Dans un entretien à bâtons rompus, le statisticien, défenseur des droits humains Bédaou Oumar Caman passe en revue l’année 2022 sous le prisme socioéconomique et politique. Sans fioriture !
Actualité oblige, quel commentaire vous inspire le décret portant nomination de Youssouf Boy directeur de cabinet civil du président de transition et les deux arrêtés à polémique portant l’un intégration à la Fonction publique et l’autre, remplacement numérique dans le corps de la police nationale?
La nomination de Youssouf Boy n’émeut personne. Il doit en principe être en prison. Curieusement, il est libre de ses mouvements. Dans quel pays peut-on détourner autant d’argent sans être inquiété ? Récemment, il vient de se déplacer vers le nord avec sa voiture dans un avion pour l’installation d’un chef de canton. Regardez l’argent qu’il a jeté à cette cérémonie ! Là où les griots se sont placés pour battre le tam-tam, il a couvert le plancher de nouveaux billets de 10 000 francs. Ce sont des actions téléguidées. Ce n’est pas Youssouf Boy qui fait à sa tête mais c’est le régime lui-même qui organise cela.
Quant au remplacement numérique, tout le monde s’en plaint. Maintenant, on veut recruter les policiers par quota, même pas par formation mais par ethnie. Les ethnies c’est rien, mais regardez le nombre des généraux. En 2020, Crisis Group a rapporté dans une enquête que nous avions 484 généraux. Actuellement, je crois qu’on doit être à 600 avec les nominations qui coulent comme de l’eau. Plus de la moitié des généraux sont du BET. Ils perçoivent chacun plus d’un million de francs par mois avec tous les autres avantages. Comment voulez-vous que le pays soit riche ? Je le dis haut et fort que les enfants du BET ont croulé le pays. Même le projet de réhabilitation du BET, ils ont pris de l’argent mais n’ont rien construit chez eux. Ils n’ont qu’à se ressaisir.
Vous êtes l’une des personnalités qui suit de près la scène socioéconomique et politique nationale. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en 2022 ?
Je suis déconnecté du Tchad, parce que c’est un pilotage à vue. On suit de très près l’évolution des actualités quand il existe des chiffres qui le montrent. Or, aujourd’hui, si vous prenez notre pays, tous les indicateurs sociaux sont au plus bas à telle enseigne que quand on évoque le mot Tchad, il désigne l’absence des libertés fondamentales et des droits. En matière de gouvernance, les indicateurs sont au plus bas au point de perdre le sens de la mesure même au compteur. Pour 2022, le bilan du régime ne porte que sur le sang. Parce que ce pays qui était plein d’humilité et d’affabilité, aujourd’hui n’enthousiasme guère. Les gens qui, au départ trépignaient de se rendre au Tchad, s’en détournent aujourd’hui. A cause de la réduction de l’espace des libertés, de la dégradation des valeurs, de la dépravation de ses mœurs, de l’immoralité et de la cupidité des pouvoirs publics et de l’absence de droit. La seule évocation du Tchad désigne l’antipode de la démocratie, l’antipode des libertés fondamentales et de l’excellence. Une telle désaffection à l’égard de notre pays annihile les raisons d’espérer. Pendant un certain temps, Déby a crié “ne volez pas… !”. Mais cet appel d’offre à l’orthodoxie financière est de nul effet. Le Tchadien autrefois connu pour sa probité et pour son honnêteté n’existe plus. On a même imposé un serment confessionnel pour bloquer la cleptomanie mais ça n’a pas marché.
Peut-on avoir plus de précision sur les indicateurs sociaux que vous venez d’évoquer ?
Si vous prenez les indicateurs d’il y a six ans, ils sont meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Mais il faut d’abord souligner que le Maréchal a laissé derrière lui un héritage d’abus. Pour la simple raison que le Tchad se fonde sur la gouvernance des Itno basée sur l’injustice, le népotisme, la promotion de la médiocrité, de l’incompétence et surtout, sur la hiérarchie du mépris. Vous êtes de telle ethnie, de telle communauté, même si vous avez une formation, vous êtes inférieur à celui qui est de l’ethnie qui gouverne. L’ivresse du pouvoir qui brûle l’esprit de certains individus est sans limite, puisqu’ils ont tous les droits et les autres tous les devoirs. La justice ne s’embarrasse pas des lois à telle enseigne que la démocratie tchadienne est classée 163ème sur 167 du monde.
