Une cinquantaine de participants composés des administrateurs, des humanitaires et des partenaires techniques de l’Etat tchadien ont tenu la première édition du forum humanitaire-développement-paix pour trouver une nouvelle façon de travailler et de lancer la réponse humanitaire 2021, le 4 juin 2021 à N’Djaména.
Alors que le plan de réponse humanitaire de l’année écoulée n’a été financé qu’en dessous de la moyenne, les acteurs principaux du Tchad ont voulu de ce forum, un cadre de concertation et d’échanges, quadriller la façon de travailler dorénavant afin d’orienter les ressources humanitaires et de développement vers les zones affectées par les fortes vulnérabilités. “La chronicité des crises d’insécurité alimentaire et de malnutrition, les urgences sanitaires et les mouvements de population requièrent plus que jamais une nouvelle façon de travailler ensemble (acteurs étatiques, acteurs de développement et acteurs humanitaires) pour des résultats collectifs qui visent uniquement le bien-être des populations et ce, dans le respect des principes humanitaires”, exhorte à l’entame des travaux, le coordonnateur résident et coordonnateur humanitaire Kamil Kamaludeen.
Pour atteindre l’objectif de ces assises qui est d’“Engager des discussions sur des questions importantes qui touchent aux causes conjoncturelles et structurelles comme facteurs sous-jacents des vulnérabilités des populations en vue d’en avoir une compréhension commune tout en faisant progresser la nouvelle façon de travailler au Tchad”, les projets œuvrant dans ce domaine de secours sont disséqués. Il s’agit du Projet d’appui aux réfugiés et aux communautés d’accueil (Parca), le Programme de développement inclusif dans les zones d’accueil (Diza), le Portefeuille de projet de consolidation de la paix (Pbf) et le Projet de stabilisation du Pnud.
Pour ce faire, différentes questions concernant les plans de contributions humanitaires, les étapes et progressions des résultats collectifs dans les zones affectées par les crises, les stratégies pour travailler en connivence pour l’accomplissement des résultats, la solidarité internationale face aux migrants et retournés, ont été abordées. Il ressort des débats que les financements de la réponse humanitaire de 2021, qui consiste à secourir environ 5,5 millions de personnes en situation de crise, soit un quart de la population tchadienne, feront l’objet d’une gestion minutieuse par toutes les parties concernées et seront orientés vers les zones nécessiteuses.
En rappel, le plan de réponse humanitaire de 2020, malgré le taux de financement de 43% a été un succès. Selon les chiffres des humanitaires, en 2020, plus de 2 millions de personnes ont reçu l’assistance alimentaire dans le cadre de la réponse à la soudure et aux inondations. Plus de 25 000 ménages déplacés ont bénéficié d’une assistance en abri d’urgence. Environ 600 000 enfants malnutris ont été admis et pris en charge, plus de 1 000 000 d’enfants ont été vaccinés (rougeole et polio). Plus de 300 000 personnes ont bénéficié de l’accès à l’eau potable, à des latrines adéquates et aux activités de la promotion hygiénique. Plus de 31 000 accouchements assistés, etc.
Apprendre à pêcher
A cette assise, des représentants des Ong nationales, des gouverneurs des provinces convoqués demandent un transfert de compétences et une implication des nationaux dans cette nouvelle façon de travailler pour améliorer l’instauration et la consolidation de la paix et du vivre ensemble. Car, pour eux, les réalisations ne sont pas parfois visibles à la fin d’un projet. Certains gouverneurs n’ont aucune connaissance de l’existence quelque fois des projets qui sont mis en œuvre dans leur zone, ils ne le découvrent qu’à cette rencontre. “J’ai vu des Ong internationales qui œuvrent dans la disponibilité de l’eau potable dans une zone précise depuis plus de 15 ans mais certains villages de cette zone manquent d’eau potable. Je peux citer d’autres exemples parce que je suis sur le terrain depuis 12 ans avec mon organisation. Et donc, il faut trouver des réponses concrètes avec l’implication des Ong locales”, lance un participant qui demande plus d’implication. Il a été appuyé par le ministre de l’Economie et de la planification du développement, Issa Doubragne au lancement qui sollicite des aides qui vont briser le cercle infernal des assistances. “Il est capital d’obtenir le soutien des bailleurs pour renforcer l’opérationnalisation du nexus humanitaire, développement et paix afin de garantir la mise en œuvre efficace et efficiente des projets permettant de briser le cycle infernal de l’assistance tout en favorisant la résilience et l’autosuffisance des populations … Le gouvernement est d’avis avec de cette maxime qui dit qu’“il faut apprendre à autrui à pêcher plutôt que de lui donner du poisson”. Nous voulons d’une aide qui aidera les bénéficiaires à se passer de l’aide afin qu’ils puissent, par eux-mêmes, produire les moyens de leur propre subsistance”, estime le ministre Issa Doubragne.
Nadjindo Alex