Alors on dit quoi ?

L’animatrice de la célèbre émission “Alors on dit quoi” sur Rfi, notre consœur Diara Ndiaye est de passage à N’Djaména, dans le cadre du festival Tallou Nalabo. Elle a animé un master class avec des journalistes locaux à l’Ift et a bien voulu se prêter aux questions de votre journal.

Est-ce qu’on peut te connaitre davantage et depuis quand es-tu arrivée à Rfi ?
Je suis arrivée à Rfi en fin 2017. J’ai d’abord officié en tant que joker de Claire Redon et Jacqueline Paret, qui présentaient l’émission “priorité santé”. Joker, lorsqu’elles sont malades ou en déplacement, c’est moi qui présentait cette émission sur la santé. Un an après, j’ai commencé par préparer et présenté l’émission “Alors on dit quoi ?”, dédiée à la jeunesse africaine. C’est une émission hebdomadaire sur les questions de société où il est question de donner la parole à la jeunesse, sur toutes les thématiques et surtout sans tabou. On donne rendez-vous aux auditeurs d’Afrique et du monde à 11 h temps universel pour aborder toutes les thématiques.
Quelle idée te fais-tu maintenant de cette jeunesse africaine à travers ton émission ?
Il y a un seul mot qui pourrait résumer cette jeunesse africaine, c’est la résilience. Lorsqu’on discute et échange avec cette jeunesse, on ressent beaucoup de dynamisme et de persévérance dans l’ensemble des actions menées, des projets naissants des entreprises ou des jeunes Start-up qui sont en train d’émerger à travers tout le continent. Il y a une ténacité et une détermination qui font que ces jeunes sont d’une part résilients, mais surtout plein d’avenir et plein d’espoir. C’est comme ça qu’il faut décrire cette jeunesse. Et au-delà, il faut aussi qu’on croit en cette jeunesse, parce qu’elle a une vision qui aujourd’hui, permet d’avoir un certain optimisme pour l’avenir du continent. C’est très important lorsqu’on sait que dans 50 ans, un jeune sur deux sera africain.
Aujourd’hui peut-on affirmer que la parole est libérée chez la femme africaine ?
Dans certains cas oui ; mais dans d’autres, elles se brident elles-mêmes, et n’osent pas prendre le micro. Peut-être qu’on ne les a pas habituées au micro pour leur permettre de s’exprimer très tôt en public, exprimer leurs choix et vision. Néanmoins, on sent une certaine dynamique dans le leadership féminin, parce que les femmes se forment souvent en groupes, elles essayent de faire avancer les choses à travers ces regroupements féminins, échangent des idées. C’est pourquoi Rfi leur donne la parole à travers cette émission. On sent quand même qu’il y a des avancées au niveau de la prise de la parole des femmes, néanmoins dans certaines cultures et sociétés, on essaye de les laisser de côté au profit des hommes. Le rôle des médias c’est aussi d’aller chercher ces voix silencieuses, et il est important de le faire d’autant plus qu’il s’agit de la jeunesse africaine.
Quelle idée te fais-tu du festival Tallou Nalabo ?
C’est fantastique ! Et si on se déplace pour voir et assister à ce festival, c’est un réel bonheur, un plaisir et surtout une découverte pour moi qui suis arrivée à N’Djaména pour la première fois. Découverte, parce qu’il y a une pluralité d’artistes, avec des beaux spectacles, mais également un aspect très important à relever c’est celui de la formation professionnelle et de l’insertion professionnelle. J’encourage vivement toutes ces initiatives, parce que c’est en organisant des rencontres culturelles d’une telle envergure, qu’on pourra mettre en exergue le talent des africains, des artistes africains et surtout le professionnalisme naissant. Quand on discute avec les artistes, on se rend compte qu’il y a des difficultés liées aux conditions de travail et de la professionnalisation. Bien qu’ils soient volontaires et déterminés à faire avancer leur métier. Ce qu’il faut encourager.
Et cette journée d’échanges avec les journalistes locaux ?
C’était fantastique. J’ai eu la chance d’être invitée par l’Ift, pour animer un master class à mes confrères et consœurs locaux. Cela a été une très belle rencontre d’échanges et de partage sur diverses thématiques, les conditions de travail, la liberté d’expression, les aspects de notre métier également et surtout le savoir-faire tchadien, confronté à ce que moi je fais au quotidien à Paris. Cela a été des échanges riches entre journalistes et je pense qu’il faut multiplier de telles initiatives et pourquoi ne pas faire venir des journalistes tchadiens en France, au sein de nos différentes rédactions, pour voir la pluralité de notre métier également sur place ? Cela sera complémentaire.
Comment la femme se bat au quotidien à Rfi pour travailler ?
Nous avons la chance d’évoluer dans un média qui met la femme au cœur de son dispositif. Il y a de nombreuses femmes au sein de France 24 et Rfi, à la tête de nombreux magazines, aux présentations et dans les rédactions. Ce qui est une véritable richesse. Exercer en tant que femme, pour moi est une obligation et un honneur de modèle pour toutes ces jeunes filles qui aspirent comme nous à travailler dans ce métier. Je félicite les médias comme les nôtres qui osent nous mettre à l’antenne, et bien entendu j’invite tous les autres médias et les pays d’écoute à faire la même chose. Parce qu’au-delà d’être une femme, les femmes ont la même capacité que les hommes, surtout que tout travail compétent est l’apanage des femmes. On ne doit pas nous négliger mais plutôt mettre le travail et la compétence des femmes ensemble.

Interview réalisée par Roy Moussa