Sur le plan économique, le Tchad était l’un des trois pays les plus pauvres du monde, classé 187ème sur 189, selon l’Indice de développement humain durable. Mais actuellement, il est classé parmi les deux pays les pauvres. Il dépasse seulement le Soudan du sud qui vient de naître. L’éducation qui est droit primordial, imprescriptible et inaliénable est détricotée, déstructurée et vidée de sa substance à telle enseigne que le Tchad est classé 126ème sur 195. Les jeunes tchadiens âgés de 4 à 18 ans, mettent seulement cinq années à l’école. Sur 100 enfants âgés de 6 à 12 ans exacts, 40 seulement sont au primaire (40%) ; les 60 ne vont pas à l’école. Au secondaire, le taux net de scolarisation est de 13,3%. Cela veut dire que sur les 100 jeunes tchadiens âgés de 12 à 18 ans révolus, 13 sont au secondaire et 87 n’y sont pas. Parmi ces derniers, il y a des gens qui n’ont jamais été à l’école et des déscolarisés. Une infime partie est au supérieur. Mais le gros morceau est au primaire qui monte le taux brut de scolarisation. Si on prend le taux brut de scolarisation de N’Djaména, il est de 108% ! ça s’explique : l’âge scolaire est de 6 à 12 ans, mais il y a des enfants de 14 à 16 ans qui viennent s’ajouter pour gonfler le taux brut de scolarisation.
Un autre indice extrêmement important est l’Indice de concrétisation des droits de l’enfant (Icde). Sur cet aspect, le Tchad est classé 196ème sur 196 pays. Cela veut dire qu’en matière de droit de l’enfant, le Tchad est le dernier pays au monde.
En matière de santé, le quotient de mortalité est de 72‰. Sur 1000 enfants qui naissent au cours d’une année, 72 meurent avant de fêter leur 1er anniversaire. Sur 1000 enfants qui atteignent un an, 133 meurent avant d’atteindre 5 ans. Donc, un enfant tchadien sur 8 meurt avant d’atteindre 5 ans. Et sur 100 000 naissances vivantes, 860 femmes meurent en donnant naissance.
Aujourd’hui, le Tchad est classé parmi les 21 pays les plus corrompus du monde (160ème sur 180) en 2005. Depuis, on n’est plus ressortis. Quant à l’efficience administrative douanière, le Tchad est avant dernier du monde. Il suffit de voir le faciès de nos douaniers pour se rendre à l’évidence.
Sur la compétitivité économique, le Tchad est le dernier. Idem sur les infrastructures où le Tchad est également dernier de l’Afrique. Pour la gouvernance, nos responsables analphabètes vieillissent à leurs postes, attachés à des errements que jadis ils avaient fait leur gloire dans le maquis. Tel a tiré sur un char, il est général à vie. Et pour cela, il occupe des postes ! Des jeunes de la haute sphère ayant fini leurs études, même au galop, sont propulsés à de hautes fonctions sans expérience. Nous avons un policier âgé de 11 ans ! Toutes les régies financières sont entre les mains des hommes, femmes et enfants du sérail. La morosité et le désarroi sont partout perceptibles au Tchad jusqu’aux moindres méandres de l’administration où, selon un rapport produit par la Banque mondiale en 2010 et qui est encore d’actualité, en moyenne, le fonctionnaire tchadien travaille 2 heures par jour et il a un niveau de la classe de 5ème. Regardez à quoi ressemble notre pays aujourd’hui. Il est devenu une plaque tournante de trafic d’armes, de drogue, de véhicules cambriolés, de contrefaçon de billets de banque, de trafic des humains. L’enlèvement et le trafic des humains sont devenus un art de vivre. Il suffit de voir les réseaux sociaux et entendre les nombreux communiqués radiodiffusés qui le prouvent. On enlève les gens pour aller travailler dans le BET ; ceux qui sont dans les mines d’or n’ont pas le droit de quitter.
