Yoboïdé, un allié frustré

Ce 3 août 2020 marque le 11ème anniversaire de la création du Parti démocratique et socialiste pour l’alternance (Pdsa).

11 années de marche politique. Le Pdsa a participé à plusieurs consultations électorales: législatives de 2011, communales de 2012, présidentielle d’avril 2016. Aux législatives 2011, soit deux ans après sa création, le parti a créé la mauvaise surprise au Mouvement patriotique du salut (Mps-parti au pouvoir) dans la province du Guéra, son fief électoral, décrochant deux sièges à l’Assemblée nationale. Les deux députés du Pdsa sont élus respectivement dans les départements du Guéra (Mongo) et d’Abtouyour (Bitkine). Lors des communales de 2012, le jeune parti a imposé une égalité au Mps dans les urnes, avec 7 conseillers municipaux chacun. Ce score lui donne le pouvoir de cogérer la ville de Mongo depuis 9 années.
A l’élection présidentielle d’avril 2016, le candidat du parti qui n’est personne d’autre que son président national, Malloum Yoboïdé Djéraki, s’est lancé en première position dans la course à la magistrature suprême. Un test de performance réussi. Le candidat du Pdsa est arrivé 5ème dans les urnes parmi les 13 candidats. “ça été pour nous un motif de satisfaction parce que nous sommes un jeune parti politique et nous nous sommes lancés dans la course avec peu de moyens”, se réconforte son président. Premier candidat investi, premier à déposer son dossier auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Malloum Yoboïdé Djéraki était également le tout premier adversaire à reconnaître la victoire d’Idriss Déby Itno.
Un calcul politique porteur, qui lui permet de reprendre sa place dans l’alliance politique, signée en 2011, qu’il a mise en veilleuse pour se présenter contre son allié. Aujourd’hui, le Pdsa s’impose dans le cercle des grands alliés du Mps.
C’est à ce titre que le parti a pris part sans relâche aux côtés du Mps au Cadre national de dialogue politique et lors des travaux du forum national inclusif. Mais le grand allié se sent moins récompensé.
“Nous déplorons aujourd’hui le comportement de notre allié sur certains nombre de sujets. Je ne sais pas quelle est la définition que le Mps donne à une alliance politique, mais comprendre que nous soyons exclus de la Céni alors que les textes ont clairement précisé que ce sont les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ou au conseil communal qui doivent y siéger”, fustige Malloum Yoboïdé Djéraki. Dans l’alliance politique Mps-Pdsa, il est clair que la Céni n’est qu’un élément de frustration parmi tant d’autres.
“Nous sommes la 5ème force politique dans la majorité présidentielle, mais nous n’avons jusque-là pas participé au gouvernement. Alors qu’à côté, il y a des alliés qui n’ont aucun poids politique réel mais qui se succèdent au gouvernement”, lâche le président du Pdsa.
Une colère qui prépare une nouvelle zone de turbulence dans l’alliance politique. D’ici novembre prochain, un congrès du Pdsa décidera de la marche à suivre vers les élections futures. Sans doute, le Mdsa va investir son candidat à cette occasion et définir la stratégie de mobilisation au-delàs de la province du Guéra.
“Pour les législatives de 2021, nous avons déjà identifié six circonscriptions dans lesquelles nous allons conquérir des sièges avec une sérénité. En tant que jeune parti politique, nous voulons évoluer progressivement pour gagner grâce aux moyens que nous disposons”, annonce Malloum Yoboïdé Djéraki.

Alladoum Leh-Ngarhoulem G.