succès Masra et la Coordination des actions citoyennes Wakit Tamma ne baissent pas les bras face à ce manque de volonté du Cmt à conduire une parfaite transition. Car, depuis que l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr) de Saleh Kebzabo et le Parti pour les libertés et la démocratie (Pld) de Mahamat Alhabo, ont accepté d’entrer dans le gouvernement de transition, bon nombre de tchadiens se sentent déboussolés. Pour ces derniers, ces deux grands partis politiques, en acceptant de souper avec le Cmt, “ont trahi leurs militants”. Et les jeunes, surtout, n’ont d’autre choix que de se tourner vers tous ceux-là qui luttent encore pour la libération du peuple tchadien. Car pour Les Transformateurs, il n’est nullement besoin de croire aux promesses mais ne croire qu’aux actes. Il n’est plus à démontrer que le peuple tchadien a été longtemps trompé et en ce moment, seuls les signes de bonne foi du Cmt peuvent sauver le Tchad de cette impasse qui risque de ramener le pays des années en arrière.
Minnamou Djobsou Ezéchiel