Quel bilan faites-vous de la transition ?
Quand on fait le bilan de la transition, qu’est-ce qu’ils ont fait ? On a tué des gens à N’Djaména, Kouri Bougoudi, Sandana, Gounou Gaya, Danamadji, Kyabé, Kélo, Donia, Krim-Krim, Mangalmé et à Abéché, c’est le pire des cas, puisqu’on a tiré sur des personnes au cimetière en train d’enterrer les leurs massacrés ! L’affaire d’Abéché est entre les mains des organisations des droits de l’homme. A N’Djaména, lorsque nous avons manifesté contre le coup d’état perpétré, les militaires ont tué 17 personnes et une à Abéché. D’ailleurs en octobre, quand nous étions au Quai d’Orsay, nous leur avions dit que c’est un coup d’état. Parce que trois choses démontrent ce coup d’état. Premièrement, on a dit que le Maréchal est mort le 20 avril. Son fils Kérimo est venu dire qu’il est mort le 18. A cette date, Déby n’était pas au front. Deuxièmement, lorsque les militaires parmi lesquels des semi-analphabètes sont montés au pouvoir, nous avions dit que ce n’est pas normal. Une loi fondamentale qu’on écrit en un, deux à trois mois a été sorti en un rien de temps. Elle s’appelle la charte de transition, bien écrite et taillée à leur mesure. Cela veut dire que cette charte a été écrite deux ou trois mois à l’avance. Troisièmement, on attendait la position de la France estimant qu’elle allait condamner ce coup de force. Mais quand le président français Emmanuel Macron était venu aux obsèques de Déby, il avait dit : “Ni aujourd’hui, ni demain, la France ne laissera personne mettre en cause l’intégrité et la stabilité du Tchad”. La France a adoubé les militaires. Ces trois choses montrent que c’est un coup d’Etat. Et aujourd’hui, Salay (Saleh) Déby a posté que son frère a été tué par les militaires. Donc, c’est un coup d’Etat. On a raison de manifester. C’est pour cela qu’une grande manifestation a eu lieu le 14 mai. Tous les quartiers étaient sortis. La police était là pour encadrer la manifestation. Un itinéraire sur lequel il n’y avait pas des stations services de carburant avait été accordé aux manifestants. Le temps donné à la marche était cadré entre 7 et 10 h. Commencée à 9 h 30, la manifestation s’était terminée sans anicroche avec tous les discours prononcés. Les jeunes avaient applaudi la police. Personne n’a jeté un caillou sur quelqu’un et on s’est dispersé. Deux heures après, on apprend que la station Total du Palais du 15 janvier et celle de Sabangali ont été vandalisées. Les manifestants étaient-ils allés à Sabangali ? C’est d’un. Le deuxième point le plus important, c’est qu’une ou deux heures après ça, un véhicule à vitres fumées, sans immatriculation, est entré au sein de l’université Roi Fayçal (quelqu’un heureusement le filmait en vidéo). Ce véhicule a marché sur les étudiants. Ces derniers se sont mis à le poursuivre et à caillasser d’autres véhicules ce samedi-là. La nouvelle a fait le tour des autres établissements. Le lundi, tous les établissements d’enseignement se sont enflammés et se sont mis à casser les véhicules. On a accusé Wakhit Tamma. Ses dirigeants ainsi que Massar sont mis en prison. Où est la vérité ? Il y a eu des infiltrations…
Et la marche du 20 octobre dernier…
J’étais en France. Mais qui dit que ce sont les manifestants qui sont partis casser les sièges de certains partis politiques ? Est-ce que ce sont des manifestants qui ont cassé la maison de Me Kagonbé ? Nous sommes convaincus qu’on a infiltré des gens pour casser. Pourquoi les gens vont s’en prendre à des particuliers ? Mais revenons aux tueries. C’est l’Etat qui les organise. Aujourd’hui, on a une caravane de tueurs que personne n’arrête. Ils font le tour en tuant les gens. A Gounou-Gaya, Sandanan, etc. et surtout, à Kyabé et Mangalmé en plein dialogue national inclusif dit souverain. Personne n’a levé le petit doigt. Celui qui voulait parler en a été étouffé. La parole lui a été retirée. Ces tueurs passent à côté des militaires sans être inquiétés et ce sont les autochtones qu’on met en garde ! “Les gens-là, il faut les laisser tuer !”. Au Guéra, une milice d’autodéfense a été mise sur pied pour la circonstance. Je pense que chaque département doit posséder sa milice d’autodéfense pour arrêter ces massacres continuels. En ce moment, les tueurs sont dans la province du Moyen-Chari, précisément dans le canton Niellim. Il y a plus d’une semaine, ils ont brûlé trois villages. Il y a eu 5 morts. Qui dirige ce pays-là ?
