Le 20 février 2021, le président de la République, Déby Itno a bouclé sa tournée à l’intérieur du pays par la 23ème province du Tchad. Comme dans d’autres provinces, le chef de l’Etat n’a pas manqué de faire des promesses mirobolantes à N’Djaména.
Cette tournée, entamée à l’intérieur du pays depuis le 5 novembre 2020, n’a rien à voir avec la campagne en vue de la présidentielle d’avril 2021, défendent les courtisans du président. Pourtant, ce 20 février, au Palais du 15 janvier, où la population de N’Djaména a accueilli le maréchal du Tchad, l’ambiance sent une campagne électorale à plein nez. L’enceinte du Palais est pavanée des couleurs du parti à l’oriflamme guerrière. Les bureaux de soutien, créés pour battre campagne pour le compte du président-fondateur du Mps, rivalisent de place pour être vu. C’est dans cette ambiance aux couleurs dominantes du parti de Bamina, parsemée des tenues de quelques établissements scolaires, qu’arrive le Maréchal. L’horloge marque 15 h 45. En compagnie de son épouse, Hinda Déby Itno, le chef de l’Etat fait le tour. Il salue la foule avant d’être accueilli par le délégué du gouvernement auprès de la commune de N’Djaména et quelques députés.
L’accueil est digne de campagne. Les promesses s’en suivront également. Pour permettre au président d’étaler ses promesses électorales, le délégué du gouvernement auprès de la commune de N’Djaména lui tend la perche en lui demandant la construction des infrastructures scolaires, sanitaires, routières, des logements de fonction ou encore l’approvisionnement des N’djaménois en eau potable et en électricité.
Le président de la République prend la parole. Dans un discours fleuve d’une heure 45 minutes, son interprète en arabe et lui se relaient pour étaler les promesses présidentielles aux N’djaménois. Mais dans les préliminaires, Déby insiste sur la question du vivre ensemble et de la cohabitation pacifique. Il en profite pour envoyer des fléchettes à ses adversaires politiques. “Je mets en garde certains chefs de parti politique, souvent en mal de légitimité, qui se résignent à instrumentaliser la jeunesse pour leur dessein inavoué et macabre. La démocratie n’est pas l’anarchie”, prévient-il, avant d’exhorter les forces de l’ordre. “Nos forces de sécurité doivent redoubler de vigilance et aller dans la profondeur des quartiers et non rester sur les ronds-points. Je ne veux plus voir les voir aux ronds-points”, instruit-il. Parlant de la détention des armes de guerre par les civils, le maréchal ordonne désormais qu’elles soient, non seulement retirées aux détenteurs, mais, que ces derniers soient arrêtés. Le moment est venu pour que la justice fasse son travail et que les lois soient appliquées à la lettre, débite Déby.
Les promesses
Eau et électricité. Pour remédier au délestage récurrent dans la ville de N’Djaména, le Maréchal du Tchad annonce des projets suivants, sur fonds propres de l’Etat: l’augmentation de la capacité de production de la centrale de la Société nationale d’électricité (Sne), pour 36 milliards 900 millions de francs CFA, la construction d’une centrale de 32 mégawatts à Djarmaya, pour 28 milliards de francs, et la réhabilitation de la centrale Mph à Farcha pour disposer de 12 mégawatts, à 5 milliards. “Ce dernier va se terminer au courant de ce mois de février”, projette-t-il. Il est prévu également l’augmentation de la capacité de transport de transit de la Sne pour un coût de 11, 209 milliards de francs. Et ce n’est pas tout. D’autres projets comme l’interconnexion Tchad-Cameroun, d’un montant de 42 millions de francs, verra le jour en 2021; la réhabilitation et la densification des réseaux de la ville de N’Djaména pour 48 millions de dollars, deux centrales de 100 mégawatts à Gawi, pour 108 milliards, le projet énergie solaire pour le développement solaire au Tchad, lancé aux environs de N’Djaména, pour 13 milliards, celui de Djarmaya, pour 34 milliards et l’interconnexion Tchad-Nigeria. “Je suis persuadé que ces investissements permettront d’assurer la disponibilité de l’énergie en quantité et en qualité à N’Djaména et à des prix supportables dans l’ensemble des ménages. Leur mise en œuvre doit être immédiate”, fait miroiter Midi.
Pour ce qui est de l’eau, le président annonce le projet d’extension du réseau d’eau de la ville de N’Djaména pour 42 milliards de francs CFA, la construction d’un château d’eau de 1000 m3 à Toukra et un autre à Guinebor.
Assainissement : Sur ce point, le président s’ensurge contre l’instabilité à la tête des mairies. “A N’Djaména, en un mandant, on a changé 7 maires. C’est de la gabegie et la mauvaise gestion”, déplore le chef de l’Etat avant de demander à la population de juger les maires lors des consultations électorales (les dernières communales remontent à 2011 et les futures auront lieu le plutôt en 2022). Dans la foulée, il annonce de nouveaux investissements pour assainir la ville, tout en reconnaissant que les 15 milliards de francs investis dans ce domaine, à l’époque où l’actuel secrétaire général du Mps, Mahamat Zène Bada, était maire n’ont pas laissé de traces. Il boucle le sujet en demandant plus de transparence dans la gestion des budgets communaux, appelant les maires à curer les caniveaux avant la saison des pluies et surtout à procéder a la construction de 8 caniveaux dont au moins deux avant le début de la saison de pluies prochaine. “Nous avons beaucoup d’ambitions pour cette ville”, lance-t-il. “Tous les travaux qui ont été arrêtés à cause la période des vaches maigres vont redémarrer. Pour 2021, en plus du pont à 4 voies qui est en construction sur le fleuve Chari, au moins chaque arrondissement aura dix kilomètres de route bitumée cette année. Je ne sais pas après si je serais là. Au total, sur fond propre de l’Etat, pour 2021, 170 milliards d’investissement pour la ville de N’Djaména”’.
Ses projets ainsi déroulés, le président déclare que, “pour une question de traçabilité, je demanderai à mon cabinet et au secrétaire général du gouvernement de monter un petit budget de l’ensemble des projets pour distribuer au public. C’est plus parlant et les gens peuvent suivre ce que nous faisons”, laisse entendre le Maréchal. Il boucle cette partie, qu’il appelle projet de développement, en annonçant la construction de grands lycées et écoles dans la chaque arrondissement et celle de trois hôpitaux de référence à N’Djaména. En conclusion, “le tout consiste à investir pour changer l’image de la capitale”. Pour la réalisation de ces projets, il demande à la mairie et aux communes d’arrondissement de restituer à l’Etat les espaces publics et d’en trouver s’il n’y en a pas.
Autres sujets abordés, le président dit ne plus vouloir voir la mendicité des enfants de la pratique religieuse, plus de concentration des fonctionnaires à N’Djaména. Galanterie oblige, il dit porter une attention particulière aux politiques publiques en faveur des femmes, car elles sont des héroïnes au quotidien et il marque un arrêt pour dire, “ce ne sont pas de promesses vagues, c’est la réalité. Je m’engage devant vous et je le ferai”, dixit le Maréchal du Tchad.
Lanka Daba Armel