Sur le plan financier, comment le Tchad s’est comporté en 2022 ?
En 13 mois, un individu a 200 milliards de francs CFA ! Gagne-t-il plus d’un milliard par mois ? Une telle personne n’est pas emprisonnée mais bénéficie plutôt d’une promotion ! Je ne me vante pas mais dans le journal Notre Temps n° 197 du 11 au 17 janvier 2005, j’ai écrit un long article qui a tenu sur trois publications sur le culte du pétrole. Dans le dernier numéro, j’ai fait des propositions parce qu’en ce temps, on ne parlait pas encore de la création de la Société des hydrocarbures du Tchad (Sht). Dans ma proposition n° 2, j’ai demandé la création de la Sht en tant qu’organe de conception, d’analyse, de propositions, etc. Elle doit ressembler à la Sonatrach d’Algérie qui est un bureau d’études qui a formé les gens. Son exemple est partout sollicité. Deux ans après, la Sht a été créée. Voilà qu’aujourd’hui, en 13 mois, la Sht produit 200 milliards à quelqu’un qui ne s’inquiète de rien. En 2016, on a trouvé 136 milliards chez Salay Déby. Après une détention préventive, on a déclaré un non-lieu. La même année toujours, 10,76 milliards de dollars ont été trouvés au Panama révélés dans “Panama paper”. Même si le dollar faisait 500 francs, cela fait 5 380 milliards. Or, en 10 ans d’exploitation de pétrole, des individus accumulent plus de 5300 milliards, ce qui est supérieur à ce qu’a engrangé les dix ans d’exploitation du pétrole pour le pays. En octobre 2021, c’est le scandale de “Pandora paper”. Le Tchad y a été cité parce qu’on a trouvé aux Seychelles une société qui possède des milliers de milliards avec trois actionnaires dont David Abtour, le fils de Georges Abtour, Youssouf Boy et Zacharia Déby. On place à la Sht des gens qui s’enrichissent. On les remplace par d’autres et les parents continuent à s’enrichir sur le dos des autres.
Quel constat faites-vous sur l’exploitation du gaz butane, de l’or, …
Depuis lors, personne n’a dit combien rapporte le gaz qui est aussi exporté sans qu’on le dise aux Tchadiens. L’or, l’uranium sont exportés sans qu’on en parle avec la complicité des Français. On les chasse des autres pays et ils se rabattent sur nous. Et avec tout ce dont nous disposons, nous sommes le dernier pays du monde ! C’est un pilotage à vue.
Bref, sur le plan économique, le Tchad n’a réalisé aucun progrès. Ses deux mamelles sont l’agriculture et l’élevage. Le pétrole, on n’a aucun chiffre, parce que le Collège de surveillance a été détruit. Il n’y a plus de suivi. Avant, on savait un peu des ressources directes et indirectes qui étaient 2,7 fois plus que les ressources directes. Depuis qu’on a sciemment détruit le collège, on ne sait même pas où vont les recettes du pétrole et du gaz. Entre l’élevage et l’agriculture, c’est le sang qui coule. On vous dit qu’on est en hausse mais comment ? Tous les champs sont détruits et l’inondation a complété le reste. Est-ce qu’il n’y aura pas une famine cette année ? En octobre, j’ai posté qu’il y aura une inondation sans précédent cette année. Des gens m’ont critiqué. “On n’a pas peur d’inondation comme on n’a pas peur des sanctions de l’Union africaine”, ont-il réagi. Et quand l’inondation a surpris, quelqu’un m’a écrit pour me demander de leur reposer la même question. Quand l’eau déborde à Sarh, à Moundou, on devrait prendre des mesures. Parce qu’à N’Djaména, c’est une confluence. Quand il y a inondation en amont, il faut s’attendre qu’il y ait aussi inondation en aval. Voilà qu’on a rien prévu et les gens ont été sinistrés sans un secours adéquat de l’Etat. Ce sont les ONG qui ont su faire ce qu’elles peuvent. Elles se sont essoufflées. On a jeté de l’argent moisi à Djarmaye, dans les cimetières, dans l’achat des V8 : 80 millions de francs. Une V8 peut construire combien d’écoles dans les villages !
Face à une telle injustice, que reste-t-il à faire ?
Quand les gens ont manifesté le 20 octobre, le pouvoir a déployé, surtout au sud du pays, tuer ceux qui possèdent le tricolore national dans leur chambre arguant qu’ils sont des militants du parti Les Transformateurs. Jusqu’aujourd’hui, des corps se retrouvent dans les fleuves Chari et Logone. Des corps charriés se sont retrouvés au Lac, témoignent certains. Dans les villes, l’on ne cesse de compter des morts. Tout récemment, un étudiant en 6ème année de médecine a été retrouvé mort. Personne n’a pipé mot. Ça n’émeut personne. Nous n’avons pas d’électricité, l’eau se fait rare dans les robinets à certaines heures. Maintenant, nous bénéficions de l’électricité parce que notre voisin est l’actuel Premier ministre. Le jour où il sera remplacé, nous allons retomber dans l’obscurité.
Vous peignez un tableau très sombre du Tchad…
Non seulement le pays a régressé sur tous les plans, mais nous sommes plongés dans une catalepsie comme si on vous a infusé de la drogue et personne ne réagit. Et comme si cela ne suffisait pas, maintenant, des choses contraires aux règles religieuses explosent dans la haute sphère et salissent davantage le Tchad. Ce n’est pas tout. Qui peut penser qu’un pays aussi pauvre que le Tchad puisse se permettre d’acheter un des avions le plus cher au monde ? Tout ça réuni, j’ai arrêté d’écrire depuis 2018. En novembre 2018, j’ai écrit dans le journal Abba Garde et en regardant la télé un soir, j’ai été menacé suite à cet article par le Maréchal sans dire mon nom qui avait promis de frapper. J’avais simplement repris ce qu’a dit le président américain Donald Trump (il n’avait pas tort) en nous qualifiant de pays voyou, infréquentable et de merde.
Sur le plan politique, la démocratie a reculé. Même si Déby a laissé derrière lui un héritage d’abus, les militaires au pouvoir avec à leur tête son fils ont fait pire que le père. Aujourd’hui, qui peut parler ? On a pris des Soudanais qu’on a armés et placés à Koundoul. En cas d’en cas, ils interviennent. Ils n’ont pas de parents ici. Lorsqu’on leur demande de tuer, ils le font sans remords. C’est qu’ils ont fait les 20, 21 et 22 octobre dernier et quand on transférait ceux qui ont été arrêtés au nord, une trentaine est morte en route. La Fidh a leur liste nominative. En une année (2022), l’on a dénombré près de 1000 morts. Ce sont les Toroboro qui ont tué les jeunes. Mais les jeunes ont encore 40 à 50 ans voire plus à vivre. Croyez-vous qu’ils vont croiser les bras ? Ils ne vont pas oublier ce qu’ils ont subi.
Tout est par terre et le Tchad ne saurait être restauré dans sa splendeur d’origine. Et pour sortir de cette crise-là, il faut arrêter avec le système Déby.
Interview réalisée par Djéndoroum Mbaïninga